Les Monumentum Linguarum Hispanicarum (MLH) sont l’une des œuvres majeures du linguiste et épigraphiste allemand Jürgen Untermann. Les imposants volumes des MLH rassemblent toute la documentation des langues et écritures paléohispaniques disponible, c’est-à-dire toutes les traces écrites des langues locales de la péninsule Ibérique au cours du second âge du Fer.
Débutée en 1975 par un volume consacré aux monnaies, cette « monumentale » entreprise éditoriale s’achève avec ce volume qui traite du lexique de la langue ibérique. Dans l’intervalle, seront parus, dans la même collection et chez le même éditeur (Dr. Ludwig Reichert Verlag à Wiesbaden), pas moins de six volumes : après les MLH I (1975) déjà cités, les MLH II (1980) traitent des inscriptions en écriture ibérique du sud de la Gaule, les MLH III.1 et III.2 (1990) des inscriptions en langue et écriture ibériques de l’Espagne, les MLH IV (1997) des inscriptions en langue celtibère et celles des marges occidentales et méridionales de la péninsule (Lusitanie et sud du Portugal, parfois dit région « tartessienne »).
Les volumes suivants ont été préparés par d’autres chercheurs et en collaboration ou à partir des notes de J. Untermann. En 2000 paraissent les MLH V.1, un dictionnaire de la langue celtibère, édité par Dagmar Wodtko ; en 2018, les MLH VI, un volume consacré à la toponymie, préparé par J. Untermann mais finalisé après son décès par ses collègues M. Koch, J. de Hoz, J. Gorrochategui et publié par I. Simón.
Enfin, ce volume des MLH V.2, paru en août 2019 et préparé par Noemí Moncunill et Javier Velaza, vient clore cette œuvre et offrir un pendant au dictionnaire du celtibère de D. Wodtko, cette fois pour les inscriptions ibères.
Les deux auteurs unissent ici leurs travaux respectifs antérieurs. Javier Velaza a en effet établi un premier lexique des inscriptions ibériques publié en 1991, à partir des données connues et collectées entre 1976 et 1989. Sous sa direction et dans le cadre de son travail de doctorat, Noemí Moncunill a pris la suite et établi les éléments de lexique disponibles dans les inscriptions paléohispaniques recensées entre 1991 et 2006.
Le volume des MLH V.2 rassemble ainsi ces deux lexiques, mis à jour, actualisés, refondus et complétés avec les inscriptions retrouvées au cours des dix années suivantes (le census s’arrête à l’année 2015).
L’ouvrage est rédigé en espagnol, mais l’introduction est proposée en espagnol et en allemand. Elle révèle la structure générale de l’ouvrage, établie en trois parties : les entrées complètes ; les entrées incomplètes et les séquences numérales. Chacune de ces parties est ordonnée, indépendamment du système graphique qui est signalé par des conventions typographiques, selon l’ordre alphabétique latin adapté, en rassemblant et unifiant les variantes sourdes et sonores des dentales et des vélaires (soit a, b, d/t, e, g/k, i, l, m, ḿ, o, r, ŕ, s, ś, u). Ensuite, les entrées sont classées selon les signes épicoriques maintenus quand il n’y a pas consensus sur leur transcription.
Chaque entrée, synthétique, porte tantôt sa référence dans les MLH ou dans la Base de données Hesperia, qui en est la version online, puis le nom du site correspondant. Suivent la datation archéologique ou celle du support quand on la connaît, puis un commentaire paléographique et linguistique concis, un apparat critique et une courte bibliographie.
Ce lexique intègre également des séquences épigraphiques, des entrées grammaticales (différents types d’affixes) et certaines entrées secondaires qui ne sont pas à proprement parler des lemmes principaux mais qui sont connus dans la tradition critique.
L’ensemble du lexique, comptabilisant près de 500 pages, est complété par une bibliographie générale et un index de concordance des inscriptions des MLH avec Hesperia.
Cet ouvrage vient clore une œuvre majeure de l’épigraphie des langues paléohispaniques avec la contribution des meilleurs spécialistes de la question et une exigence scientifique à l’égal des volumes précédents. Il s’agit d’un ouvrage de référence qui constitue un outil indispensable à qui voudra s’intéresser à la documentation complexe que sont les inscriptions en langue ibère.
Coline Ruiz Darasse, Institut Ausonius UMR 5607, Université Bordeaux Montaigne
Publié en ligne le 30 octobre 2020