Cet ouvrage repose en partie sur les communications présentées lors du colloque organisé par le CRCA (Centre de Recherches sur les Civilisations Antiques, Université Blaise Pascal) qui s’est déroulé les 4 et 5 novembre 1999 à Clermont-Ferrand.
Dominique Frère, dans l’introduction, rappelle que dans les années 80, les chercheurs pensaient qu’à l’âge du fer, la présence d’importations de type méditerranéen en Armorique et dans l’Ouest de la France était faible à cause de l’existence d’un grand axe de circulation reliant le monde gréco-étrusque aux principautés de l’Est de la France. Or, des découvertes récentes attestent de contacts entre la Méditerranée et la Gaule du Centre et de l’Ouest et remettent en cause le constat établi il y a deux décennies. La présente étude n’envisage que les voies d’échange continentales menant de la Méditerranée à l’Atlantique.
Trois axes ont été retenus : 1. Entre mondes celte et méditerranéen ; 2. Axes de circulation, voies d’échanges, frontières culturelles et 3. Importations.
Dans la première partie, « Entre mondes celte et méditerranéen », J. Gran-Aymerich examine la diffusion d’objets étrusques et l’influence de l’iconographie étrusque en Celtique aux VIe‑Ve siècles av. J.-C. C’est au VIe siècle que les Étrusques ont transmis aux Celtes leurs schémas orientalisants et archaïques et que se manifestent les premiers signes d’une influence étrusco‑italique sur les motifs décoratifs celtiques.
K. Gruel dresse ensuite un bilan d’un grand intérêt sur le choix des prototypes des monnaies gauloises entre le IIIe et le Ier siècle av. J.-C. Les premières frappes monétaires en Gaule datent du IIIe siècle et sont des copies fidèles des statères de Philippe II de Macédoine mais aussi de Syracuse et de Tarente. La diffusion de l’usage monétaire en Gaule entraîne ensuite une multiplication de pouvoirs émetteurs. Si le droit maintient la référence au prototype de la « tête d’Apollon laurée », le revers intègre progressivement les références artistiques et mythiques de l’art celtique. Enfin, aux IIe-Ier siècles av. J.-C., l’iconographie se met au service des ambitions personnelles et les références se font à partir de modèles romains. Rome fascine certaines élites gauloises et leurs choix sont une manifestation politique entérinant des « traités » signés avec l’Vrbs.
Enfin, J. Gomez de Soto constate une sensible progression de la connaissance de l’art laténien ancien en Gaule de l’Ouest grâce à la découverte de nouvelles oeuvres datant des deux dernières décennies. Pour l’auteur on ne peut plus considérer la Gaule de l’Ouest comme une zone géographique marginale. C’est une aire géographique qui a disposé très tôt de modèles stylistiques issus des pays méditerranéens et qui a fait également partie de la koiné laténienne. Les preuves sont nombreuses : la tombe du rocher au Bono (Morbihan) et celle de Courcoury (Charente-Maritime) ou encore les nombreux objets de métal ou les trouvailles en céramique.
Pour le deuxième axe, J.-R. Jannot pose l’hypothèse d’une « route ligérienne », voie de contact entre la Méditerranée et la Gaule de l’Ouest. L’auteur, dans un premier temps, fait une critique serrée des sources fantaisistes, en particulier des collections d’objets archéologiques datant du XIXe siècle, parfois rapportés d’Italie par des amateurs ou trouvés dans des contextes falsifiés. Toutefois, à la lumière d’inventaires sérieux rassemblés par de vrais chercheurs, on peut avancer que la Loire entre le IXe et le IVe siècle a servi de passage privilégié avec la facade méditerranéenne et alpine. Les échanges ont marqué la culture matérielle des princes gaulois pour s’enraciner à la période gallo-romaine.
D. Goury présente à son tour les céramiques tournées grecques de Gaule méridionale qui constituent des documents essentiels de la protohistoire. Cette céramique grecque d’Occident ne doit pas être présentée uniquement comme une des expressions de « l’hellénisation » du Sud de la Gaule. Ces vases doivent être aussi vus comme les traceurs d’une culture et d’une économie indigènes originales.
M. Provost dans une très longue communication montre que dans l’Antiquité les relations entre les Arvernes et les Arécomiques se faisaient par le biais du bassin du fleuve Allier. Il existait même à la protohistoire deux réseaux de chemin reliant les Arvernes de l’Allier aux Arécomiques du Languedoc. Il s’agissait de deux séries de chemin de crête traversant le Sud du Massif central.
Dans le cadre de la troisième partie, P.‑Y. Milcent fait un examen critique des objets grecs et italiques dont l’origine est douteuse ou falsifiée et qui sont parvenus en Gaule centrale et occidentale. Le but de l’article n’est pas de dresser un catalogue des falsifications mais de dégager les moyens qui permettent de trouver les erreurs pour ensuite mieux mener les recherches.
L’article collectif de C. Bellon, J.‑C. Courtial, E. Durand, F. Perrin et F. Sergent permet de reprendre la question des importations étrusques de la moyenne vallée du Rhône aux marches de l’Auvergne. Il existe bien une confirmation de produits étrusques dont la production s’est superposée à celle des produits provenant de Massalia. On peut même penser que des amphores étrusques soient parvenues dans le Massif Central et le Bourbonnais via la moyenne vallée du Rhône ou la Bourgogne, voire les Cévennes.
La dernière contribution est consacrée à l’importation d’amphores républicaines chez les Arvernes. M .E. Loughton montre que la consommation du vin chez ce peuple gaulois est souvent liée à des événements sociaux et religieux.
Pour conclure, ces différentes contributions ont permis de dresser un nouvel état des lieux des relations entre le monde méditerranéen (grec, étrusque, italien et romain) et la Gaule du Centre et de l’Ouest à l’époque de Hallstatt puis de la Tène. On ne peut que souhaiter que ces recherches se poursuivent pour pouvoir approfondir les relations entre la Méditerranée et l’Atlantique.
Annie Allély