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C’est un curieux objet que cet ouvrage qui n’est pas un livre à proprement parler – il n’a d’ailleurs pas d’éditeur – et qui ressemble plus  à un volume de thèse universitaire, une impression renforcée par son titre en latin. Il n’en reste pas moins que ces 402 pages sont le fruit d’un ample travail dont l’intérêt ne doit pas être sous-estimé.

Le répertoire des inscriptions, indiquées par un chiffre romain, et des textes littéraires, indiqués par une lettre majuscule suivie d’un chiffre arabe, portant sur les jeux du cirque romains, représente à peu près la moitié de cet ouvrage  (203 pages) : il est divisé en 7 sections chronologiques. La première va de la fondation de Rome à l’établissement de la République, et sans surprise le texte A1 est une citation de Tite-Live sur la création des Consualia par Romulus. La section B englobe les trois premiers siècles de la République, la section C les deux derniers ainsi que le règne d’Auguste, et là on commence à avoir plus d’inscriptions, vraies ou fausses, avec le débat sur les « ligoriennes ». La section D porte sur le Haut-Empire jusqu’à 180, et là les inscriptions se multiplient dont certaines sont célèbres, entre autres celle du cocher vedette des Rouges, Dioclès. La section E va jusqu’à 337 et comprend un nombre important de defixiones, comme d’ailleurs la suivante sur l’Antiquité tardive qui nous conduit à 476 et présente aussi des textes essentiels sur la question des jeux du cirque comme ceux d’Ammien Marcellin, de Symmaque et de Sidoine Apollinaire. Enfin une dernière section G regroupe la période dite « barbarica e bizantina », avec des épigrammes latines de l’Afrique vandale, le dernier texte cité étant un passage des Origines d’Isidore de Séville (G 100), De
coloribus  equorum
.

Ce répertoire est suivi d’une bibliographie de 10 pages dont j’aurai mauvaise grâce à me plaindre puisque j’y apparais pour 8 articles. On trouve ensuite plusieurs listes raisonnées et index : les inscriptions, au sein desquelles Rome et Carthage se taillent la part du lion –les titres et les commentaires, aussi succincts qu’ils soient, donnent des informations précieuses ; index des textes, des divinités et  choses religieuses,  des noms de lieux ou de peuples, de l’Achaïe aux Volsques. Pour l’index des noms de personnes, une rubrique spéciale est destinée évidemment aux cochers : l’A. fait bien la distinction entre les agitatores qui sont les conducteurs de quadriges, et souvent des stars, et les aurigae qui se limitent encore à des biges, une différence d’appellation qui ne disparaît que dans l’Antiquité tardive. L’index des mots grecs et latins ne fait pas moins de 118 pages ; une mention particulière est accordée aux mots qui concernent l’univers du cirque, mais la distinction paraît parfois un peu artificielle : pourquoi des mots comme cursor, qui désigne aussi un cavalier voltigeur, ou pugil (et non « pugilis ») ne figurent-ils pas dans la liste des mots du cirque ? Un appendice de 6 pages est enfin consacré aux calendriers de Philocalus et de Polemius Silvius datés du milieu du IVe et du milieu du Ve siècle de notre ère.

C’est un travail remarquable et très utile qu’a accompli là F. Canali De Rossi, car, si les noms de cochers ou les noms de chevaux ont déjà été réunis par exemple en grande partie pas G. Horsmann et M. Darder Lisson, leurs publications n’offrent pas la même exhaustivité. Tous ceux qui font des recherches sur les jeux du cirque et qui n’habitent pas forcément à côté d’une grande bibliothèque universitaire, auront à leur disposition un instrument précieux : tout le monde n’a pas le CIL ni même le Dessau dans les rayons de sa bibliothèque, et il est rare qu’on puisse posséder la collection entière des auteurs grecs et latins…

 

Jean-Paul Thuillier, ENS Paris/PSL.

Publié en ligne le 8 juillet 2024.