Taylor (J.), Greek to GCSE Part 2. Revised edition for OCR GCSE Classical Greek (9-1). – Londres : Bloomsbury, 2016. – XVI+351 p. : index, cartes. – (Classical studies). – ISBN : 978.1.4742.5520.2.
OCR Anthology for Classical Greek GCSE. – J. Affleck, C. Letchford eds. – Londres : Bloomsbury, 2016. – 270 p. : fig. – (Classical studies). – ISBN : 978.1.4742.6548.5.
OCR Anthology for Classical Greek AS and A-level. Selections from Thucydides, Histories, Book 4, Platon, Apology, Xenophon, Memorabilia, Homer, Odyssey 9 and 10, Sophocles, Antigone, Aristophanes, Acharnians. – M. Campbell et al. ed. – Londres : Bloomsbury, 2016. – VIII+504 p. – (Classical studies). – ISBN : 978.1.4742.6602.4.
L’ensemble de ces ouvrages appartient à la collection anglaise OCR (Oxford Cambridge and RSA) de manuels de grec, pour le niveau secondaire (GCSE : General Certificate of Secondary Education). On y trouve un manuel de grec, avec cours et exercices, en deux volumes, ainsi que deux anthologies de textes proposés pour la version, correspondant à un programme officiel. Les cours s’adressent à des grands débutants puis à des élèves de niveau confirmé, et peuvent tout à fait être utilisés en France par des enseignants du supérieur. L’ouvrage est un classique et il s’agit ici d’une édition révisée, conformément au programme et avec des documents supplémentaires.
Dans le premier volume du manuel de John Taylor (Greek to GCSE, 1), on trouvera un cours de grec en six leçons. Le nombre est trompeur : chaque leçon aborde en réalité entre six et douze points. Cependant, l’ensemble est d’une très grande clarté et l’approche particulièrement pédagogique. En effet, le manuel aborde la grammaire grecque dans ses constantes et n’entre pas dans le détail des exceptions : le but est de ne pas effrayer l’élève. Le cours commence ainsi par la découverte de l’alphabet : l’auteur choisit de débuter par les minuscules ; les majuscules ne viendront que plus tard parce que, souligne l’auteur, les élèves les verront moins souvent. Chaque explication est simple et concise, les phrases sont courtes à dessein. La présentation, claire et aérée, tient sur un seul niveau : il n’y a pas de notes, de remarques ou d’encadrés qui viendraient perdre l’élève en le noyant sous des informations secondaires. Toujours dans le chapitre 1, après l’alphabet, on trouve les terminaisons du présent de l’indicatif actif des verbes en –ω, le nominatif et l’accusatif singulier des deux premières déclinaisons nominales (sans les variantes) au masculin et au féminin, l’article défini (masculin et féminin singulier), la négation (basique) et deux prépositions. Régulièrement, en cours de chapitre, se trouvent des encarts sur fond orangé qui fixent les points qui doivent être acquis ; en fin de chapitre un résumé des apprentissages permet de faire un bilan avant de passer au chapitre suivant, et une liste de mots récapitule le vocabulaire appris. À la fin du sixième chapitre, les bases sont complètes. Les temps principaux à la voix active (présent, futur, imparfait, aoriste) ont été vus pour les verbes en –ω et pour le verbe être, l’infinitif, l’impératif et le participe ont été abordés, plusieurs points de syntaxe (place des expansions du nom, αὐτός, τις, l’expression de la possession…) ont été étudiés et les trois principales déclinaisons sont acquises, pour les noms, les adjectifs et les pronoms personnels. Le principe est de faire apprendre peu de formes à la fois, ce qui donne l’impression d’un effort simple à fournir. L’inconvénient est que le cours peut parfois sembler éparpillé : ainsi, l’apprentissage des deux premières déclinaisons se fait sur quatre chapitres, entrecoupé par d’autres apprentissages. L’élève peut avoir une sensation de morcellement et se trouver perdu. C’est le seul point négatif d’un ouvrage qui par ailleurs est très riche, très lisible et très progressif. Les exercices, qui alternent avec les leçons, sont très bien calibrés. Ils sont également nombreux. Des simples traductions du départ on passe aux transpositions classiques et des textes plus longs sont ensuite donnés à traduire. Quant à ces textes, on peut regretter l’absence des références, qui auraient permis de retrouver le texte original. Parfois on trouve un éclairage sur l’auteur et l’œuvre, mais ce n’est d’ailleurs pas toujours le cas. Un autre point fort de l’ouvrage est son constant travail de réactivation des connaissances des élèves, connaissances en latin, en anglais ou culture générale. Les allers-retours entre les langues sont fréquents et utiles pour faciliter les apprentissages. Il est tout à fait possible de le faire avec des étudiants français, soit en passant par l’anglais soit en trouvant la transposition en français. Quelques annexes, enfin, sont fort pratiques : la liste des 250 mots de base à connaître ou la liste des mots que l’on peut facilement confondre. Bien que ce soit un manuel en anglais, il est d’un usage très simple et il est tout à fait possible de l’utiliser, sinon sur la durée, du moins ponctuellement, dans un cours en français. Il est plus près dans son principe du manuel d’A. Lebeau et J. Métayer (Cours de grec ancien à l’usage des grands débutants) que de celui de J.-V. Vernhes (ἕρμαιον, initiation au grec ancien) mais il est moins complet puisqu’il développe un apprentissage en deux temps : la base puis le perfectionnement. C’est dans le second volume (Greek to GCSE, 2) que le cours se poursuit, à nouveau sur six chapitres (chapitres 7 à 12). L’ouvrage fonctionne de la même façon mais entre au cœur de la grammaire et de la syntaxe grecques. Les cinq premiers chapitres passent en revue les autres voix, le subjonctif et l’optatif, les différentes subordonnées, les irrégularités des déclinaisons, les verbes contractes – entre autre. Le dernier chapitre, le chapitre 12, ne contient plus de cours, mais seulement un groupement de vingt textes extraits de l’œuvre d’Hérodote, et trente exercices de révisions générales, par thème. Suivent quatre devoirs types (texte à traduire, vocabulaire, questions de compréhension et d’étymologie, de grammaire et de thème). Ensuite, on trouvera encore un tableau complet de la morphologie et quatre appendices (bilan sur les emplois de l’article défini, sur les emplois de αὐτὸς, sur les adverbes relatifs et sur les mots que l’on peut confondre). Le manuel se conclut sur une liste de vocabulaire des 435 mots à connaître. Ces deux ouvrages sont accessibles à des personnes qui voudraient apprendre le grec en autonomie mais viennent aussi compléter avec bonheur l’arsenal pédagogique de l’enseignant.
Une anthologie de textes (OCR Anthology for Classical Greek GCSE), choisis en fonction d’un programme mais regroupant quelques auteurs canoniques (Homère, Hérodote, Euripide, Platon, Plutarque et Lucien), vient en complément du manuel mais peut s’utiliser de façon autonome. L’introduction générale est classique et complète sans être trop érudite, et les introductions internes sont à l’avenant. Pour chaque œuvre, on peut traduire plusieurs courts extraits en lecture suivie. La présentation est tout à fait bien pensée. Chaque texte est présenté sur une double-page : à gauche, le texte, dans un espace aéré, suivi de quelques informations sur les noms propres, le vocabulaire à connaître et quelques questions de compréhension ; à droite, des notes de traduction, bien espacées et bien lisibles. Dans le texte grec, pour faciliter la traduction sans mâcher complètement le travail d’analyse, les mots au nominatif sont signalés en bleu clair et les verbes conjugués à un temps personnel en bleu foncé. Cette béquille permet aux élèves d’entrer plus facilement dans la version. Dans cet ouvrage encore les annexes sont synthétiques et précieuses. Enfin, une autre anthologie est disponible, cette fois adressée aux élèves bien armés (OCR Anthology for Classical Greek AS and A Level). Sa forme est différente de la première anthologie car on y trouve à la fois des textes et des notions à connaître en histoire littéraire. Six œuvres sont au programme (le livre IV des Histoires de Thucydide, l’Apologie de Socrate de Platon, les chants IX et X de l’Odyssée d’Homère, Antigone de Sophocle, le livre I des Mémorables de Xénophon et les Acharniens d’Aristophane). Pour chaque œuvre, le chapitre commence par une grande introduction (contexte historique, vie et œuvre de l’auteur, spécificité de la langue, du style ou du genre, ainsi qu’un glossaire historique ou stylistique), assortie de documents si besoin et d’une bibliographie succincte. Puis le texte est présenté en pleine page, en lecture suivie, sans notes ni remarques. Les notes d’aide à la traduction, moins nombreuses que dans la première anthologie, se trouvent en fin de chapitre, regroupées par paragraphe ou vers. Ces notes expliquent les termes compliqués ou les formes irrégulières, facilitent la compréhension de certaines images, précisent le contexte. Les paragraphes qui ne sont pas donnés en grec sont traduits en anglais pour permettre une lecture continue de l’œuvre. Une liste de vocabulaire des textes referme chaque chapitre. Les deux anthologies forment un ensemble complet, à la fois pratique et riche, dans lequel piocher sans réserve des textes classiques.
Ensemble à ne pas négliger, même si c’est en anglais, quand on apprend ou qu’on enseigne le grec !
Marion Bellissime,
Publié en ligne le 5 février 2018