Ce Corpus des inscriptions grecques et latines des cités d’Achaïe (région au nord du Péloponnèse) s’inscrit dans l’ambitieux projet péloponnésien du KERA (Centre de recherches de l’Antiquité grecque et Romaine, Athènes). Piloté par Athanasios D. Rizakis, ce projet donne lieu depuis une vingtaine d’années à une intense activité scientifique et à de nombreuses publications sur le Péloponnèse antique le plus souvent en français (prospections, fouilles, recherches sur les sources issues de la transmission manuscrite et les inscriptions, études d’onomastique, etc). L’Achaïe a été particulièrement étudiée par les savants du KERA et c’est heureux, car cette région dépourvue de site urbain prestigieux et de sanctuaires fameux d’époque classique a peu retenu l’attention des Écoles archéologiques étrangères opérant en Grèce, et ce malgré l’importance du koinon achaien à l’époque hellénistique et de Patras à partir d’Auguste. Après un premier volume (Achaïe I, Mélétèmata 20, Athènes, 1995) consacré aux sources textuelles et à l’histoire régionale et un second volume (Achaïe II, Mélétémata 25, Athènes, 1998) consacré aux inscriptions et à l’histoire de Patras, le volume III qui nous occupe porte sur l’épigraphie et l’histoire des autres cités de la région. L’ensemble pallie ainsi l’absence du volume VI des IG.
Après une rapide présentation du corpus épigraphique (transmission, matériaux, langue, typologie des documents), commence la publication des documents grecs et latins classés par cité, précédés par un exposé concis, mais efficace, sur la localisation et l’histoire de la cité depuis les origines jusqu’à la fin de l’Empire ; il y a aussi, quand la documentation le permet, un point sur les cultes, les institutions et le monnayage. Chaque texte fait l’objet d’un commentaire philologique et historique. On dispose désormais ainsi, avec les inscriptions commentées et les monographies, de l’ensemble des sources disponibles sur l’Achaïe antique. Ainsi, le rassemblement des textes locaux sur le koinon achaien, dont A. D. Rizakis est un des meilleurs spécialistes actuels, et leur commentaire très nourri appuyé sur une bibliographie impeccable seront très utiles
aux historiens.
Les inscriptions d’Achaïe occidentale et orientale sont peu abondantes, même à Aigeira, qui a pourtant été fouillée par l’Institut Archéologique Autrichien. Les textes s’échelonnent entre le VIIe s. av. n.è. (épitaphe de Damocadès, Olénos, cat. 61) et l’époque byzantine que l’a. a choisi d’inclure dans son corpus (ces inscriptions byzantines sont très peu abondantes). Les supports sont variés : pierre, mosaïque, céramique (timbres amphoriques, tuiles timbrées), métal (poids et plaquettes). Il y a quelques inédits, notamment un fragment de l’Edit de Dioclétien trouvé à Aigion et des poids et plaquettes de bronze d’époque hellénistique. L’essentiel de la documentation présentée est constitué de dédicaces et surtout d’épitaphes sur des stèles souvent en forme de naïskos. Très rare à l’époque classique, la documentation est plus riche à l’époque hellénistique (de l’époque du koinon achaien à la période pré-augustéenne), surtout à Aigion et à Dymè avec des documents publics : loi ( ?) des nomographes (cat. 116), décrets fédéraux (cat. 1, 117-118), traité entre Coroné et le koinon achaien (cat. 120), arbitrage de frontières (cat. 121), condamnation de faux‑monnayeurs (cat. 2), décrets sur l’octroi du droit de cité (cat. 3, 4, 94), lettre du proconsul Q. Fabius à Dymè (cat. 5), souscription publique (cat. 18). À la différence de ce que l’on observe à Patras et à Aigion, la documentation se raréfie à l’époque impériale, ce qui s’explique par la création de la Colonia Patrensis en Achaïe occidentale dotée d’un vaste territoire aux dépens de ses voisines reléguées souvent au niveau de komè et aussi par le développement d’Aigion au détriment des autres cités
d’Achaïe orientale.
Catherine Grandjean