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Ce volume collectif, issu d’un colloque qui s’est tenu à Nantes, est au croisement de plusieurs lieux d’études qui ont connu un intérêt renouvelé ces dernières décennies : la période tardo-antique, le genre historiographique (et spécialement les historiens grecs de Rome), la littérature fragmentaire. Il se divise en six sections.

La première porte sur l’édition des fragments, abordée successivement à travers une collection (les “Frammenti degli Storici Greci”, E. Lanzilotta), le cas particulier de la Vie d’Auguste de Nicolas de Damas (É. Parmentier), celui de l’édition d’une anthologie d’excerpta (les Excerpta de legationibus Romanorum, P. Carolla), l’apport escompté d’une édition numérique (l’Histoire ecclésiastique de Théodore le Lecteur, B. Pouderon).

La deuxième envisage spécifiquement les excerpta ; il s’agit ainsi de voir comment on peut reconstituer une œuvre, celle de Ménandre le Protecteur, conservée essentiellement, outre dans la Souda, dans les Excerpta Constantiniana (B. Bleckmann), de préciser l’image des empereurs que véhiculent les Excerpta Anonymi qui portent sur les monuments et statues de Constantinople (P. Manafis), de mettre en évidence quelques grandes tendances de l’Histoire de Pierre le Patrice (L. Mecella).

La troisième, sur les épitomés et les compilations, rassemble deux articles qui traitent de l’apport de Zonaras à la connaissance des discours de Cassius Dion, l’un sur leur répartition et les motifs qui ont poussé à les reproduire (V. Fromentin), l’autre sur la fidélité du texte de l’épitomateur (M. Bellissime).

La quatrième, sur les sources et la transmission des fragments, s’intéresse à ce qu’apprennent les sources de Stéphane de Byzance et de la Souda sur la Lycie (S. Podestà), celle de George Cédrène sur le sac de Rome en 410 (U. Roberto), celle d’Orose – identifiée avec Eunape – sur Arbogast (B. Lançon et T. Moreau) ; un dernier texte revient sur les fragments attribuables à un historien anonyme arrien de tendance homéenne qui a écrit vers la fin du IVe siècle une histoire allant d’environ 303 à la mort de Valens (P. Van Nuffelen).

La cinquième montre la difficulté à préciser les contextes littéraires et historiques de quelques auteurs : Philippe de Pergame (A. Corcella), Gorgias d’Athènes (S. Adiletta), Soterichos d’Oasis (L. Focanti), Candidus Isaurus (P. De Cicco).

La dernière aborde la valeur documentaire de ces sources, à travers deux articles un peu disparate : l’un sur l’image du règne de Zénon donnée par Candius Isaurus, Malchus et Jean d’Antioche (V. Puech), l’autre sur les jugements portés par Plutarque sur les historiens, principalement sur les historiens grecs (F. Gazzano et G. Traina).

Cet ouvrage se distingue par sa capacité à exploiter des dossiers complexes et à en montrer l’intérêt de même que par la solidité des méthodes d’investigation mises en œuvre. Il souligne notamment combien ces textes sont utilisés au service de la perception et de la représentation des faits par leurs auteurs. Le choix des directeurs de l’ouvrage a dans ce sens été de privilégier les aspects philologiques et littéraires, la dimension documentaire des textes n’étant envisagée que secondairement. On regrettera une absence d’uniformisation dans l’édition du volume, ce qui se traduit notamment par le manque de renvois internes, d’une bibliographie générale (les bibliographies sont à la fin de chaque contribution) et surtout d’un index, qui aurait sans doute fait apparaître combien, au-delà des œuvres faisant l’objet d’une contribution spécifique, l’ouvrage couvre l’ensemble du domaine de la littérature historique antico-tardive de langue grecque.

 

Olivier Devillers, Université Bordeaux Montaigne, UMR 5607 – Institut Ausonius

Publié en ligne le 15 juillet 2021