Cet ouvrage est une version remaniée d’une thèse de doctorat soutenue à l’Université de Bordeaux 3 en décembre 2005. L’activité de recherche et publication en Carie, longtemps délaissée, connaît un renouveau avec le résultat que les matériaux pendant les trois ans sont notablement augmentés avec de nouvelles publications de tombes pouvant être incluses. Quelques tombes que l’auteur lui-même a étudiées ont ainsi trouvé une place dans l’exposition qui autrement est une reproduction des tombes connues antérieurement. Outre l’avant-propos rédigé par l’auteur, le livre comprend une préface de Pierre Debord, directeur des recherches cariennes auxquelles l’auteur a pris part.
Cet ouvrage constitue la première étude exhaustive des matériaux des sépultures cariennes qui n’avaient fait jusqu’ici l’objet que d’études partielles. Une partie introductive intitulée « Méthodologie : Problèmes typologiques » rend compte des recherches antérieures et des essais de délimitation et classification des matériaux.
Bien que la Carie soit maintenant relativement bien étudiée, il reste néanmoins quelques zones d’ombre quant à la distribution des tombes, par exemple la région du plateau de Tabai au nord-est.
Pour ce qui est de la chronologie l’étude s’étend jusqu’au IIe siècle av. J.-C., c’est-à‑dire jusqu’à la domination romaine de la Carie et des territoires avoisinants. On ne trouve pas de vestiges au-delà de VIe siècle av J.-C. Un brève conclusion propose un développement typologique des tombes. On ne peut guère donner une définition de ce qui est caractéristique pour la Carie comme territoire de tombes.
Les matériaux apparaissent sous les rubriques « sarcophages, tombes rupestres à accès direct (aucune différence n’est faite entre tombes souterraines et celles au niveau du sol), tombes rupestres à façade, tumuli, tombes construites, divisées en libres et à chambre souterraine ». Dans une partie ultérieure, une part des matériaux est répétée avec divisions et rubriques différentes, ce qui fait qu’il est parfois difficile de s’y retrouver. Alors que, pour ce qui est de l’importance, peu de tombes cariennes peuvent être comparées avec d’autres tombes correspondantes dans d’autres provinces, il convient de ne pas oublier qu’une des tombes les plus fameuses du monde antique, le Mausolée d’Halicarnasse, se trouvait en Carie. Et ce fut d’ailleurs le spectacle d’un groupe de tombes rupestres en Carie (groupe B à Kaunos) qui me fit m’exclamer : Ici je reviendrai pour vouer ma recherche à ces tombes !
Une grande partie du livre se compose d’un catalogue minutieux, lieu par lieu (presque une centaine) présenté dans l’ordre alphabétique, avec tous les types de tombes comprises. Bien entendu les explications et les commentaires ne sont pas uniformes; l’ouvrage consacre moins d’espace aux tombes connues et aux lieux bien publiés, tandis que les tombes précédemment inconnues font l’objet d’une présentation détaillée. Le choix des tombes présentées dans les lieux publiés peut être troublant, comme aussi la variation des dénominations que donne la reproduction de connexions diverses. Et qu’il y ait quelques inconséquences dues au fait que l’ouvrage soit une version remaniée d’une thèse n’est pas étonnant.
Il est incontestable que, grâce au bâtiment du Mausolée d’Halicarnasse les dynastes hékatomnides se sont fait connaître en tant que bâtisseurs de tombes, Il ne serait pas surprenant qu’aussi des membres de la dynastie, autres que Mausolos et sa soeur et épouse Artemisia, aient été pourvus de tombes somptueuses mais à une échelle considérablement plus modeste. Pour le prédécesseur et le successeur les plus proches, Hekatomnos, le père, et Idrieus, le frère, une unique tombe rupestre à Mylasa et une tombe construite à Labraunda, respectivement, ont été proposées, alors qu’il n’y a pas de support pour une hypothèse ou l’autre, et dans le cas d’Idrieus il y aurait même des indices contre. L’auteur soutient non seulement ces deux hypothèses mais il les considère comme assez sûres et est en outre suffisamment audacieux pour augmenter la suite avec des hypothèses additionelles dans les deux directions : Chambres dans un podium archaïque d’un bâtiment à Beçin, le prédécesseur de Mylasa, généralement considéré comme le temple du Zeus Karios, qu’il a interprétées, grâce aux poutres horizontales transversales comme chambres sépulcrales pour dynastes hékatomnides antérieurs. Il a aussi proposé qu’Ada, la soeur et épouse d’Idrieus, qui après la mort d’Idrieus a été bannie à Alinda par le troisième frère, Pixodaros, y est enterrée. Cela est bien plausible, et il a, entre les tombes à Alinda, proposé une construction appropriée. Malheureusement ce bâtiment, qui avait été mentionné et reproduit par des voyageurs au XIXe siècle, a maintenant totalement disparu sans laisser la moindre trace. Cela conduit à une partie consacrée aux reconstructions des bâtiments, et perdus et préservés, et aussi à la révision des études antérieures.
Bien que les tombes rupestres soient souvent difficiles à dater, l’auteur a consacré de grands efforts à discuter les détails architectoniques qui pourraient servir comme fondement pour une date. D’autre part il ne fait jamais usage des matériaux archéologiques trouvés dans des tombes comme celles de Kaunos ou Idyma – en soi elles ne sont pas nécessaires comme elles confirment seulement les propositions faites pour dater les tombes avant l’apparition des trouvailles. Les inscriptions sont assez rares dans les tombes cariennes, et celles qui existent sont rarement mentionnées dans cette étude.
Les vastes matériaux cartographiques sont obtenus à l’aide de la technique du GPS. Le livre exhibe un nombre de cartes qui présentent l’existence et la distribution des phénomènes divers. Elles sont produites par l’auteur lui‑même ainsi que d’autres illustrations, dessins et photographies. Les dessins son très clairs et distincts. En fait la documentation est bonne. Trente-deux des photographies sont répétées en couleur.
Le livre est pourvu d’un index vaste ainsi que d’une ample bibliographie.
Paavo Roos