Ce petit volume des PMFIA dédié aux héros et aux saints comprend en fait deux parties bien distinctes. La première est consacrée aux héros. Mari Mikkola (p. 1-32 ; riche bibliographie p. 29-32) passe en revue les sources anciennes écrites : Strabon, Plutarque, Pausanias, Athénée, ainsi que les sources épigraphiques, avant de tirer la conclusion qu’avec le temps « the mythological emphasis changes into historical », au point que dans l’Empire romain tardo-antique, les tombes de simples particuliers en viennent à être qualifiées d’heroon. Puis Leena Pietilä-Castrén (p. 33-51 ; bibliographie p. 49-51) aborde un problème purement méthodologique : il s’agit de définir ou non comme sites dédiés au culte de héros (« sites of hero’s worship ») une sélection de constructions communément appelées heroa, de forme rectangulaire, datées de l’époque hellénistique ; sont successivement étudiés les sites de Ktirakia (Laconie), de la rue « P 10 » à Rhodes, de Komoula en Phocide, de Marmara en Thesprotie ; il ressort de cette étude que la qualification de heroon a souvent été donnée à la légère, et qu’il convient de tenir compte non seulement du monument lui-même, mais aussi du matériau épigraphique et des objets trouvés sur place.
La seconde partie est dédiée exclusivement au pseudo-Denys l’Aréopagite. Jennette Lindblom (p. 55-74 ; bibliographie p. 72‑74) évoque l’arrière-plan intellectuel et géographique du corpus pseudo-dionysien. Voici les conclusions auxquelles elle arrive : comme milieu : un cercle d’intellectuels ; comme datation : le Ve siècle († avant 532) ; la diffusion de l’oeuvre s’est faite en Orient, en milieu monophysite, mais avant que la séparation entre orthodoxes et monophysites ne soit très marquée ; comme lieu de production : soit Alexandrie, soit, plus probablement, Maiouma ou Gaza ; les écrits auraient d’abord circulé sous le nom de leur auteur, et l’attribution à Denys dit l’Aréopagite ne remonterait pas avant la fin du Ve siècle. Torstein Theodor Tollefsen étudie ensuite (p. 75-89) la doctrine de la création du Pseudo‑Denys, qu’il juge peu orthodoxe : génération des personnes divines, création du cosmos, ce qui lui permet aussi de situer ces écrits dans les dernières décennies du Ve siècle. L’étude suivante échappe à nos compétences : Martin Luther et Denys l’Aréopagite (Fredric Cleve, p. 91-109). Disons simplement que Luther fut un lecteur du corpus pseudo-dionysiaque, sur lequel il porte un avis une bonne quarantaine de fois : comme personnage historique, comme mystique, comme théologien (angélologie, anthropologie), avec une notable évolution dans la perception qu’il a de son autorité théologique. Le dernier article, dû à Gunnar af Hällström (p. 111-132 ; bibliographie p. 131-132) est consacré à la christologie du Pseudo-Denys ; le savant met l’accent sur le fait que cette christologie est essentiellement de type trinitarienne, le Fils jouant un rôle essentiel au sein de la Trinité ; elle s’intéresse peu à la question de la nature du Christ, ce qui rend le corpus acceptable par les deux parties, dyophysite et monophysite ; la christologie du salut est elle aussi présente, mais dans une moindre mesure, tandis que la théologie est essentiellement une théologie de la sanctification.
Un petit recueil intéressant, dont on peut cependant regretter le manque d’unité et le caractère un peu trompeur du titre, qui ne convient véritablement qu’à la première partie.
Bernard Pouderon