Olivier Gaudefroy est un écrivain, passionné d’histoire antique, qui a déjà écrit plusieurs romans policiers historiques ainsi que la biographie d’Hypatie, Hypatie, l’étoile d’Alexandrie. Il propose dans cet ouvrage dédié à des femmes de l’Antiquité, célèbres pour leur culture et leur capacité à écrire, de courts récits biographiques sous forme de nouvelles. En cela, il participe avec bonheur au renouveau des études sur les femmes et à la réhabilitation de leur rôle dans l’Histoire. Il rappelle l’existence de figures féminines qui ont gravité dans les sphères du pouvoir, des sciences, de la philosophie, de l’art, du sport, mais sur lesquelles nous n’avons qu’un faible éclairage, en raison de sources très maigres.
Dans la société grecque à l’esprit très conservateur, les femmes instruites et savantes inspiraient méfiance et crainte, car elles représentaient une exception, en raison de la faiblesse de l’éducation qu’elles recevaient. C’est ainsi qu’Aglaonice de Thessalie, réputée dans le domaine de l’astronomie, fut soupçonnée de sorcellerie, tandis que la Milésienne Aspasie, compagne de Périclès, qui anima au Ve siècle avant notre ère à Athènes un cercle intellectuel fréquenté par les plus grands personnages de la cité, fut accusée d’impiété et de proxénétisme. Les historiens de l’Antiquité firent d’Aspasie une hétaïre, seul moyen à leurs yeux d’expliquer les raisons de son haut niveau intellectuel et de sa vie indépendante.
L’auteur fait ainsi revivre des poétesses, des femmes philosophes, des artistes, une championne à la course du stade, et, pour nombre d’entre elles, les fait sortir de l’ombre et du silence. La plupart en effet nous sont totalement inconnues. Le système patriarcal en vigueur dans les sociétés grecque et romaine ne permettait guère que des femmes osassent se mêler d’affaires réservées aux hommes. La dernière partie concerne les femmes dans le domaine de la politique et parlera davantage à nos contemporains : Cléopâtre, Agrippine, pour ne citer que les plus célèbres.
Au XVIIe siècle, Gilles Ménage avait déjà composé de courts récits biographiques à propos de quelques femmes philosophes ; l’helléniste Yves Battistini fit un ouvrage similaire sur les poétesses grecques en 1998. Le projet d’Olivier Gaudefroy est un peu différent et original : s’appuyant sur la compilation des intellectuelles grecques et romaines réalisée par André Charbonnet, consultable sur internet, l’auteur laisse libre cours à son imagination, tout en insérant des extraits d’auteurs antiques, pour divertir le lecteur par de courtes nouvelles sur 25 femmes exceptionnelles, complétées par un résumé biographique et agrémentées de reproduction de tableaux.
Géraldine Puccini, Université Bordeaux Montaigne
Publié en ligne le 05 février 2018