Résumé. – Contrairement à une conviction qui reste répandue, ce que nous appelons aujourd’hui « guérilla » appartient pleinement à l’univers de la guerre antique et n’apparaît pas comme un mode de combat spécifique réservé à certains peuples. Cet article montre que les sources littéraires ont tendance à être trop souvent interprétées en fonction d’idées préconçues qui conduisent à plaquer sur le discours ancien une grille de lecture déformante. Le cas emblématique d’une « guérilla numide », prêtée à tort à Jugurtha comme à Tacfarinas en dépit du récit plus nuancé de Salluste et de Tacite, y est plus précisément analysé.
Abstract. – As opposed to a popular belief, what we now call « guerilla » belongs to war customs of Antiquity and therefore would not be a specific mode of combat belonging to the war culture of specific peoples. This article intends to demonstrate that literary sources are far too often interpreted according to preconceived ideas which lead to pinning a defoming grid on antique discourse. The case of « numid guerilla » mistakenly attributed to Jugurtha as well as to Tacfarinas despite the subtleties of Sallustus’ and Tacitus’ tale is here analysed in further detail.
François CADIOU :
Ausonius – Université Bordeaux 3 ; francois.cadiou@u-bordeaux3.fr
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Le présent texte prolonge et enrichit une première recherche suscitée initialement par une communication présentée le 25 janvier 2006 au séminaire de stratégie théorique consacré au thème « Guérilla et contre-guérilla »,organisé par l’Institut Français d’Analyse Stratégique de (IFAS) et le Centre d’Etudes d’Histoire de la Défense
(CEHD)-Ministère de la Défense. Rappeler l’origine de cette enquête me fournit l’agréable occasion de remercier ici Thierry Widemann pour m’avoir, à l’époque, invité à participer à ce séminaire.