Gilbert Andrieu n’en est pas à son coup d’essai avec ce dictionnaire amoureux des Olympiens. Depuis 2012, ce spécialiste de l’histoire du sport aux XIXe et XXe siècles a en effet écrit seize ouvrages sur la mythologie grecque, tous publiés aux éditions L’Harmattan. Comme il le confie dans le prologue, il aime s’aventurer dans l’imaginaire des Grecs pour conduire son lecteur à la frontière du réel et de l’irréel, « dans un monde que les scientifiques ne semblent pas souhaiter connaître » (p. 6). Pour lui, les Grecs sont nos ancêtres et ont beaucoup à nous apprendre. Les passions amoureuses qu’ils ont prêtées à leurs puissances surnaturelles pourraient éclairer notre psychisme et, en particulier, la part de rêve qui nous habite et que la raison nous interdirait de concevoir. Gilbert Andrieu invite donc son lecteur à avoir une lecture symbolique des mythes et à se laisser guider sur la voie de la transcendance (p. 24).
Encadré par le prologue (pp. 5-29) et l’épilogue (pp. 227-231), le cœur de l’ouvrage est composé de 56 notices plus ou moins détaillées, classées par ordre alphabétique, d’Aphrodite à Zeus. La source des mythes et l’analyse de leur portée procèdent des poèmes d’Hésiode, l’auteur s’autorisant de rares incursions dans les hymnes homériques et les tragédies d’Eschyle et d’Euripide. Loin de se limiter aux divinités olympiennes, le dictionnaire inclut Ouranos, Cronos et Gaia, les héros et les héroïnes, les mortels et les monstres. Sans s’embarrasser d’établir des catégories, ce catalogue traite aussi bien des dieux que de leurs enfants, ce qui conduit à des redites d’une rubrique à l’autre.
Bien que la terreur qui s’empare des hommes devant toute épiphanie ne soit pas occultée, l’auteur s’attache à souligner la proximité entre immortels et mortels puisque « les dieux font l’amour comme les hommes » (p. 227). De fait, le thème des métamorphoses divines n’est pas plus développé que celui des attributs des Olympiens et de leurs domaines d’intervention.
Cet ouvrage, qui ne semble pas avoir bénéficié d’une relecture, souffre à l’évidence d’un manque de méthode et de réflexion sur l’historiographie de la mythologie. En fait, ce n’est pas l’objectif de Gilbert Andrieu qui cherche à tirer des leçons des mythes pour servir sa conception des relations amoureuses. D’après sa conclusion, les amours des Olympiens devraient nous inviter à concilier « l’amour instinctif », c’est-à-dire la guerre entre les sexes, et « l’amour absolu », totalement spirituel. Seule cette double dimension de l’amour humain aiderait à mieux vivre et à accepter la mort.
Geneviève Hoffmann
Publié en ligne le 05 février 2018