Ce court ouvrage rassemble 9 communications présentées lors de journées d’études tenues en 2014 à Besançon, autour du projet SHED (Sources, Histoire et Éditions), et à Fribourg, dans le cadre des Journées de l’École doctorale romande en Sciences de l’Antiquité, précédées d’une introduction rédigée par Guy Labarre qui dirige l’ensemble de la publication.
La perspective de ces deux rencontres était similaire : réfléchir sur la fabrique de l’histoire, sur les outils de la recherche en s’attachant notamment aux apports des nouvelles technologies (numériques et digitales) aux méthodes proposées pour l’étude de l’histoire, de la philologie et des littératures. L’originalité de ces rencontres était de faire dialoguer des spécialistes d’horizons divers et avec des expériences différentes, qu’ils viennent de l’épigraphie, de la numismatique ou même de l’ecdotique.
Cette variété s’apprécie au fil de la lecture car les études traitent aussi bien de la Pamphylie, de la Sardaigne, du sud de l’Espagne que de l’Asie Mineure ou encore de la Gaule (Besançon). Le fil rouge de l’ensemble reste l’explicitation de méthodes et le rappel de recommandations qui ont pour objectif la formation par la recherche. En effet, autour de chercheurs expérimentés, tels que Claude Brixhe, Sabine Lefèvre, Fabrice Delrieux, Jean-Yves Guillaumin et Bastien Kindt, on peut lire également le travail de jeunes chercheurs : Martina Atzori, Sophie Montel, Florent Potier ou Ariane Jambé.
Le volume propose en alternance des dossiers de présentation générale d’outils, qu’ils soient informatiques (comme dans l’article de Fabrice Delrieux ou de Bastien Kindt) ou plus classiques (comme la description de la collection des Belles Lettres par Jean-Yves Guillaumin), et des études de cas plus spécifiques (comme le parcours de lecture du cycle épigrammatique de la Grotta della Vipera, par Martina Atzori ; l’étude d’un manuscrit de l’Iliade et de sa tradition manuscrite par Ariane Jambé ou le travail d’inventaire de Florent Potier).
C’est par les échos qui se créent d’une communication à l’autre que l’ensemble de l’ouvrage prend son intérêt : les remarques de prudence énoncées aussi bien dans l’étude de l’anthroponymie pamphylienne que dans celle de l’étude iconographique, l’attention à l’histoire des textes et à leur établissement minutieux pour éviter « les monstres » que ce soit en Bétique ou chez les Gromatiques latins mais aussi dans une toute autre logique, dans le souci de l’établissement du texte, à l’ère du numérique, dans le cadre de la lemmatisation et du traitement automatique des langues.
Ces recommandations et ces méthodes seront toujours utiles, même si le lecteur n’est familier ni avec les domaines géographiques ni avec le dossier spécifiquement traité dans l’article concerné. C’est bien l’objet d’une formation par la recherche : elle permet de dégager des principes méthodologiques qui dépassent les spécialisations et permet une réflexion épistémologique sur l’ensemble des Sciences de l’Antiquité.
Coline Ruiz-Darasse, Université Bordeaux Montaigne, UMR 5607 – Institut Ausonius
Publié en ligne le 23 septembre 2022.