Nous parviennent en même temps ces deux volumes de notre collègue suisse F. Spaltenstein (F. S.), spécialiste reconnu de l’épopée latine d’époque flavienne (on se souvient de son magistral commentaire aux Guerres Puniques de Silius Italicus, Genève, 1986 et 1990). Ils terminent le commentaire aux Argonautiques de Valérius Flaccus dont le tome I avait paru en 2002. La méthode est toujours la même. Le commentaire est juxtalinéaire : F. S. cite les phrases les unes après les autres et en glose pratiquement chaque mot de tous les points de vue qui l’intéressent. Son exégèse est érudite et judicieuse. Le résultat est solide, sérieux, d’une richesse extrême ; il laisse cependant une impression de pointillisme (on regrette que ne soit pas rédigée pour chaque livre une présentation d’ensemble, que le plan de chaque livre ne soit pas donné, qu’il n’y ait pas d’introduction spécifique pour les développements qui forment un tout). La culture de F. S. est immense et grâce à la comparaison avec de nombreux autres auteurs, grecs ou latins, il sait bien mettre en lumière ce qu’il y a de conventionnel dans ce poème et ce que Valérius Flaccus y a inséré d’original. Beaucoup de remarques concernent les choix éditoriaux ou les traductions d’éditeurs, commentateurs et traducteurs de Valérius Flaccus que F. S. examine avec minutie et compare afin de dégager la solution à ses yeux la plus plausible. Il est dommage que la versification et la métrique aient été l’objet d’une attention moins grande de la part de F. S. ; l’index ne fait état que de cinq remarques de métrique en tout et pour tout dans les trois volumes de ce commentaire : un vers spondaïque, un allongement à la césure, un nom modifié metri causa, un vers hypermètre, un hiatus. On aurait aimé que pour certains vers soient signalés coupes, enjambements, etc., dans Dans ces deux volumes, la bibliographie est assez réduite ; en fait c’est la liste des sigles et abréviations qui en tient lieu. Celle-ci comprend dix-neuf éditions, commentaires et traductions échelonnés entre 1805 et 2001 et quinze « ouvrages de référence » (Daremberg‑Saglio, Ernout-Meillet, Forcellini, Hofmann-Szantyr, Liddell-Scott, Otto, Pauly-Wissowa, Roscher, etc.). Le dernier tome se termine par trois index : un index des termes latins, un index des « objets, idées, motifs », un index intitulé « Poétique – Grammaire ». Un index des auteurs cités aurait pu s’y ajouter : il aurait été utile, par exemple, pour retrouver rapidement les souvenirs de Virgile, d’Apollonios de Rhodes, etc.
Quoi qu’il en soit, tel qu’il est, cet instrument de travail rendra les plus grands services ; c’est un achat indispensable pour une bibliothèque.
Lucienne Deschamps