À l’occasion du bimillénaire de la construction de la Maison Carrée, Dominique Darde, directrice du musée archéologique de Nîmes, et Michel Christol ont souhaité faire le point pluridisciplinaire sur les formes prises par le nouveau pouvoir augustéen, sur ses réalisations — la Maison Carrée en est un magnifique exemple — et sur les changements politiques et idéologiques imposés par le Princeps. Après une courte introduction de M. Christol et D. Darde, l’ouvrage, bien illustré, est divisé en deux parties.
La première partie (« Le temps d’Auguste. Le Prince, sa famille, l’Empire, la transmission du pouvoir ») réunit neuf contributions généralistes. Rédigées par des spécialistes, elles sont bien documentées, mais elles sont souvent très, voire trop brèves, même si certains des sujets traités étaient déjà bien connus : J.‑L. Ferrary, L’ambiguïté du pouvoir augustéen, p. 13-17 — J. Scheid, La mise en scène autobiographique du principat augustéen : les Res Gestae diui Augusti, p. 19‑22 — M. Royo, La Domus Augusti palatine, une instance au service d’une vénération familiale, p. 23‑32 — Ph. Moreau, Domus Augusta : l’autre maison d’Auguste, p. 33-43 — A. Suspène, Les rois amis et alliés face au Principat : rapports personnels, représentations du pouvoir et nouvelles stratégies diplomatiques dans l’Orient méditerranéen, p. 45-51 — J.‑M. Roddaz, De Nîmes à Lesbos : Agrippa et le patronat des cités, p. 53-57 — J.-Ch. Balty, C. et L. César : les points forts d’une iconographie, p. 59-67 — I. Cogitore, Les décrets de Pise en la mémoire de Caius et Lucius, p. 69-74 — Fr. Hurlet, Le statut posthume de Caius et Lucius César, p. 75‑82.
Un peu plus conséquente, la seconde partie (« Dans l’Occident romain. La Gaule Narbonnaise, Nîmes et la Maison Carrée ») cherche à insérer ce temple dédié aux Princes de la Jeunesse dans le contexte de la Narbonnaise et même de l’ensemble de la Gaule (M. Reddé). Elle est forte de onze articles qui font avec bonheur le point sur des sujets généralement inédits : M. Reddé, La Gaule Chevelue entre César et Auguste, p. 85-96 — É. Rosso, Les hommages rendus à Caius et Lucius César dans les provinces gauloises et alpines, p. 97‑110 — P. Gros, Les « villes d’Auguste » en Narbonnaise. Nouvelles recherches sur Arles et Nîmes, p. 111-117 — M. Janon, X. Lafon, J.-L. Paillet, Nouveaux regards sur la zone du grand temple d’Orange, p. 119-129 — S. Agusta-Boularot, A. Badie, M.-L. Laharie, Le sanctuaire augustéen de Vernègues (Bouches-du-Rhône) : étude architecturale, antécédents et transformations, p. 131-158 — M. Celié, M. Monteil, L’apport de l’archéologie préventive à la connaissance du forum de Nîmes (Gard), p. 159-168 — G. Sauron, L’enracinement d’un décor augustéen à Nîmes : le rinceau, p. 169-175 — M. Christol, La présence du Prince dans les cités : le cas de Nîmes et d’Auguste, p. 177-185 — G. Caillat, Restaurations et interprétations de la Maison Carrée du XVIe au XIXe siècle, p. 187‑199 — C. Potay, Aménagement des abords de la Maison Carrée : un plan d’urbanisme exemplaire, p. 201-209 — V. Krings, La Maison Carrée et Jean-François Séguier autour de 1850 : à propos de deux textes de Gaston Boissier, p. 211-220. Bien venus, ces trois derniers articles replacent ce prestigieux monument dans l’historiographie et même dans l’imaginaire urbain.
Au total, une fort utile publication sur la Narbonnaise.
Bernard Rémy