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L’une des difficultés que rencontre quiconque s’intéresse à l’hellénisme oriental tient au caractère à la fois dispersé et fragmenté de la documentation. Celle-ci est pour beaucoup de nature archéologique, mais compte aussi un nombre relativement important d’inscriptions, produites par les communautés grecques ou par l’administration du royaume séleucide. La forte diffusion du grec, à la fois langue de culture et outil d’administration, explique aussi sa perpétuation à travers les temps, jusqu’à l’époque sassanide. L’absence de corpus rendait l’utilisation de ces textes difficile pour des non spécialistes. Cette situation est désormais réparée grâce à plusieurs publications. F. Canali de Rossi a récemment fait paraître, dans la collection des Inschriften griechischer Städte aus Kleinasien, un corpus de l’ensemble des inscriptions du Proche Orient écrites en alphabet grec (y compris celles qui sont rédigées dans une autre langue que le grec : Iscrizioni dello estremo oriente greco. Un repertorio, IK 65, Bonn, 2004). De leur côté, R. Merkelbach et J. Stauber ont réuni les plus importantes d’entre elles dans un même ouvrage, conçu comme un recueil commenté, qui vient en appoint de l’ouvrage précédent. Elles sont toutes en langue grecque, mais s’étendent de la période hellénistique à la période sassanide. On attend enfin avec impatience la publication prochaine du corpus des inscriptions trouvées en Iran, rédigé par G. Rougemont dans le cadre du Corpus Inscriptionum Iranicarum (Inscriptions grecques d’Iran et d’Asie Centrale).
Au total, un peu plus de 80 inscriptions sont ici rassemblées. L’ouvrage se divise en huit chapitres, organisés à la fois géographiquement et chronologiquement : 1- inscriptions de Bactriane, 2- inscriptions d’Ašoka, 3- inscriptions séleucides et parthes des satrapies supérieures, 4- inscriptions de Séleucie sur l’Eulaios (Suse), 5- inscriptions de Mésopotamie d’époque séleucide et parthe, 6- inscriptions du Golfe Persique, 7- inscriptions relatives au commerce caravanier entre Palmyre et Spasinou Charax et au commerce avec l’Inde, 8- inscriptions sassanides (notamment les Res Gestae de Shapur I I). Pour chacune d’entre elles, les deux auteurs donnent le texte grec, une traduction allemande, précisent les principales éditions et les accompagnent de commentaires épigraphiques et historiques. On appréciera leur souci de replacer ces différents documents dans leurs contextes historique, culturel et géographique : chacun des chapitres est introduit par une brève évocation de ces derniers, qui utilise aussi l’apport des sources littéraires. Celle-ci reste néanmoins trop générale et le spécialiste restera sur sa faim. L’ouvrage s’accompagne d’illustrations à la qualité très médiocre, ce qui ne manque pas de surprendre compte tenu des facilités désormais offertes par le numérique. Malgré ces critiques, il faut saluer l’initiative des deux auteurs qui, en rassemblant cette documentation précieuse la rendent plus facilement accessible.

Laurianne Martinez-Sève