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La maison d’édition munichoise Oldenbourg, qui publie essentiellement des ouvrages de recherche et des manuels, inaugure avec ce livre une nouvelle collection de synthèses sur le monde gréco-romain. Confié à Winfried Schmitz, professeur d’histoire ancienne à l’Université de Bonn, spécialiste de la parenté et des formes de sociabilité dans le monde grec (voir son ouvrage récent, Nachbarschaft und Dorfgemeinschaft im archaischen und klassischen Griechenland, Berlin, 2004), ce premier volume est un manuel assurément de qualité, abordant de manière ample la famille grecque – l’oikos – dans toutes ses dimensions, aux époques archaïque, classique
et hellénistique.
Une première partie d’une soixantaine de pages fournit les cadres généraux, puis une seconde partie d’environ 80 pages, suivie d’une riche bibliographie, propose des approfondissements et renvoie aux études spécialisées. Chacune de ces parties commence par des considérations démographiques puis traite successivement de l’époque archaïque, de la situation à Athènes à l’époque classique, de Sparte et enfin du monde hellénistique. Au fil des pages sont traités les thèmes attendus que sont le mariage, l’héritage, les dimensions économiques et culturelles de la famille, ses composantes (les classes d’âge, les femmes, les esclaves…), mais sont aussi abordés les rites funéraires ou bien encore les aspects architecturaux et matériels de l’oikos, ainsi que les rapports entre oikos et polis.
Manuel destiné avant tout aux étudiants, cet ouvrage mérite cependant d’être signalé, d’une part parce que depuis la publication de W.K. Lacey, The Family in Classical Greece, en 1968, peu de synthèses ont paru sur la famille et la parenté grecques (signalons cependant l’ouvrage de S.B. Pomeroy, Families in Classical and Hellenistic Greece. Representations and Realities, Oxford, Clarendon Press, 1997), et que de ce point de vue, celle réalisée par Winfried Schmitz a l’intérêt d’offrir un panorama réactualisé des connaissances et des débats ; d’autre part, parce que l’auteur n’hésite pas à prendre position et à développer des analyses originales, en présentant, par exemple, les polémiques liées à la structure de la famille homérique (p. 78 sq.), ou bien encore en proposant le modèle d’une succession avunculaire pour rendre compte des particularités de l’héritage et de la propriété foncière à Sparte (voir notamment p. 131). Si l’ouvrage est ainsi susceptible d’intéresser un grand nombre de lecteurs, on peut néanmoins regretter qu’il cède à un défaut bien connu des études grecques en privilégiant de manière excessive les cas athéniens et spartiates. Signalons enfin que cette synthèse sera complétée par un manuel consacré à la famille romaine, dont la réalisation a également été confiée à Winfried Schmitz.

Jérôme Wilgaux