Le livre de Laura Ficuciello s’inscrit dans une série de recherches menées par l’École archéologique italienne d’Athènes sous l’impulsion de son directeur actuel, E. Greco. Il n’est pas inutile de rappeler les titres qui sont annoncés pour mieux juger de ce premier volume. E. Gréco prépare une synthèse sur la topographie d’Athènes de l’époque mycénienne à l’invasion des Hérules (267 ap. J.-C.), et trois autres volumes sont en préparation, sur les murailles et les nécropoles d’Athènes (D. Marchiandi) et sur la région sud de l’Acropole (M. Ch. Monaco).
On ne reprochera donc pas à ce travail de ne pas nous donner ce que les autres volumes doivent apporter : ainsi, il faudra attendre le volume sur la muraille pour avoir une vision globale sur les portes, qui ne reçoivent qu’un traitement secondaire quelle que soit leur importance pour comprendre le réseau viaire.
Mais ne cherchons pas à diminuer l’intérêt de l’entreprise, qui est la première synthèse du genre et qui a affronté avec courage et réussite toutes les difficultés : insuffisance des rapports de fouilles, quand ils existent, stratigraphie souvent inexistante ou approximative, secteurs importants en mal de publication définitive (toute la fouille de Macriianni à l’emplacement du nouveau Musée de l’Acropole). Disons tout de suite que l’on ne pouvait pas, à mon avis, pour le moment faire mieux et que l’on sait gré à l’auteur d’avoir avec constance et clarté réuni une documentation très abondante et très dispersée.
Le livre se présente en trois parties : le premier chapitre est consacré aux sources littéraires et épigraphiques (p. 13-64), le second à la documentation archéologique, (p. 65-200), auquel sont liés deux appendices fort utiles sur l’aspect technique des voies et des carrefours (p. 202-208), et le troisième consacré au cadre chronologique des aménagements viaires (trois dépliants offrent une synthèse remarquable sur le plan d’Athènes et le réseau des rues) .
C’est peut-être le dernier chapitre qui est un peu décevant, car il reprend l’étude d’un point de vue topographique et ne donne pas une synthèse sur les programmes de construction ; il faudra donc attendre le livre d’E. Greco pour en savoir plus, par exemple sur l’extension de la ville archaïque intra muros. Or quelques remarques montrent que l’auteur a tendance à remonter la date de l’organisation de certains quartiers, comme celui des pentes sud de l’Acropole (théâtre de Dionysos), implanté à l’époque archaïque avant d’être réaménagé au IVe s. dans le programme de Lycurgue. On aurait aimé une prise de position plus claire sur l’aménagement et l’extension à l’est de l’Agora du Céramique, croisement des grands axes mais dont la monumentalisation n’est peut‑être pas antérieure à l’époque clisthénienne. On peut aussi s’interroger sur l’aspect de la zone de Macriianni à l’époque archaïque, avant la régularisation post-persique.
On trouvera de nombreuses analyses intéressantes, dont on ne peut reprendre tous les aspects ici, mais signalons particulièrement les pages consacrées aux noms des rues, qui n’avaient aucun aspect officiel, mais laissent supposer une organisation des activités par quartier (rue « des fabricants de coffres » ou « des sculpteurs d’hermès »). Les sanctuaires de carrefour avec leurs images d’Hermès et d’Hécate, rappellent que l’espace public est aussi un espace sacré et donnent une bonne idée du paysage de l’asty que Périclès ou Socrate avaient sous les yeux.
Roland Etienne