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La vie de la Revue des Études Anciennes est marquée, de façon plus ou moins régulière, par des moments d’inflexion. À la fin de l’année 2020, après de nombreuses années au service de la revue, Christophe Pébarthe, qui assurait la direction de la publication depuis 2009, a décidé de passer la main. Au nom du comité éditorial et du conseil scientifique, je veux lui adresser mes profonds remerciements pour son implication et pour l’important travail qu’il a effectué. Au cours de cette longue période, la revue a su maintenir son niveau d’exigence scientifique tout en renouvelant et en diversifiant ses publications. De nouvelles rubriques consacrées aux débats sont apparues, notamment les « Lectures critiques » qui ont vocation à accueillir des débats historiographiques. Une politique de diffusion numérique des différentes publications a été mise en place. Un carnet de recherche de la revue (« Actualités des études anciennes », www.reainfo.hypotheses.org) a vu le jour, avec des ambitions claires : constituer sous format numérique un relais d’informations sur les activités et les publications dans le domaine des études anciennes, s’adresser à un public plus large que les seuls spécialistes des disciplines académiques, proposer des contenus inédits sous la forme de comptes rendus, de conférences ou de billets, le tout relayé par les réseaux sociaux.

Forts de cet héritage et de ces acquis, nous avons proposé une orientation nouvelle à la REA qui est d’abord passée, au cours de ces derniers mois, par une refonte complète des textes qui régissent l’organisation et la gestion de la revue. De nouveaux statuts accordent un rôle important au comité éditorial et au conseil scientifique dans la définition de la politique éditoriale. Paritaires et internationaux, reflets aussi du caractère pluridisciplinaire de nos publications, le comité et le conseil rassemblent des spécialistes reconnus et soucieux d’assurer, pendant un mandat de cinq ans, le rayonnement de la revue et son développement éditorial. Revue plurilingue, foncièrement pluridisciplinaire, la REA n’est le relais d’aucune école ni d’aucune discipline particulière. Elle tient là sa force et sans doute une part de son originalité dans le paysage scientifique. Mais ce constat nous oblige, autant qu’il nous invite à définir des perspectives éditoriales si, à sa place et à sa mesure, la revue souhaite jouer un rôle dans le champ de la recherche. Sous cet angle, quelques convictions et exigences continueront à nous animer. Il s’agit en premier lieu de rester fidèle à cet héritage pluridisciplinaire de la revue qui a toujours su accueillir aussi bien des articles de philologie et d’histoire que des contributions d’épigraphie, de philosophie antique ou d’histoire de l’art concernant l’ensemble du monde méditerranéen antique. Mais, dans un contexte scientifique marqué par de puissantes dynamiques, à commencer par la multiplication des études archéologiques ou l’abandon d’un tropisme exclusivement gréco-romain, la REA tient aussi à se faire le reflet de la diversité des sciences de l’Antiquité telles qu’elles se font, en élargissant ses horizons géographiques et thématiques, par exemple aux sociétés du Proche-Orient, en intégrant aussi le regard de l’anthropologie historique ou en renouant avec une tradition de publications à forte teneur archéologique. Dans un contexte de multiplication des supports de publication et de redéfinition des modes d’expression scientifique, la revue restera attachée à une publication sous format papier qui, loin d’être une forme dépassée, constitue un atout pour sa diffusion et son rayonnement. Mais ce principe continuera à être conjugué avec une attention particulière à la diffusion numérique d’une très grande partie de ses contenus. Forte d’une expérience de cent vingt-trois ans et fidèle à cet héritage, la REA entame ainsi un nouveau chapitre de son histoire et ouvre aujourd’hui des chantiers qui n’ont qu’un objectif : servir les sciences de l’Antiquité autant que les chercheuses et les chercheurs qui les font vivre, en rendant accessibles et disponibles leurs travaux et leurs découvertes.

À toutes et à tous, au nom du comité éditorial, du conseil scientifique et de l’équipe d’édition, je souhaite une bonne lecture.

Laurent Capdetrey

Directeur de la publication de la Revue des Études Anciennes