Résumé. –Le premier vers de l’Oreste d’Euripide a été l’objet d’interprétations divergentes pour sa construction et son sens. La plupart des commentateurs pensent que le débat est clos depuis que S. Musgrave a avalisé l’interprétation de Cicéron, faisant de ὧδε un intensif portant sur δεινὸν et d’εἰπειν un infinitif complément de cet adjectif. Mais la façon dont le philologue interprète la traduction de Cicéron pose des problèmes. C’est pourquoi la question ne peut être considérée comme tranchée. Pour nous, le groupe ὧδ̓ εἰπεῖν ἔπος forme un tout indissociable, sans être pour autant une atténuation ironique du propos d’Électre. Le groupe, rejeté en fin de vers, sert au contraire à mettre en valeur l’adjectif tragique par excellence : δεινόν. Finalement la lecture du premier vers induit une certaine compréhension de la pièce. Pour être moderne, ce dramaturge n’en reste pas moins « le plus tragique des poètes ».
Abstract. – The first line of Euripides’ Orestes has been the object of divergent interpretations of its syntax and meaning. Most commentators have considered the discussion closed since Musgrave advocated the interpretation by Cicero, who took ὧδε as an intensive modifying δεινὸν and εἰπεῖν as an infinitive introduced by δεινὸν. But Musgrave’s interpretation of Cicero’s translation raises reservations, so the question should not be considered settled. As we see it, the group ὧδ̓ εἰπεῖν ἔπος expresses a unit of thought but is not an ironic attenuation of Electra’s sentiment. To the contrary, the group, relegated to the end of the line, emphasizes the tragic adjective «par excellence», δεινόν. All things considered, this reading of the first line leads to a persuasive understanding of the play. No matter how modern, this playwright is nevertheless “the most tragic of poets”.
Mots-clés. – Les Atrides, Tantale, Oreste le matricide, Scholies, tradition indirecte, le « terrible », le « δεινόν », sentences, sens de ἔπος, vulgate.
Keywords. – The Atreids, Tantalus, Orestes the matricide, scholia, the indirect tradition, the « δεινόν », gnomic sentences, meaning of ἔπος, the vulgate.
Christine AMIECH