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Ce livre rassemble les actes du neuvième colloque consacré aux textes médicaux latins, qui s’est tenu à Manchester en septembre 2007. Vingt-six contributions en français, anglais, italien, espagnol et allemand, sous la plume de jeunes chercheurs comme de savants reconnus, sont réparties en trois sections et précédées d’une brève synthèse en guise de préface, rédigée par l’un des deux éditeurs, David Langslow. Chacune est précédée d’un résumé en anglais ou, plus rarement, en français. Sous le titre « Médecine gréco-romaine, langage médical et socio-linguistique », la première partie regroupe sept articles consacrés à la diffusion des textes grecs au sein du monde romain. H. von Staden y distingue chez Celse des illustrations à la fois de la tradition médicale grecque et de nouveaux modes de représentations du corps. F. Le Blay rappelle, à propos des pores de la peau, le lien entre la pensée médicale et philosophique. G. Marasco montre l’importance de la diffusion des textes médicaux, perceptible dans l’Antiquité tardive par les nombreuses références et citations. B. Maire présente la « traduction-adaptation » latine par Mustio des traités gynécologiques de Soranos et y voit un indice de l’intérêt de la femme comme objet d’étude à part. I. Mazzini s’intéresse au lexique latin des expressions populaires et vulgaires pour désigner des parties du corps humain. M. Baldin examine la pertinence de l’emploi de quelques termes médicaux chez Plaute, Salluste et Juvénal. D. Crismani, enfin, se penche sur un passage illustrant le mal d’amour dans les Métamorphoses d’Apulée. La deuxième partie, intitulée « Textes, transmission et réception », rassemble onze communications. G.V.M. Haverling présente des remarques sur la traduction latine, dite ravennate, des Aphorismes hippocratiques et, sur le même sujet, M.E. Vazquez Bujan insiste sur la complémentarité entre cette traduction et le commentaire latin aux Aphorismes. S. Sconocchia revient sur l’antidotos hiera transmise par Scribonius Largus et sa diffusion, tandis que K.-D. Fischer offre des compléments à Scribonius par des versions du texte de l’antidotos Zopyri. Sur Caelius Aurelianus, A.M. Urso montre l’intérêt des notes marginales de l’editio Rovilliana et F. Messina identifie des fragments des Gynaeciorum libri de Soranos repris par Caelius Aurelianus et présents dans la traduction latine de la Synopsis ad Eustathium d’Oribase. M. Cronier étudie l’influence des trois traductions latines de Dioscoride sur le texte approximativement alphabétique du Liber Dyascoridis, diffusé à partir du XIIe siècle. A. Ferraces Rodriguez analyse la réutilisation des fragments de Dioscoride et de Thessalos de Tralles d’après des passages de deux manuscrits. V. Nutton propose d’attribuer un petit traité pseudogalénique, le De virtute centaureae, au médecin Thémison de Laodicée, fondateur de l’École méthodique. A. Garcia Gonzalez consacre ses lignes à un glossaire médico‑botanique inédit du XIe s., l’Agriocanna, qui présente des doctrines pré-salernitaines. P.P. Conde Parrado et M.J. Pérez Ibañez analysent des passages du De medicina de Celse dans le Thesaurus de Robert Estienne (1531). La troisième partie présente huit textes groupés en « Mots, significations et champs lexicaux ». C. de la Rosa Cubo observe l’usage des termes amo et amor dans les textes médicaux latins consacrés à la sexualité. A.I. Martin Ferreira fait de même avec puer/puella et infans. R. Passarella examine le vocabulaire de la digestion, de Celse jusqu’au Ve siècle et M. Pardon Labonnelie, à partir de l’exemple du terme epiphora, souligne le maintien, dans la langue médicale latine, de rares hellénismes avec un sens très précis. J.P. Barragan Nieto passe en revue l’origine et l’emploi du terme haemorrhois de Celse à la Renaissance. P. Gaillard-Seux ouvre le dossier des morsures, piqûres et empoisonnements dans l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien, qui fait la part belle à la magie. V. Gitton-Ripoll étudie le champ sémantique de « écraser, broyer, piler » dans la préparation des médicaments et s’efforce de préciser le sens des différents termes. Un dialogue entre un médecin et un philosophe dans les Saturnales de Macrobe est l’occasion pour Ph. Mudry de définir le statut de l’art médical et en particulier de la capacité à conjecturer, d’après l’étude de ratio et de coniectura chez Celse et Caelius Aurelianus.
Une bibliographie commune de trente‑neuf pages, renvoyant clairement pour chaque mention à l’article concerné, ainsi que des indices des passages commentés et des termes grecs et latins permettent d’accéder rapidement à une information exacte et utile.
L’ensemble offre au philologue, à l’historien ou à tout lecteur curieux et intéressé par la médecine et les sciences antiques, une belle synthèse qui illustre, grâce à des approches variées, relevant tant de l’ecdotique, de l’édition des textes ou de leur transmission que de la sémantique, tout l’intérêt des textes médicaux dans l’histoire de la pensée entre l’Antiquité, le Moyen‑Âge et la Renaissance.

Évelyne Samama