Paru dans une collection allemande de petits livres destinés à initier un vaste public à des sujets variés, cet ouvrage envisage l’histoire de la littérature latine à travers celle de ses genres littéraires. C’est ainsi en adoptant cette approche bien connue des lecteurs francophones, à travers notamment Les genres littéraires à Rome (R. Martin et J. Gaillard), que T. Baier parcourt la période allant de Livius Andronicus (240 av.) à Censorinus (240 apr. J.-C.), dont le De Die natali est tenu pour « das letzte datierbare Werk der römischen Literatur » (p. 8 ; 123). Sont ainsi successivement envisagées la poésie (p. 9-81), à travers l’épopée, la poésie didactique, le théâtre, la satire, la poésie lyrique, puis la prose (p. 81-123), à travers l’historiographie, le roman, le genre épistolaire, la rhétorique et la philosophie, l’antiquarisme et la littérature technique ; les premiers auteurs chrétiens (Minucius Felix, Tertullien) ne sont qu’effleurés en une vingtaine de lignes, en fin de volume. Chaque section suit pour l’essentiel un même plan : d’abord est présenté le genre lui-même, ses origines et, souvent, son lien avec le modèle grec, puis, selon l’ordre chronologique, chacun des auteurs qui l’a illustré. Pour ceux-ci sont signalés les éléments biographiques, les principaux testimonia, le contexte de la rédaction, la description des ouvrages et, parfois, l’influence qu’ils ont exercée. Les impératifs d’une collection axée sur la synthèse et la vulgarisation, le nombre réduit de pages et la masse des informations « incontournables » rendent difficile l’expression d’un point de vue personnel. Quelques déséquilibres, tant dans la présentation des genres (plus de sept pages pour l’élégie, incluant une intéressante digression sur le paraklausithyron ; 6 lignes pour l’historiographie) que dans celle des auteurs (les tragédies largement perdues de Pacuvius occupent plus de place que les 10 livres de Lettres de Pline le Jeune), semblent toutefois laisser apparaître les domaines de prédilection de T. Baier. De même, dans sa description des oeuvres, il tend à s’attacher davantage aux aspects philosophiques et moraux qu’au style et à la langue par exemple. Au total, l’on peut certes regretter certaines absences (Publilius Syrus, Cornelius Nepos, Labeo, Valère Maxime, Frontin, le Dialogue des Orateurs, les gromatiques…), le fait que certains ouvrages soient un peu rapidement traités (l’Octavie, les Satires de Juvénal, les Histoires de Tacite, les Questions Naturelles de Sénèque…) ou que, parmi les genres, la biographie ne reçoive pas un traitement séparé ; de même, sur l’un ou l’autre point, on aurait attendu plus de nuances (sur le rapport entre Tite-Live et Auguste, sur l’identification de Pétrone avec le Petronius Arbiter mentionné par Tacite, sur l’absence de vision historique de Suétone…). Il n’empêche qu’aucun fait essentiel n’est omis et qu’on ne peut qu’être impressionné par la qualité informative de ce petit volume, qui est de surcroît très agréable à lire et dans lequel on trouvera un guide précieux.
Olivier Devillers