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Caligula traîne derrière lui une sombre réputation d’empereur fou et cruel. A. Arcellaschi, professeur honoraire des Universités, a tenté d’essayer de comprendre pourquoi le successeur de Tibère avait agi comme il l’a fait. Pour cela, il a imaginé qu’en 40 ap. J.-C., quelques mois avant son assassinat, le fils de Germanicus avait décidé de dicter à ses scribes une espèce d’autobiographie et de tenir une sorte de journal intime. Quant à la mort du tyran, elle fait l’objet d’une prétendue missive de l’affranchi Pallas à Agrippine. L’ancien professeur de littérature latine s’appuie solidement sur les historiens antiques, mais les faits sont présentés ici du point de vue de Caligula et entourés des justifications que celui-ci est censé en donner. Cela nous vaut un récit plein de vie, au style un peu recherché comme il sied à un prince. Il se lit d’autant plus agréablement que notre collègue ne se prive pas de nous faire quelques clins d’oeil ; ainsi reconnaîtra-t-on des références à notre culture actuelle, dans des titres de chapitres, comme « La force du destin », « Le roi s’amuse », etc., ou dans des expressions : par exemple, les « bibelots abolis » de la p. 6 font irrésistiblement penser aux « abolis bibelots » de Mallarmé ! Impossible d’être insensible aux allusions à des événements contemporains : un chapitre est intitulé : « De la Germanie à la Bretagne : la drôle de guerre » ; la phrase de la p. 282 : « j’aimerais pouvoir ‘dégraisser’ ce corps, ce corporatisme dangereux » rappellera des souvenirs à certains ! Les jeux sur les mots ou les sonorités abondent, comme le titre « Tâtons du Teuton », pour n’en citer qu’un. En lisant les réflexions sur les Lyonnais le lecteur se souvient que l’auteur a enseigné plusieurs années à l’université Jean Moulin – Lyon 3. Durant toute sa carrière, A. Arcellaschi a toujours eu le souci de s’adresser autant aux spécialistes qu’au grand public. Cet ouvrage va dans le même sens. Les événements relatés donnent l’occasion de décrire des realia, comme, entre autres, la cérémonie du triomphe ou un mariage romain, de parler d’étymologie ou d’évoquer l’histoire et la mythologie. Ce livre, à la fois sérieux et enjoué, scientifiquement appuyé sur les sources antiques et faisant oeuvre de vulgarisation, plaira à tous, surtout lorsque dans une seconde édition (que nous lui souhaitons !) il sera débarrassé des quelques coquilles qui subsistent.

Lucienne Deschamps