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La Crète, île conservatrice dans l’imaginaire collectif, occupe une place particulière au cœur de la Méditerranée. Son histoire, riche et complexe, interpelle plus d’un chercheur, quel que soit son domaine d’étude. De l’Antiquité à l’époque moderne en passant par la période byzantine et l’occupation vénitienne, la Crète livre – si tant est que l’on ait réussi à appréhender son essence si particulière -, de grandes diversités et pourtant une unité tout à fait remarquable. Les textes réunis dans ce volume font la part belle aux concepts d’identités, d’altérités et de figures, en tant que clefs de compréhension de la culture crétoise. L’avant-propos est écrit à trois mains, celles des organisateurs du colloque. Patrick Louvier est maître de conférences en histoire contemporaine : spécialisé dans l’étude des conflits maritimes et de la marine dans le monde méditerranéen à l’époque contemporaine, il a étudié les interventions navales militaires et humanitaires, en acquérant une connaissance approfondie des nombreux conflits armés qui ont eu lieu autour de la Crète durant ces derniers siècles. Philippe Monbrun est maître de conférences en histoire grecque : l’essentiel de ses recherches porte sur la figure d’Apollon et sur l’analyse des mythes, discours et images grecques liés à cette divinité, ce qui l’a mené à étudier de plus près la figure de l’archer, se rapprochant alors des études crétoises. Enfin, Antoine Pierrot, lui aussi maître de conférences en histoire grecque, s’intéresse aux rôles joués par les animaux dans l’Antiquité classique et tardive, plus particulièrement en Crète par le biais de l’étude du taureau sauvage.

Ces trois chercheurs travaillent au sein de l’EA 4424, Centre de Recherches Interdisciplinaires en Sciences humaines et Sociales (C.R.I.S.E.S), qui a pour axe de recherche principal les notions de continuité et de rupture en s’interrogeant plus particulièrement sur les crises identitaires. Le thème de ce colloque et son large spectre chronologique découlent de l’interdisciplinarité de cette équipe de recherche, abordant les identités, altérités et figures crétoises sur le long terme, de l’Antiquité à nos jours, en croisant plusieurs disciplines parmi lesquelles l’archéologie, l’histoire, la philologie, la sociologie et la philosophie. L’idée poursuivie est de mettre en valeur la diversité culturelle de la Crète, en reconsidérant les représentations et les figures crétoises célèbres, de l’époque minoenne, en passant par les minorités des époques médiévales et modernes comme les Arméniens ou les Crétois musulmans, pour arriver aux différents conflits qui ont secoué l’île jusqu’à l’époque contemporaine[1]. L’ouvrage est publié aux éditions Ausonius : il convient d’en souligner la qualité du travail d’édition, qui rend l’ouvrage agréable à la lecture et à la consultation.

Les actes sont divisés en trois parties distinctes mais complémentaires. La première s’intitule Figures identitaires et regroupe des articles portant sur des « figures » variées du fait de leur nature propre, mais aussi du contexte chronologique et historique dans lesquels elles s’insèrent, et symboles de l’identité crétoise. Les deux premiers articles portent sur le taureau sauvage en Crète : celui d’E. Baratay étudie l’importance des jeux de taurokatapsie dans le domaine de la corrida et son rôle dans la construction identitaire méditerranéenne à travers des sources variées : écrits de philosophes, d’écrivains, de dramaturges ou encore œuvres de peintres surréalistes. L’article d’A. Pierrot s’attarde sur la figure du taureau sauvage dans l’univers symbolique et religieux de la Crète antique, et propose une étude zoologique qui tend à prouver que l’auroch est une espèce endémique de Crète, expliquant ainsi pour partie la fascination éprouvée pour l’animal par le peuple minoen. L’auteur prend en considération à la fois les supports iconographiques et les recherches paléo climatiques et écologiques.

Ph. Monbrun étudie de façon conjointe trois éléments essentiels de la construction identitaire crétoise depuis l’Antiquité : le chasseur à l’arc, la chèvre sauvage et le dictame, en faisant le lien entre elles. Il met en parallèle des textes antiques (comme par exemple les écrits de Théophraste) avec des textes de botanistes et d’explorateurs des XVe et XVIe siècles, pour montrer combien les légendes antiques, qui parfois s’avèrent proches de la réalité, n’ont cessé de contribuer à la formation de l’esprit populaire des montagnards crétois. On s’approche ici du « temps long » de Fernand Braudel, concept qui mérite d’être retenu et exploité pour la compréhension de la construction de ces figures identitaires crétoises. D’autres figures font également l’objet d’une étude approfondie : P. Brûlé dans son article part d’une inscription retrouvée à Gortyne et datée de 250 avant J.-C. pour dresser un portrait du pirate et naufrageur crétois, en opérant un parallèle inattendu avec les côtes atlantiques françaises. La démonstration est convaincante, bien que l’auteur n’utilise que peu la notion de figure identitaire, toutefois sous-jacente à l’étude.

Pour la période moderne, P. Frost aborde la question de la figure identitaire crétoise à travers un évènement traumatique : le tremblement de terre qui frappa l’île en 1508. Les traces écrites montrent combien l’ampleur de ce séisme marqua les esprits : le récit de ces émotions met en exergue l’importance des moments de crises dans une société, qui tendent à renforcer ou atténuer les identités collectives liées aux catégories ethniques ou sociales. L’auteur reste toutefois consciente que la mise par écrit de ce type d’émotions implique une sorte de codification en fonction des règles culturelles qui régissent l’élaboration des sources, et qu’il faut donc les considérer avec prudence. G. Dédéyan évoque l’histoire des Arméniens en Crète entre le Xe et le XVIIe siècle, et le rôle qu’ils jouent dans la construction des communautés, principalement sous domination byzantine et vénitienne. Il est cependant dommageable que l’auteur n’utilise pas de façon plus approfondie la notion de « figures identitaires » ou « d’altérité », pour mieux s’insérer dans les thématiques qui servent de fil rouge à l’ouvrage.

Enfin, pour la Crète contemporaine, les figures identitaires sont étudiées par F. Rousseau à travers l’analyse des choix muséographiques d’un Musée de la Guerre situé à Askifou, une institution qui cherche à maintenir vivante la mémoire de la résistance crétoise durant la seconde guerre mondiale. Cette étude montre à quel point la guerre fait partie intégrante de l’identité crétoise, mais également comment ces choix rejettent un certain régime mémoriel. Pour finir, A. Tanstiropoulos, dans son article sur la vendetta en Crète, explique la permanence de cette pratique par le fait qu’elle constitue un phénomène influant dans les pratiques, les choix et les actes des individus et des groupes en raison de la place prédominante des relations de parenté dans l’organisation de la société. Par le biais de l’étude sociologique de ce phénomène, l’auteur aborde de façon plus élargie la construction sociale des communautés crétoises d’aujourd’hui.

La première section du volume propose donc huit articles centrés autour de la notion de figures identitaires : l’intérêt d’une approche plurielle et transdisciplinaire est d’observer les différentes définitions de cette notion et comment elles interviennent dans le raisonnement des chercheurs. La réunion autour d’un seul concept complexe permet de développer une approche innovante des sources documentaires et ainsi une analyse plus approfondie des catégories sociales, politiques, religieuses et culturelles présentes en Crète, quelle que soit l’époque étudiée.

La seconde partie de l’ouvrage s’intitule Regards savants, et regroupe cinq articles divers du fait de leur méthodologie et de leur sujet de recherche, s’intéressant de plus près aux regards de savants, à la fois grecs et européens, sur la Crète. Le premier article, de J.-L. Le Quellec, propose une contribution très détaillée et passionnante qui retrace le « regard savant » de l’Abbé Breuil sur des données iconographiques éthiopiennes mises en relations avec l’imaginaire crétois. Il rappelle à juste titre que les données archéologiques sont soumises aux aléas de l’interprétation du chercheur, et que celui-ci est lui-même sous le joug de ses propres conceptions et présupposés. La recherche historiographique nous montre bien combien ces éléments se sont apposés aux restes matériels. Cet article s’intègre parfaitement dans les thématiques de l’ouvrage, puisqu’il étudie la manière dont les figures identitaires crétoises sont porteuses d’altérité, celle-ci étant due, dans la plupart des cas, à l’altérité même du chercheur. Il me semble que cet article constituerait un parfait cas d’étude à exposer à tout jeune chercheur, pour l’avertir des dangers d’une vision trop limitée ou trop empêtrée de conceptions modernes, et les dérives que cela peut engendrer dans la recherche archéologique.

M. Bile choisit d’aborder les figures et l’altérité crétoises en proposant une synthèse des connaissances sur la situation linguistique de la Crète antique, entre la fin du IIIe millénaire et l’ère chrétienne, correspondant à la fin des attestations épigraphiques du dialecte crétois. S’appuyant sur le célèbre passage de l’Odyssée (XIX, 175-177), elle repose la question de l’hétérogénéité à la fois linguistique et ethnique de l’île. Pour esquisser des éléments de réponse, elle reprend les dossiers épigraphiques des cités de Praisos et Dréros, en mentionnant d’ailleurs des données provenant des fouilles récentes sur ce dernier site[2]. Elle souligne que l’écriture et la langue sont des parties intégrantes de l’identité crétoise. Son étude prouve que, bien que l’altérité linguistique soit enracinée en Crète, une certaine unité se détache dans la norme linguistique en rapport avec les institutions et le pouvoir. L’étude de ces faits linguistiques reste toutefois difficile en l’absence de déchiffrement de certaines écritures, et sans le recours à la sociologie et à l’ethnologie pour dépasser le schéma souvent simpliste apposé aux structures sociales crétoises. Selon l’auteur, ce serait le seul biais par lequel l’énigme de l’identité plurielle crétoise pourrait être percée[3].

R. Benoit-Meggenis étudie l’identité crétoise sous l’Empire byzantin à travers les regards savants des écrits et légendes monastiques. En effet, après la reconquête byzantine, l’apparition d’une littérature dite hagiographique sur Nicéphore II Phocas aura un grand impact sur la création et le maintien d’un lien idéologique entre la Crète et l’Empire byzantin, preuve que les écrits monastiques jouaient un rôle dans la vie politique, militaire et idéologique de l’Empire.

Suit un article de H. Duchêne sur les frères Reinach et leur rôle dans l’exploration de la Crète, ainsi que sur l’importance du regard savant qu’ils y ont posé pour l’historiographie moderne. Il utilise pour cela les sources épistolaires et montre encore une fois combien les études des spécialistes, sous le joug des impératifs politiques contemporains, ont pu influencer les interprétations archéologiques (il rejoint ainsi les propos tenus par J.-L. Le Quellec.). Ici, les notions d’identité, d’altérité et de figure sont employée pour désigner les grands archéologues, historiens, philosophes et poètes qui ont forgé l’image de la Crète dans l’esprit européen.

Enfin, le dernier article de cette section, écrit par P. Louvier, étudie la manière dont les savants français ont utilisé le concept de « nation » dans le règlement des affaires crétoises à la fin du XIXe siècle. Ce dernier article aurait pu apparaître dans la section suivante, celui-ci ne mentionnant que peu les regards savants mais s’axant davantage sur les implications politiques de l’ingérence européenne dans les affaires crétoises. De manière générale, plusieurs articles de cette section, bien que fort intéressants, peinent parfois à faire le lien avec la thématique générale. Il aurait été avantageux pour la cohérence du dossier que les axes et les problématiques sous-jacentes soient toujours bien explicités, de façon à préciser le statut de chacun des articles au sein de l’ouvrage.

La troisième et dernière partie de l’ouvrage est intitulée À l’ombre des puissances ; elle regroupe huit articles qui analysent la place politique, religieuse et stratégique que l’île tient dans les conflits passés et présents pour le contrôle de la Méditerranée orientale. Ceux-ci sont classés par ordre chronologique.

P. Kossmann étudie les relations entre les Lagides et les cités crétoises, en dressant un catalogue des sources épigraphiques. L’île étant un point central sur les routes de navigation qui menaient de l’Égypte à la Grèce continentale, elle s’inscrivait dans le jeu des rivalités entre souverains hellénistiques pour la maîtrise du bassin égéen. L’auteur tire de l’étude de ces sources un tableau de la situation politique de la Crète sous la domination lagide, mais l’on peine à retrouver ici un raisonnement sur l’impact de cette domination sur la construction de l’identité crétoise, ce qui est dommageable pour l’unité de l’ouvrage.

L’article de F. Chevrollier est, quant à lui, un excellent exemple d’étude de l’identité crétoise à travers le remploi de stèles épigraphiques. Bien que l’occupation romaine modifie en profondeur les structures de la société et donc les modes d’expression des identités, l’auteur souligne que ces modifications ont trop souvent été définies sous la forme d’une opposition totale entre les Crétois et les Romains, alors que les deux sociétés sont en réalité perméables l’une à l’autre. Les données matérielles prouvent en effet qu’il y avait, sur l’île, considérée trop souvent comme fermée et conservatrice, des interactions culturelles avec le monde extérieur. Les identités étaient en constante évolution, et l’auteur les appréhendent à travers des approches empruntées à la sociologie et l’anthropologie sociale. Il prend pour objet d’étude le célèbre Code de Gortyne, mis en valeur dans le centre politique de la cité à chaque reconstruction. Le texte possédait une valeur symbolique suffisamment importante pour que les habitants souhaitent le conserver, devenant ainsi un support essentiel dans la reproduction de l’identité civique ainsi qu’un support mémoriel et patrimonial. Suit une étude sur l’hymne à Zeus Diktaios, retrouvé dans le sanctuaire de Palaikastro et conservé entre le Ve et le IIIe siècle de notre ère, qui joue un rôle dans la reprise de certaines structures sociales collectives disparues à la fin de l’époque grecque, à un moment de crise identitaire due à l’arrivée de population d’origine italique. La réutilisation de textes anciens joue un rôle essentiel dans le renouveau d’une identité structurant la communauté : il ne s’agit pas de contrer les modes de vie romains, mais de permettre aux différentes identités de coexister et de s’enrichir mutuellement.

L’article suivant proposé par C. Giros étudie la Crète au sein de la stratégie militaire et politique byzantine, entre le IXe et le Xe siècle de notre ère, lors de la domination arabo-musulmane. La Crète durant ces deux siècles a non seulement été un enjeu stratégique entre Byzance et l’Islam pour le contrôle de la mer Égée, mais également un enjeu identitaire, autour de la conversion des habitants à l’une ou l’autre religion. La reprise de l’île par les troupes de Nicéphore II Phocas en 961 ouvre une nouvelle phase historique en Méditerranée, et le passage d’une domination à l’autre joue un rôle essentiel dans l’évolution et le passage à une nouvelle identité.

M. Balivet analyse de façon plus générale la dichotomie qui existe en pays crétois entre le conservatisme, les révoltes identitaires et la grande perméabilité culturelle qui caractérise l’île, pour les périodes médiévale et moderne. En s’appuyant sur des sources documentaires diverses, il met en évidence la spécificité de l’identité crétoise, qu’il aborde d’un point de vue sociologique, mais également sa diversité et sa pluralité en rappelant les différents conflits qui ont meurtri l’île et qui, par le biais de transferts ou de rejets culturels, ont façonné les identités de ses habitants.

H. Heyriès s’intéresse à la figure des Garibaldiens en Crète entre 1866 et 1869, en soulevant le problème de l’oubli, puis du rappel à la mémoire collective de leur rôle dans les conflits crétois lors de l’abolition de la souveraineté ottomane. Ceux-ci, bien qu’ayant combattu en Crète, sont exclus de la mémoire hellénique et leur réhabilitation ne se fait que tardivement, à la fin du XIXe siècle, par le biais d’une recomposition artificielle de la mémoire, créant ainsi une sorte de mythe qui aura une influence sur la vision que les occidentaux se font de l’identité crétoise.

J.-M. Delaroche propose une analyse du contexte social et politique de la création d’une gendarmerie crétoise sous le joug d’une commission internationale réunie en 1896, en prenant tour à tour un point de vue institutionnel, puis un point de vue socio-culturel. Il s’agit ici de comprendre comment un modèle européen a été appliqué à l’environnement crétois, quelles en furent les réussites, les problèmes et les déconvenues.

Le dernier article de cette troisième section est signé par F. Pascual ; il élargit le champ de recherche à la Seconde Guerre Mondiale en s’intéressant à la célèbre campagne de Crète et en s’attardant sur les sources muséographiques crétoises, mais surtout australiennes et néozélandaises. Cet article dégage les traits propres des lieux de mémoire institutionnels liés à la bataille de Crète, et en souligne les absences afin de mieux comprendre la politique mémorielle mise à l’œuvre après le conflit.

Après avoir présenté les différentes problématiques et la méthodologie qui structurent les articles de ce volume, il convient de proposer une synthèse plus générale. Ce colloque a réuni de nombreux chercheurs de divers horizons, et l’interdisciplinarité présente ici doit être appréciée à sa juste valeur ; au fil des pages le lecteur comprend à quel point la compréhension de l’ensemble de l’histoire crétoise à travers le prisme de la construction identitaire est essentielle pour tout chercheur, qu’il soit antiquisant, médiéviste, moderniste ou contemporanéiste. En effet, la spécificité de la Crète réside dans un conservatisme souvent souligné et mis en exergue, mais étroitement combiné à une grande ouverture vers les cultures extérieures, dans un savant et subtile mélange de diverses influences qui ont jusqu’à nos jours une incidence sur la vie des Crétois et sur la vision que la Grèce et les pays européens en ont. C’est ce que F. Chevrollier souligne dans la conclusion de son article : l’île semble être une zone d’ « acculturation » où coexistent plusieurs identités, qui s’enrichissent plutôt que se combattent.

Les auteurs des articles emploient, pour répondre aux problématiques concernant les identités, altérités et figures crétoises, des sources variées : archéologiques, épigraphiques, linguistiques, iconographiques, historiques ou encore épistolaires et journalistiques, mais également fondées sur les recherches paléo climatologiques et écologiques. Les écrits de philosophes, d’écrivains, de dramaturges ou encore les œuvres artistiques et les données muséographiques sont elles aussi employés, au même titre que des comparaisons ethnologiques et sociologiques. Les auteurs font toutefois preuve de prudence lors de l’utilisation de chacune de ses sources.

Également intéressant dans les articles de la seconde section est la mise en évidence du rôle des chercheurs modernes, de leurs visions et de leurs présupposés sur la compréhension de l’identité crétoise. Dans la plupart des articles de ce colloque, on parle de véritables identités crétoises lorsque l’on s’attache à des sources archéologiques ou épigraphiques, mais on aborde également les identités crétoises construites par la vision des savants étrangers sur l’île, ce qui enrichit notre compréhension de la construction des figures, des identités et des altérités crétoises. Cependant, d’autres articles n’exploitent pas de façon approfondie les notions directrices d’« identité », d’« altérité » et de « figure », ce qui aurait pu apporter un éclairage supplémentaire et extrêmement intéressant à leurs analyses. Cela n’enlève cependant rien à leur qualité intrinsèque.

En conclusion, la lecture de ces actes est recommandée pour tous les chercheurs intéressés à la Crète, puisqu’ils permettent d’appréhender une partie de la complexité de ces identités insulaires, bien que de nombreuses autres études restent encore à mener pour espérer un jour percer le mystère du particularisme crétois.

Claire Camberlein

mis en ligne le 28 juin 2016

[1] Le colloque Afti inè i Kriti ! s’est déroulé en même temps que le colloque DIKIDA : « De la chaîne du Diktè au Massif de l’Ida : géosciences, archéologie et histoire en Crète de l’Âge du Bronze récent à l’époque archaïque » qui s’est tenu à Strasbourg. Celui-ci réunissait des chercheurs internationaux intéressés à la Crète, ce qui explique que la plupart des communications portent sur les périodes médiévale, moderne et contemporaine, et que peu d’entre elles s’intéressent à la période antique.

[2] Le site fait l’objet depuis 2009 de nouvelles campagnes de fouilles par l’École Française d’Athènes sous la direction d’Alexandre Farnoux en collaboration avec l’Éphorie d’Aghios Nikolaos représentée par Vassiliki Zografaki. Elles ont permis la mise au jour d’une nouvelle inscription encore inédite et toujours en cours d’étude.

[3] Cet article aurait pu être placé dans la première partie de l’ouvrage, puisqu’il traite principalement des questions d’identité crétoise.