L’ouvrage fait le point sur les nouvelles méthodes d’interprétation et les nouvelles connaissances philologiques des oeuvres d’art antiques, conçues comme des systèmes iconographiques et mythologiques fermés dans lesquels chaque élément concourt à la définition et à la signification de l’ensemble. Le volume se répartit en trois volets thématiques, chacun introduit par F.-H. Massa-Pairault et correspondant à des séminaires différents. Le premier porte sur l’interprétation des oeuvres disparues et est consacré à de grands programmes figuratifs de l’archaïsme grec. M. Menichetti cherche dans le bouclier d’Achille une idée de ce qu’était la mémoire héroïque ; M. Torelli trouve dans le bouclier pseudo-hésiodique d’Héraclès des correspondances avec l’art figuratif du début du 6e siècle av. J.-C. et le présente comme une somme des valeurs aristocratiques archaïques de ces années. F.-H. Massa-Pairault fait du larnax des Cypsélides à Olympie un manifeste de la tyrannie corinthienne à Olympie et discerne des « harmoniques » d’ordre religieux, moral, politique dans chaque chôra. A. Faustoferri propose une date haute pour le trône d’Amyclées et plus tardive pour le Chalkioikos, dont les messages diffèrent, la Sparte du plein archaïsme pour l’un, la Sparte hoplitique pour l’autre. Un deuxième volet s’applique au mouvement qui va de la narration à l’abstraction et à l’acquisition de la narration par les contacts avec d’autres peuples. Il compare des domaines, des périodes et des formes artistiques différentes de peuples dits périphériques. M. Consiglia, M. Anzivino et M. M Mazzei interprètent en fonction du contexte le symbole solaire des deux oiseaux en position héraldique, les personnages isolés et les couples et les narrations sur les céramiques dauniennes d’entre le 9e et le 5e siècle av. J.-C. A. Ciancio distingue dans la zone centrale des Pouilles indigènes une influence de la chôra de Métaponte dans la production céramique de style géométrique des 7e et 6e siècles av. J.‑C‑C. G. Gadaleta et M.A. Sisto examinent les différents niveaux du phénomène de récit « à la grecque » en Messapie, entre la seconde moitié du 6e et le 5e siècle av. J.-C. L. Todisco note la persistance de thèmes narratifs rendus à la manière attique dans la céramique apulienne du 4e siècle av. J.‑C‑C. pour une clientèle qui ne pouvait pas acheter de vases grecs. R. Olmos s’attache aux différents sens de l’image du lion au cours des temps dans l’iconographie ibérique. T. Tortosa montre que les modes de narration iconographiques changent selon la participation sociale et les rites religieux. A. Rapin fait le point sur de nouvelles analyses des images des Celtes. Enfin, un troisième volet s’attache aux images de la femme et des objets du mundus muliebris comme manifestations de la vie et des valeurs féminines et comme témoins de l’identité sociale, culturelle et individuelle de la femme. F.-H. Massa-Pairault réexamine le sarcophage de Gümüşçay. Pour l’Étrurie, N. Lubtchansky revient sur la tombe du Baron de Tarquinia et dégage plusieurs images-symboles sans fil narratif. M. Giuman discerne sur des epinetra à la fois des images de la bonne et de la mauvaise femme. M. Menichetti montre le passage des valeurs d’Athéna à celles d’Aphrodite, puis à celles d’Héra sur un cratère de la production italiote du Peintre de Dolon. F. C Colivicchi analyse l’usage féminin du strigile et l’emploi masculin du miroir. G.L. Grassigli cherche à découvrir l’imaginaire de la domina sur les représentations de femmes dans les domus tardo-antiques. Le livre, d’une richesse exceptionnelle, atteint son objectif, offrir une vision éclairante de la création des images et des systèmes de représentation de l’Antiquité, tout en rendant compte de la complexité des phénomènes culturels qui président à la formation et à l’utilisation de ces images.
Marie-Laurence Haack