Cet ouvrage, écrit par G. Weinberg et E.M. Stern traite des verres découverts sur l’Agora d’Athènes entre 1931 et 1972. Il est divisé en 6 chapitres retraçant la typologie des formes de verres entre l’époque classique et la période médiévale. Il comporte 214 pages, 23 figures et 36 planches. Tous les fragments dont il est question dans l’ouvrage sont dessinés et photographiés. La bibliographie est très complète. À la fin de chaque chapitre, les auteurs ont choisi de faire apparaitre le catalogue des différents fragments dont il a été question. Dans l’introduction, les auteurs font remarquer à quel point les fragments de l’Agora sont cruciaux pour les études des vaisselles en verre car la plupart proviennent de contextes bien datés. C’est pourquoi, ils ont été classés dans ce volume par époques et non pas par formes ou par critères stylistiques ou techniques. Les auteurs traitent ensuite des contextes de découvertes des fragments de verres, en détaillant pour chaque époque, le type de verre retrouvé. Puis elles expliquent la façon dont elles ont monté leur catalogue qui comprend le numéro d’inventaire, la bibliographie, le contexte de découverte, les dimensions du fragment, la description, les parallèles et la date.
Tous les chapitres sont construits de la même manière. Ils sont divisés par techniques de production et ensuite par types de récipients ou de décoration.
Le chapitre 1 traite des vaisselles en verre des périodes classique et hellénistique. La première production est la technique du moulage sur noyau qui était répandue depuis la deuxième moitié du IIe millénaire a.C. jusqu’au Ier siècle p.C. Ces fragments sont classés en trois groupes « méditerranéens ». Le groupe 1 enregistre le plus de fragments datés entre le milieu du VIe siècle a.C. et la fin du Ve/début du IVe siècle a.C. Les ateliers de ce groupe, probablement grecs, produisaient quatre formes : l’alabastre, l’amphorisque, l’oenochoé et l’aryballe. Ces récipients sont diffusés en Ionie et jusqu’en Mer noire, à l’ouest jusqu’en Espagne. Les fragments du groupe 2 sont à situer entre le milieu du IVe siècle a.C. et la fin du IIIe siècle a.C. L’alabastre reste la forme la plus répandue. Ces vaisselles sont présentes en Grèce orientale et en Italie centrale et du Sud et un des centres producteurs pourrait se trouver en Macédoine. En ce qui concerne le groupe 3, il regroupe des formes du milieu du IIe siècle a.C. aux premières décennies du Ier siècle a.C. Deux formes sont dominantes : l’alabastre et l’amphorisque. Elles étaient probablement produites à Chypre ainsi qu’à Rhodes.
Le second type dont les auteurs parlent dans ce chapitre est celui des vaisselles moulées d’époque hellénistique. Les récipients moulés existent depuis le VIIIe siècle a.C. en Mésopotamie. Au Ve siècle a.C., ils apparaissent partout en Méditerranée orientale. Mais ce n’est qu’à partir du IIe siècle a.C. qu’une production à grande échelle sera lancée. À cette époque, le verre est très prisé comme coupes à boire, plus que la céramique moins attirante et le métal trop cher. Cette production débuta dans la zone syro-palestinienne. La forme principale étant un bol soit cannelé soit décoré de rainures, le deuxième type dérivant des bols achéménides en métal. Les bols les plus communs montrent des rainures à l’intérieur. Ils imitent le récipient en céramique de la fin de l’époque hellénistique communément appelée mastos. La diffusion de ces bols atteint toutes les régions de la Méditerranée.
Dans le chapitre 2, les auteurs reviennent sur ces verres moulés mais avec deux nouvelles formes de bols qui servaient certainement de vaisselles de table dans la vie de tous les jours, ce qui semble expliquer leur grande popularité. De plus, les coupes étaient côtelées ce qui les rendait moins fragiles. Ces dernières datent de l’époque augustéenne, elles sont originaires de Méditerranée orientale mais sont diffusées dans toutes les régions de l’empire romain, au moins jusqu’à la fin du Ier siècle p.C. en Europe occidentale. L’autre groupe de bols est similaire à ceux avec des rainures mais les parois sont plus fines. Ils datent du milieu du Ier siècle a.C. jusqu’au troisième quart du Ier siècle p.C. Là encore, ce type est retrouvé dans toute la Méditerranée.
Au début de l’Empire, des vaisselles en verre polychrome et en mosaïque ont également été retrouvées. Les vaisselles en mosaïque étaient très luxueuses, elles poursuivent une tendance débutée dans l’orient méditerranéen à l’époque hellénistique. La production principale se situait en Italie. Le verre reticelli montrant un décor en damier est une autre technique qui prend sa source à l’époque hellénistique. Il est fabriqué en Europe occidentale et très rare en Méditerranée orientale. Le dernier type est le verre rubané d’or qui est une version sophistiquée du verre mosaïqué. Comme les deux autres types, il est originaire d’orient méditerranéen et de l’époque hellénistique. Une forme était prédominante : l’alabastre. Au début de l’Empire, les formes et les couleurs changent. La production se situait probablement en Italie à partir de la première moitié du Ier siècle p.C.
Certaines vaisselles en verre ont un profil qui rappelle celui de vases en céramique. Elles sont divisées en deux groupes : les formes fines translucides monochromes, probablement produites en Italie et les formes fines opaques monochromes qui existaient déjà à la fin de l’époque hellénistique.
En ce qui concerne les vaisselles avec des reliefs, elles ne sont pas très communes. Il existait également des bouchons en verre pour les bouteilles mais seulement un exemplaire a été découvert sur l’Agora.
Ensuite la technique du soufflage à la volée fait son apparition. Sur l’Agora, les premières vaisselles soufflées datent de la période augustéenne et viennent d’ateliers d’Italie ou d’Europe occidentale. Les auteurs détaillent ensuite les différentes formes et décorations des vaisselles de table en verre soufflées. Entre environ 10 et 70 p.C., les verriers italiens imitèrent les céramiques en argent. Cependant, la toute première forme réalisée au soufflage était une bouteille bulbeuse avec un col étroit. Ces récipients contenaient des onguents et des parfums pour les plus petits et servaient au service à table pour les plus grands. Il existait également des unguentaria de couleur vert‑bleuâtre.
À côté des verres soufflés, coexistent des vaisselles soufflées et moulées. Elles sont produites dès la première décennie du Ier siècle p.C.
Le chapitre 3 parle des verres du milieu de l’empire romain. À cette époque, les techniques de moulage et de formage sur moule convexe coexistent avec celle du soufflage à la volée. En ce qui concerne les premières, nous retrouvons les verres mosaïqués, maintenant produits par les ateliers égyptiens. Le groupe de « Sackrau » est une vaisselle soigneusement formée et finie par polissage. Un certain nombre de vaisselles incolores est également présent. Bien qu’à l’époque, le verre moulé ne soit plus très utilisé, on s’en sert encore pour ces plats et bols qui ont une forme angulaire précise, impossible à faire avec la technique du soufflage. Ils sont communs dès les premières décennies du IIe siècle p.C. Au IIIe siècle p.C. les vaisselles avec décorations de haut-relief sont encore très prisées, en particulier celles avec des inscriptions. Un rare exemplaire de « cage cup » est présent sur l’Agora. Ces coupes étaient les produits les plus sophistiqués de l’époque impériale. La deuxième moitié du chapitre présente les différents fragments de verre soufflé de l’Agora. Enfin dans une troisième partie les auteurs traitent des vases de stockage de forme carrée ou cylindrique moulés ou soufflés que l’on trouve durant toute l’époque romaine.
Dans les chapitres 4 et 5, qui traitent de la fin de l’Antiquité, les verres moulés ont complètement disparu et seuls les verres soufflés et les vases de stockage sont encore présents. La forme des récipients change légèrement entre le IVe siècle p.C. et les Ve-VIIe siècles p.C.
Enfin le dernier chapitre, assez succinct, évoque les vaisselles soufflées des IXe au XIIe siècles p.C., des XIIIe au milieu du XVe siècles p.C. et du milieu du XVe au XVIIIe siècles p.C.
Après ces six chapitres, les auteurs évoquent les contextes de découvertes dans lesquels les verres ont été retrouvés et qui permettent de dater les fragments.
Cet ouvrage assez complet présente un grand panel de vaisselles en verre entre l’époque classique et le milieu de l’époque impériale. Bien que l’ouvrage traite également des fragments de la fin de l’Antiquité jusqu’au XVIIIe siècle, leur rareté sur l’Agora ne permet pas d’avoir une vision complète pour ces périodes. Chaque technique de production est bien expliquée et les auteurs retracent à chaque fois les différentes personnes ayant travaillé dessus ainsi que les origines, la diffusion et les différentes formes de récipients. Les dessins et les photos sont de qualité comme toujours pour un volume de l’Agora d’Athènes.
Cécile Rocheron