Dans sa section « Bloomsbury Academic », Bloomsbury a déjà fait paraître une série de manuels destinés à l’enseignement du grec et du latin. Nous avons rendu compte de deux d’entre eux pour les lecteurs de la Revue des Études Anciennes (https://revue-etudes-anciennes.fr/hunt-s-starting-to-teach-latin-londres-bloomsbury-2016-192-p-bibliogr-index-ill-isbn-978-1-4725-3791-1/), parmi lesquels Latin to GCSE (Part 1 & Part 2) de H. Cullen et J. Taylor. Cette année, la suite en quelque sorte de ce « Latin pour le GCSE », le « Latin après le GCSE », dont la première parution remonte à 2009, vient de faire l’objet d’une seconde édition révisée. Ces ouvrages sont destinés en priorité à des élèves anglais. En effet, le GCSE, « General Certificate of Secondary Education » est un diplôme obtenu dans une matière spécifique par des étudiants du secondaire de quatorze à seize ans, en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord. Les livres de H. Cullen et J. Taylor se proposaient de conduire un débutant intégral au niveau de cet examen en tenant compte du programme de cette épreuve : déclinaisons, conjugaisons à l’actif et apprentissage d’un vocabulaire de deux cent cinquante mots latins. Le manuel de J. Taylor dont nous livrons aujourd’hui la recension va plus loin puisqu’il inclut toute la grammaire, propose davantage de vocabulaire, aborde les termes poétiques, apprend à scander les hexamètres dactyliques ainsi que les distiques élégiaques et fait passer l’élève des simples phrases inventées par l’auteur à des textes latins adaptés, puis à des extraits non retouchés de grands écrivains. Les cursus français n’étant pas identiques, nos collègues auront peut-être du mal à ne pas se perdre entre « AS-level » (Advanced subsidiary level), « A-level » (Advanced level, qui concerne des jeunes du secondaire de dix-sept à dix-huit ans et convient pour l’entrée à l’université), et autres particularités de l’OCR (Oxford Cambridge and RSA, bureau organisateur d’examens dont Bloomsbury est partenaire pour le latin) , — même si évidemment la morphologie et la syntaxe de la langue de Rome ne changent pas selon les pays !
Les conseils destinés à faciliter l’apprentissage ne s’adressent qu’à des Britanniques : par exemple, p. 30, il est expliqué que bien que « if » soit interchangeable avec « wether » dans une interrogation indirecte, le latin si n’est utilisé que dans une proposition conditionnelle ; ailleurs on trouve des références à l’« old-fashioned English » ; pour faire comprendre l’emploi du pluriel à la place du singulier, J. Taylor écrit, p. 140, « like Queen Victoria’s we are not amused ».
Les trois premiers chapitres qui expliquent les règles grammaticales contiennent des exercices consistant en de courtes phrases de version et de thème. Les chapitres suivants visent la pratique. Le chapitre 4 commence par une série de textes brefs adaptés d’auteurs latins (Cicéron, Tite Live, etc.) dont le vocabulaire est fourni. Viennent ensuite des extraits, toujours « adaptés », suivis d’un questionnaire portant sur leur signification. Le chapitre se termine par des phrases de thème. Le chapitre 5 concerne précisément le « A-level ». Il contient d’abord des passages de Tite Live (dont certains sont retouchés et d’autres non) accompagnés de vocabulaire, puis des passages d’Ovide précédés d’informations sur la versification latine et de conseils pour traduire les vers. On y rencontre ensuite des extraits d’auteurs divers (adaptés ou non) sur lesquels portent des questions vérifiant la bonne compréhension ou la connaissance des règles grammaticales. Le chapitre se clôt sur des textes anglais d’une dizaine de lignes chacun à traduire en latin. Le chapitre 6 propose des lectures : les pages de Cornelius Nepos sur les rapports entre Alcibiade et Athènes, celles de Quinte-Curce sur les relations d’Alexandre et Porus, celles de Tite-Live sur Horatius Cocles et Mucius Scaevola, des réflexions tirées des Tusculanes de Cicéron à propos de l’attitude qu’on doit avoir face à la mort, enfin les lignes que consacre Tacite au grand incendie de Rome. Dans tous les cas il s’agit de textes authentiques dont le vocabulaire est fourni. La dernière partie du livre est composée d’un résumé de la syntaxe latine, des déclinaisons et des conjugaisons, d’une liste de mots sujets à confusion, de termes à significations multiples, de préceptes de prononciation, d’aperçus sur les noms des Romains, la façon d’indiquer la date à Rome, la monnaie, les poids, les mesures. Une page environ donne les « Roman rulers », de Romulus (dont est évoqué l’ancêtre Énée) à Hadrien ; deux pages indiquent les « most famous and important writers » (on est surpris de ne trouver ni Plaute ni Térence, par exemple, parmi ces écrivains les plus fameux et les plus importants). Vient, avant l’index final, un glossaire des termes grammaticaux, que suivent un lexique anglais-latin et un lexique latin-anglais d’environ mille deux cents mots correspondant au vocabulaire exigé par l’OCR pour le niveau d’examen préparé.
Ce livre est complété par des ressources consultables sur internet.
C’est la grande richesse qu’offre ce manuel en textes et en exercices qui est susceptible d’être utile à des Français. Ils devront toutefois rester attentifs car il y a quelques fautes d’impression et des formes comme redeudi (p. 70) au lieu de redeundi (pour n’en citer qu’une) risquent de laisser des élèves interloqués !
Lucienne Dechamps, Université Bordeaux Montaigne
Publié en ligne le 05 février 2018