Depuis l’ouvrage de David Braund paru en 1994[1], et en mettant de côté celui de Stephen H. Rapp Jr.[2] qui se focalisait sur les aspects iraniens de la question, on n’avait pas relevé de livre synthétique portant sur l’ancien royaume de l’Ibérie du Caucase jusqu’à cette publication de Frank Schleicher, enseignant‑chercheur à l’Université d’Iéna[3]. Cette synthèse s’inscrit dans la continuité de ses travaux, comprenant notamment la codirection d’un volume collectif de contributions portant sur le même sujet[4]. Il peut être déjà énoncé sans l’ombre d’un doute qu’il s’agit, par son ampleur et sa qualité, d’un travail très important et fort estimable dans le champ des études caucasiennes[5].
La structure de l’ouvrage distingue, après une courte introduction (p. 11-20) et un chapitre initial dédié aux sources (p. 21-38), un développement consacré à la géographie historique (p. 39-54), avant un chapitre diachronique exposant les événements ayant concerné le royaume ibère depuis la conquête de Pompée en 65 av. J.-C., et qui accorde la part belle à l’époque tardive (p. 55-226). Viennent ensuite les parties thématiques, le chapitre IV étant consacré aux structures sociales et à l’appareil administratif (p. 227-318), puis le chapitre V sur les enjeux culturels, intégrant notamment des considérations sur l’invention de l’écriture géorgienne (p. 319-374), le chapitre VI ayant trait aux dynamiques religieuses (p. 375-456), le chapitre VII dédié aux aspects économiques (p. 457-477), et enfin le chapitre VIII revenant sur l’histoire politique à travers les questions liées à l’information, à la guerre, aux rapports entre la royauté et la noblesse, ainsi qu’aux relations entretenues avec les empires voisins (p. 479-524). La conclusion (p. 525-532) et le résumé en anglais (p. 533-538) établissent les principales avancées de l’étude : le rôle charnière occupé par l’Ibérie entre le domaine iranien, le monde romain et les peuples alano‑sarmates du nord ; l’intérêt d’utiliser les sources locales, notamment les documents géorgiens et arméniens, pour renseigner les aspects sociaux et culturels ; les enjeux liés à l’ethnogenèse et à l’étude des relations transfrontalières amenant à considérer des territoires à population mixte, comme la Gogarène mêlant Arméniens et Ibères, qui tinrent un rôle majeur dans les dynamiques communes à ces peuples, notamment la christianisation ; la relative faiblesse du pouvoir royal à l’égard de la force des aristocraties et des élites locales ; les grandes similitudes structurelles entre les sociétés et les institutions d’Arménie et d’Ibérie, notamment sur la question du pitiaxat[6] ; la prégnance de la culture iranienne dans les divers domaines de la vie quotidienne ; les crispations nées du conflit entre christianisme et mazdéisme, notamment au VIe siècle avec l’intensification de l’emprise sassanide par l’implantation d’un marzbān en Ibérie ; l’adaptabilité des orientations géopolitiques au sein des élites dirigeantes d’un royaume qui devait faire preuve de flexibilité pour pouvoir tirer son épingle du jeu dans les rivalités romano-iraniennes.
Les annexes du livre comprennent un corpus sélectif de documents iconographiques plutôt appréciable (p. 621-640) ainsi qu’une carte assez utile, même si, en s’inspirant davantage des travaux de Richard Talbert[7], de Robert Hewsen[8] et d’Otar Lordkipanidze[9], elle aurait pu gagner encore en précision, notamment sur la Moschique et ses environs, où les sites de Vani et d’Acquri auraient mérité d’apparaître, ainsi que Żalisi et C‘ixiagora en Šida K‘art‘li. Les erreurs orthographiques sont rares en dehors des références étrangères dans la bibliographie (Oustamos plutôt qu’Uštamos, p. 30 ; Braund n. 183 p. 87 ; of Georgia p. 552 ; chez les montagnards p. 559 ; cour des Sassanides p. 559 ; Mongolia, Mongol p. 560 ; Parthian p. 561 ; vint-il p. 561 ; Catalogue p. 562 ; Achéménides p. 562 ; Evangelica p. 563 ; protocole p. 564 ; attributed p. 565 ; Abstracts p. 570 ; les Séleucides et les Parthes p. 576 ; etimologie iraniche p. 584 ; Zoroastrianism, Cambridge p. 588 ; Bas p. 594 ; légions, Sacral p. 596 ; Up‘lisc‘ixe p. 642).
Le regard documenté, prudent et équilibré de Frank Schleicher exerce sa haute aptitude à manier des sources et des références bibliographiques fort diverses et éparses, notamment à l’égard de la grande diversité linguistique des documents et des travaux sur l’univers caucasien. Il concilie harmonieusement l’apport des spécialistes du domaine gréco‑romain et des iranisants pour dépeindre le tableau tout en nuances d’une Ibérie du Caucase engagée dans une histoire complexe, tourmentée et, il faut le dire, belle par la diversité des mondes qui s’y sont rencontrés. Frank Schleicher sait tracer son chemin parmi les analyses de ses prédécesseurs, en évitant sagement les écueils des historiographies nationales comme le compartimentage des disciplines de recherche. On peut le suivre dans la presque totalité de ses conclusions, en relevant seulement un petit nombre de points de détail, sur lesquels les avis peuvent légitimement diverger.
En s’inspirant de l’analyse donnée par Roland Bielmeier[10]. Frank Schleicher s’appuie sur l’édition de la Chronique d’Hippolyte de Rome (c. 170-235) par Adolf Bauer[11] pour voir le peuple des Bêranoï comme une partie des Ibères qui aurait fait scission du pouvoir royal établi à Armazi (n. 204 p. 91-92). L’édition de Rudolf Helm[12] lit quant à elle Bibranoï, un peuple dont le nom comporterait aussi une certaine ressemblance avec les Ibères. L’idée d’une scission est intéressante car elle permettrait d’expliquer l’absence de certains rois ibères comme Flavius Dadès ou encore Oustamos Eugenios dans les chroniques géorgiennes[13]. Cependant, les peuples du Caucase étant fort nombreux et mal connus, nombre d’ethnonymes et de toponymes livrés par les sources antiques n’ont pas trouvé de localisation précise. Qui plus est, la Chronique d’Hippolyte est sur ce point fort succincte et ne mentionne pas, entre autres, les peuples caucasiens des Svanes, des Silves ou encore des Lupéniens attestés chez Pline l’Ancien[14]. Les Boranes du Pont‑Euxin ne pourraient-ils pas être une possibilité alternative[15] ? On sait notamment par Appien et par le Pseudo-Scymnos que des Ibères étaient installés hors d’Ibérie[16], tandis que le royaume ibère était formé d’un agrégat de peuples et de communautés fort diverses[17]. Il ne faudrait donc pas tirer de la mention isolée d’un ethnonyme original la preuve définitive d’une division politique du royaume ibère.
Concernant le plat du roi Flavius Dadès, Frank Schleicher le date d’une période postérieure à 251 d’après les monnaies retrouvées dans la tombe (n. 306 p. 112). Cependant, l’auteur omet de signaler la présence d’un nom d’un particulier gravé par une autre main, celui de Makedon, qui suppose que ce plat a été réemployé et qu’il est donc possiblement plus ancien que sa dernière inhumation[18]. Il faut dire que le fac-similé de l’article de David Braund est partiel et qu’il vaut mieux se reporter à celui d’Andria Ap‘ak‘iże[19].
Partageant l’avis d’Udo Hartmann qui considère les indications de l’Histoire Auguste comme fictives[20], Frank Schleicher (p. 87) ne fait pas grand cas de l’assertion donnée par cette source tardive sur les initiatives diplomatiques entamées par les Ibères avec d’autres peuples iranisés, les Tauroscythes et les Bactriens, afin de secourir Valérien après sa capture par Šāpūr[21] Ier. Cette information est cependant importante car elle pourrait donner la cause même d’une intervention des Sassanides en Caucasie du sud pour instaurer un pouvoir ibère favorable à leur domination, et dont le résultat se trouve dans l’allégeance du roi Amazasp consignée dans l’inscription trilingue de Naqš-e Rostam, datable au plus tôt de 262[22]. L’Histoire Auguste fait ensuite des Ibères des ennemis du peuple romain en les plaçant parmi les peuples vaincus par Aurélien dans la foulée de sa victoire sur Zénobie[23]. Même s’il faut prendre en compte le penchant affabulateur de l’Histoire Auguste, l’auteur de cette source semble néanmoins avoir compris dans une certaine mesure le tournant géopolitique qui s’est opéré dans le Caucase au cours des années 260. La numismatique confirme aussi une interruption des monnaies romaines en Ibérie entre 260 et les années 280, ce qui irait dans le sens d’une profonde inflexion des rapports entre Romains et Ibères durant cette période[24]. Le récit épigraphique livré par le mage Kirdīr souligne que l’implantation du culte mazdéen dans sa version iranienne par le pouvoir sassanide, au sein d’un certain nombre de territoires comprenant l’Ibérie, s’est accompagnée de guerres et de violences, ce qui à mon avis tend à renforcer le caractère de rupture du changement d’alliance opéré en Ibérie[25]. Les chroniques géorgiennes font état aussi d’un conflit qui provoqua la mort d’Asp‘agur, auquel succéda Mirian, installé sur le trône ibère par le šāhān šāh[26]. Des liens matrimoniaux entre l’ancien et le nouveau pouvoir royal se sont très probablement constitués, expliquant peut-être que le roi iranophile Amazasp porte un nom issu de l’ancienne dynastie ibère[27].
La proposition de Frank Schleicher (p. 99, 505), visant à placer la conversion de Mirian au christianisme à l’époque de Constance II plutôt qu’à l’époque de Constantin, est audacieuse dans la mesure où elle va à l’encontre des historiens ecclésiastiques basés sur le récit de Rufin d’Aquilée[28]. Elle prend appui sur la mention d’un roi ibère appelé Méribanès chez Ammien Marcellin[29], et formule l’idée que la conversion de la famille royale d’Ibérie devait prendre appui sur un contexte d’alliance politique avec Rome qui se ferait voir davantage dans les années 340-360 plutôt que dans les décennies précédentes. En dépit du caractère stimulant de cette hypothèse, il faut bien questionner la pertinence de l’identification du Mirian des sources géorgiennes, dont le règne est contemporain de celui de Constantin (une donnée confirmée par l’historien arménien Moïse de Khorène)[30], avec d’autre part le roi Méribanès d’Ammien Marcellin actif en 360, soit une vingtaine d’années plus tard. Cyril Toumanoff, coutumier des conciliations parfois forcées entre les sources classiques et les sources caucasiennes, identifiait Méribanès avec un Mirian très âgé au bout de ses 77 ans de règne…[31] J’incline à penser que le roi ibère Méribanès d’Ammien Marcellin serait plutôt un descendant homonyme du premier roi chrétien Mirian. Selon cette dernière hypothèse, il ne serait pas nécessaire de bouleverser les repères chronologiques sur la conversion des Ibères sous Constantin, attestés autant par les sources gréco‑romaines qu’arméniennes et géorgiennes. En tout cas, le fait que les chroniques géorgiennes fassent de Mirian le fondateur d’une nouvelle dynastie pro-sassanide[32] apparaît bien comme une construction a posteriori, car le moment le plus propice à un tel renversement politique en Ibérie se situe au début des années 260, soit quatre ou cinq décennies environ avant la période attestée du règne de Mirian[33].
Autre personnage ibère ayant joué un rôle important dans la christianisation de la Caucasie du sud et dont le parcours demeure débattu : Bacurius, prince ibère devenu officier de l’armée romaine à l’époque de Valens et de Théodose, que Frank Schleicher pense possible d’identifier avec Bak‘ar, fils de Mirian (n. 270 p. 105). En dehors de la proximité onomastique et d’une concordance chronologique approximative, il n’y a, en réalité, pas de preuve définitive assurant cette hypothèse. Il faut rappeler que les personnages portant des noms proches voire similaires à celui de Bacurius sont assez nombreux pour rappeler la prudence nécessaire à ce genre d’identification[34]. La réticence de Frank Schleicher (p. 123-125, p. 334-335) à prendre en compte le témoignage explicite de Zosime[35] affirmant la mort de Bacurius lors de la bataille de la Rivière Froide en 394 s’explique peut-être par le poids à mon avis excessif donné à l’interprétation traditionnelle[36] identifiant ce général romain avec un roi Bakur ou Bakurios, censé avoir régné au début du Ve siècle d’après les récits arméniens de Koriwn[37] et de Moïse de Khorène[38], le témoignage géorgien de la Liste Royale II dans la Conversion du K‘art‘li[39], ainsi que la version syriaque de la Vie de Pierre l’Ibère[40]. Si Zosime est bien le seul auteur à mentionner le décès du général Bacurius en 394, Rufin d’Aquilée et ses continuateurs demeurent néanmoins très vagues sur la période durant laquelle Bacurius aurait exercé ses fonctions royales ou princières[41]. Enfin, aucune des sources en langues syriaque, arménienne et géorgienne précitées n’indique de passé militaire dans l’armée romaine pour leurs Bakur, Bak‘ar ou Bakurios, de telle sorte qu’en toute rigueur, on ne doit pas utiliser leur témoignage pour fusionner le général du IVe siècle et le dynaste du Ve siècle. Il m’apparaît en conséquence que la qualité royale ou princière de Bacurius s’est appliquée au début de sa vie, avant son enrôlement dans l’armée romaine entre la fin des années 360 et la bataille d’Andrinople où il combattit, et non pas à l’époque de la mise par écrit de son récit sur la conversion des Ibères au début du Ve siècle par Rufin d’Aquilée, qui cherchait visiblement à produire sous son meilleur jour la qualité de son témoin en soulignant le titre le plus élevé (mais pas le plus récent) de son curriculum vitae[42].
Un officier de l’armée romaine du IVe siècle de l’ère chrétienne, nommé Barzimerès, est considéré par Frank Schleicher comme un Ibère (p. 330-332). Or, les trois mentions d’Ammien Marcellin à son sujet demeurent fort parcellaires[43] : la seule indication explicite pouvant aider à déterminer leur origine réside dans le fait que son collègue Daniel et lui-même « connaissaient parfaitement le pays » (hi locorum gnaritate confisi)[44] où ils se trouvaient en campagne, à savoir, dans ce passage, la partie de l’Arménie située en amont de l’Euphrate, assez loin de l’Ibérie donc. Un autre indice se situe dans l’onomastique du nom de Barzimerès : un échange par courriel avec Simon Brelaud me conduit à écarter l’hypothèse d’une origine sémitique, la forme la plus proche de ce côté-là étant le nom théophore Bar Samya, bien qu’il fût très attesté justement sur l’Euphrate à l’époque romaine, en raison du fait cependant que le semkath araméen n’aurait pas été rendu ainsi en latin[45]. La piste iranienne est donc en effet à privilégier, étant donné que les noms commençant par Barz- (« haut, élevé ») et par Burz- (« exalté ») sont bien attestés dans la documentation[46]. Contrairement à ce que l’auteur signale dans une petite faute d’inattention (n. 64 p. 331), je ne considérais pas ce personnage comme un Germain[47]. En tout cas, les noms d’origine iranienne étaient largement répandus à travers la Caucasie du sud, de telle sorte que Barzimerès aurait pu également être Arménien ou issu d’un autre peuple de la région. Faut-il le considérer avec Frank Schleicher (n. 60 p. 330) comme un candidat possible pour l’identification du personnage royal venu rejoindre l’armée de Valens vers 368 et mentionné anonymement par Thémistios ? La chose est possible dans l’absolu, mais comme aucune autre source ne le mentionne explicitement, on en demeure encore au stade de l’hypothèse[48].
Quelques omissions sont par ailleurs à signaler, dans la perspective d’une approche exhaustive de l’histoire ibère qui prenne en compte l’ensemble des documents à notre disposition. Le récit de Moïse de Khorène sur les origines du royaume ibère, particulièrement original, mentionne l’existence d’une classe de nobles, les Sêp‘êcoul, dont seraient originaires les anciens rois du pays ; il délivre aussi un conte fictif sur la déportation de captifs issus de l’Ibérie hispanique par Nabuchodonosor et emmenés dans le Caucase, sur l’ordre d’Alexandre le Grand, par un ancien satrape perse nommé Mihrdat, duquel descendraient les dirigeants de la marche arméno-géorgienne de Gogarène[49]. Il se trouve que Mihrdat est l’un des noms les plus couramment usités par les rois ibères du Ier siècle de l’ère chrétienne, et que la tradition relative à l’installation fictive d’un officier perse par Alexandre dans le Caucase rappelle à certains égards le récit relatif à Azoy (appelé aussi Azon), dirigeant d’un royaume irano-ibère appelé l’Arian-K‘art‘li, et conservé dans les premières chroniques géorgiennes de la Vie du K‘art‘li ainsi que de la Conversion du K‘art‘li[50]. En outre, dans la genèse du royaume ibère, il aurait aussi fallu souligner davantage le rôle joué par Mithridate Eupator, qui séjourna en Ibérie d’après une précieuse indication fournie par Flavius Josèphe[51] ; le roi du Pont ainsi que son allié Tigrane d’Arménie influencèrent très probablement l’apprentissage de la politique internationale par les élites ibères[52]. D’autre part, les traditions relatives au roi K‘arżam / K‘art‘am, attesté à la fois chez Moïse de Khorène ainsi que dans les chroniques géorgiennes de la Vie des Rois et de la Liste Royale I, auraient pu être convoquées pour mettre en lumière les liens d’inspiration mutuelle entre les traditions historiographiques arméniennes et géorgiennes[53]. Sans trop entrer dans les détails, les relations de l’Ibérie avec le royaume du Bosphore Cimmérien et les rives septentrionales de la Mer Noire auraient pu être davantage soulignées, dans la mesure où elles sont visibles à travers un ensemble de sources littéraires, épigraphiques et iconographiques ; leur témoignage le plus marquant fut probablement le mariage d’un dirigeant ibère, peut-être Mirian comme l’indique la tradition géorgienne, avec la fille du roi bosphoréen Ioulios Thothorsès (r. 285-305)[54]. Le rôle de la veuve Samżivari d’Acquri dans la conversion des Mesxes, sorte de pendant au cycle de Nino, souligne également la place majeure de certaines femmes prophétesses détenant une autorité sur l’aristocratie en Caucasie du sud[55].
Plusieurs autres omissions concernent l’apport des sources épigraphiques et glyptiques. La reine Oulpia Naxia est ainsi connue par un anneau à gemme gravée[56]. L’inscription grecque de Kathas trouvée à Kavt‘isxevi renseigne sur les pratiques honorifiques au sein de l’aristocratie d’Ibérie centrale[57]. L’inscription de Pharanousès (KGIG 188) trouvée à proximité de Cilkani, dans les environs de Mc‘xet‘a, et l’inscription fragmentaire KGIG 201 sur une possible « servante de Dieu » semblent figurer parmi les premiers témoignages épigraphiques sur l’ascétisme dans l’Ibérie tardo-ancienne[58]. On aurait pu aussi attendre quelques remarques sur l’inscription fragmentaire KGIG 200 qui semble faire référence à une dame de la cour ibère, Aurélie, en relation avec le roi Amazaspos le Grand et l’empereur Lucius Verus à l’époque antonine[59]. La gemme de Zeuachès et Karpak constitue un témoignage fort intéressant sur les couples aristocratiques de la capitale ibère[60]. La villa de Priskos (ou Priscus), ses mosaïques et ses inscriptions ornant son bâtiment thermal méritent de figurer parmi les témoignages les plus visibles de la culture gréco-romaine implantée en Caucasie du sud[61]. L’amulette d’Abraham fils de Sarah, constitue quant à elle l’un des rares témoignages archéologiques de l’Antiquité tardive à renseigner sur la présence d’une spiritualité juive ou judaïsante en Ibérie[62].
Si la bibliographie fournie en fin de volume (p. 541-599) est copieuse et donne une image plutôt fidèle de la diversité des travaux sur l’Ibérie ancienne, il reste cependant quelques références à ajouter pour compléter la liste. L’achèvement de ma thèse de doctorat est intervenu à une date trop tardive pour que Frank Schleicher ait pu la prendre en compte. Il aurait été bon en revanche de faire figurer l’étude de Medea Sherozia et de Jean-Marc Doyen sur les monnaies parthes trouvées en Géorgie[63]. Parmi les nombreuses publications géorgiennes d’accès et de qualité variables, la dissertation de Madona Mshvildadze à propos des toponymes ptoléméens de l’Ibérie présente un intérêt remarquable[64]. Il manque aussi la mention de certaines des dernières publications de l’épigraphiste Konstantin Ceret‘eli, particulièrement importantes pour la connaissance des inscriptions araméennes d’Ibérie[65]. Quelques travaux de Pierre Grelot, de Rika Gyselen, de Serge Mouraviev et de Giusto Traina sur le Caucase méritaient également d’être cités[66], ainsi que le livre de Christian Settipani avançant certaines idées intéressantes sur les liens dynastiques des élites ibères[67]. Il faut aussi désormais compter avec les travaux de Guillaume Sartor sur les fédérés ibères dans l’armée romano-byzantine de l’Antiquité tardive[68]. Enfin, l’ouvrage collectif dirigé par Gela Gamkrelidze, sorti la même année que le livre de Frank Schleicher, offre une synthèse remarquable des connaissances sur l’archéologie de l’Ibérie et de la Colchide[69].
Il est bon de terminer cette recension par l’actualité de la recherche ainsi que les perspectives ouvertes dans le champ des études historiques sur la Caucasie ancienne. Une autre publication, à laquelle Frank Schleicher a collaboré, devrait permettre de donner une lecture révisée de la stèle de Śargas, qui figure parmi les documents épigraphiques les plus importants pour l’histoire de la Caucasie du sud[70]. Nous travaillons également avec d’autres collègues sur la section caucasienne d’un projet encyclopédique portant sur les institutions politiques et religieuses de l’Antiquité tardive, dirigé par Ilhami Tekin Cinemre, de l’Université de Trabzon. Frank Schleicher me confiait aussi l’intérêt qu’il voyait à construire un autre projet éditorial, portant cette fois-ci sur la prosopographie des personnages historiques de la Caucasie méridionale, ce qui, compte tenu de la profusion et de la complexité de la matière documentaire en jeu, constituerait un défi tout à fait digne d’être relevé dans l’avenir. Les études d’onomastique iranienne auraient en effet beaucoup à gagner en prenant davantage en compte les documents caucasiens.
La principale question qui demeure ouverte consiste à déterminer l’apport exact des sources littéraires arméniennes et géorgiennes non plus seulement dans l’analyse des phénomènes sociaux et culturels, mais aussi dans la prosopographie et l’histoire événementielle. Deux écueils sont à éviter : l’approche naïvement fidéiste mettant sur un pied d’égalité les récits largement fictifs repris dans les chroniques médiévales avec d’autre part les données des sources anciennes plus fiables ; et, de l’autre côté, une position hypercritique qui prétendrait l’impossibilité qu’un noyau de faits ait pu subsister à travers ces traditions historiographiques de la Caucasie méridionale. Un vaste champ demeure ainsi à défricher, plus particulièrement dans l’étude des données de la Vie des Rois K‘art‘véliens, où les travaux futurs devront s’attacher à cerner davantage ses anachronismes, ses récupérations, ses filtrages théologiques et historiographiques opérés au moment de son édition à l’époque bagratide, afin de mieux discerner les quelques pépites relevant d’une mémoire plus ancienne des Ibères sur leur passé.
Si la richesse des matériaux documentaires relatifs à l’Ibérie caucasienne méritait pleinement que des travaux spécifiques lui soient dédiés, l’importance de l’approche comparée à l’échelle de la Caucasie du sud, notamment à l’égard des royaumes voisins, l’Arménie et l’Albanie du Caucase, doit inspirer plus que jamais la connexion des différentes histoires de cette région particulièrement fragmentée. La thèse d’archéologie de Sipana Tchakerian récemment soutenue, portant sur les stèles crucifères d’Arménie et d’Ibérie durant l’Antiquité tardive, illustre à merveille la fécondité de cette analyse transfrontalière[71]. L’occasion est toujours bonne pour rappeler l’importance d’une enquête interdisciplinaire croisant l’ensemble des sources afin de renouveler le regard porté sur le passé de ces sociétés antiques. La possibilité d’écrire un jour l’histoire conjointe des territoires de l’ancienne Caucasie du sud est à même de constituer un dessein dont la monumentalité ne doit pas dissuader l’esprit de curiosité.
Ces quelques limites et ouvertures présentées n’entament donc que fort peu le constat de la très grande qualité d’Iberia Caucasica. Ce livre remarquable de Frank Schleicher est un encouragement à l’ouverture et au décentrement du regard dans l’histoire de l’Antiquité, ainsi qu’à la prise en compte des sources non méditerranéennes dans la construction de notre savoir. L’ouvrage mérite de figurer parmi les classiques sur le sujet et inspirera, on peut l’espérer, les chercheuses et les chercheurs en sciences de l’Antiquité, au-delà du cercle restreint des spécialistes du Caucase.
Nicolas Preud’homme, Sorbonne Université , Inalco, Université de Florence
Publié dans le fascicule 2 tome 124, 2022, p. 650-659.
[1]. D. Braund, Georgia in Antiquity. A History of Colchis and Transcaucasian Iberia 550 BC-AD 562, Oxford 1994.
[2]. S. H. Rapp Jr., The Sasanian World through Georgian Eyes. Caucasia and the Iranian Commonwealth in Late Antique Georgian Literature, Farnham 2014.
[3]. F. Schleicher, Iberia Caucasica. Ein Kleinkönigreich im Spannungsfeld großer Imperien, Stuttgart 2021.
[4]. F. Schleicher, T. Stickler et U. Hartmann dir., Iberien zwischen Rom und Iran. Beiträge zur Geschichte und Kultur Transkaukasiens in der Antike, Stuttgart 2019.
[5]. Sauf indication contraire, les auteurs anciens grecs et romains sont cités en vertu des conventions éditoriales de la Collection des Universités de France. Pour davantage de commodité, les références en arménien, en géorgien et en russe ont été translittérées en caractères latins. Les termes d’Ibérie et d’Ibères sont employés concomitamment à ceux de K‘art‘li et de K‘art‘véliens qui désignent leurs équivalents dans les sources géorgiennes.
[6]. Le pitiaxat désigne l’institution d’inspiration iranienne qui se rapporte aux pitiaxes, désignant des vice-rois ou des gouverneurs de marche dont l’existence est attestée notamment en Ibérie et en Arménie. Cf. N. Preud’homme, Rois et royauté en Ibérie du Caucase, thèse de doctorat soutenue à Sorbonne Université, 2019, p. 295-316.
[7]. R. J. A. Talbert dir., Barrington Atlas of the Greek and Roman World, Oxford 2000.
[8]. R. H. Hewsen, The Geography of Ananias of Širak (Ašxarhac‘oyc‘) The Long and the Short Recension, Wiesbaden 1992. R. H. Hewsen, Armenia. A Historical Atlas, Chicago 2001.
[9]. O. Lordkipanidze, Archäologie in Georgien: von der Altsteinzeit zum Mittelalter, Weinheim 1991.
[10]. R. Bielmeier, « Zum Namen der kaukasischen Iberer », Nartamongæ 11, 2014, p. 293.
[11]. A. Bauer éd., Die Chronik des Hippolytos im Matritensis Graecus 121, nebst einer Abhandlung über den Stadiasmos Maris Graeci von O. Cuntz, Leipzig 1905, p. 118.
[12]. R. Helm éd., Hippolytus Werke, Band 4, Die Chronik, Berlin 19552, section 200 l. 13.
[13]. N. Preud’homme, Rois et royauté en Ibérie du Caucase, thèse de doctorat soutenue à Sorbonne Université, 2019, p. 619-624.
[14]. Pline l’Ancien, Histoire naturelle, édition de H. Rackham, VI, 29-30.
[15]. Zosime, Histoire nouvelle, I, 27, 1 ; I, 31, 1.
[16]. Appien, Histoire romaine, P. Goukowsky, éd., XII, 101, sur les Ibères de Chôtène à l’époque de Mithridate Eupator. Pseudo-Scymnos, Circuit de la Terre, D. Marcotte éd., F20 (925-37 D), mentionne des Ibères établis « en Arménie » et dans le voisinage du fleuve Phase.
[17]. N. Preud’homme, Rois et royauté en Ibérie du Caucase cité, p. 21-37, 316.
[18]. T. Kauchtschischwili, Korpus der Griechischen Inschriften in Georgien (désormais : KGIG), Tbilissi 1999-2000, n°261. N. Preud’homme, op. cit. n. 13, p. 619-621.
[19]. D. Braund, « King Flavius Dades », Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik 96, 1993, p. 46-50 ; A. Ap‘ak‘idze et al., Mtskheta : itogi arkheologicheskikh issledovaniy I. Arkheologicheskiye pamyatniki Armazis-Khevi po raskopkam 1937-1946 gg, Tbilissi 1958, fig. 26 p. 83.
[20]. U. Hartmann, « Iberien in der Historia Augusta » dans F. Schleicher, T. Stickler, U. Hartmann dir., Iberien zwischen Rom und Iran. Beiträge zur Geschichte und Kultur Transkaukasiens in der Antike, Stuttgart 2019, p. 54.
[21]. Histoire Auguste, « Vie des deux Valériens », O. Desbordes, S. Ratti éds., IV, 1.
[22]. P. Huyse éd., Die dreisprachige Inschrift Šābuhrs I. an der Ka‘ba-i Zardušt (ŠKZ), Londres 1999, § 44.
[23]. L’Histoire Auguste, « Vie d’Aurélien », XXXIII, 1, 4, mentionne des prisonniers ibères lors du triomphe de 274. Toutefois, cette même source range aussi les Ibères dans une liste de peuples orientaux qui auraient adoré Aurélien comme un dieu sur terre (« Vie d’Aurélien », XLI, 10). Il faut donc bien demeurer fort prudent à l’égard de la valeur historique des assertions de ce document controversé.
[24]. T. Dundua, G. Dundua, Catalogue of Georgian Numismatics, Part Two, Christianity, Mithraism and Islam. Coin Issues and Monetary Circulation in Iberia and Colchis / Lazica in the 1st-10th Centuries, Tbilissi 2014, p. 194-197 ; N. Preud’homme, op. cit. n. 13, p. 531.
[25]. P. Gignoux éd., Les Quatre inscriptions du mage Kirdīr. Textes et concordances, Paris 1991, p. 71 ; N. Preud’homme, op. cit. n. 13, p. 479.
[26]. Vie des Rois (K’art’lis C’xovreba), S. Qauxčhišhvili éd., 6211-6411.
[27]. N. Preud’homme, op. cit. n. 13, p. 138.
[28]. Rufin d’Aquilée, Histoire ecclésiastique, J.-P. Migne éd., X, 11 ; Socrate de Constantinople, Histoire ecclésiastique, G. C. Hansen éd., P. Maraval, P. Périchon (†) trad., I, 20 ; Théodoret, Histoire ecclésiastique, L. Parmentier éd., I, 24 ; Sozomène, Histoire ecclésiastique, J. Bidez, A.‑J. Festugière éd., II, 7 ; Anonyme de Cyzique (Pseudo-Gélase), Histoire ecclésiastique, G. C. Hansen éd., III, 10 ; Théodore le Lecteur, Epitome historiae tripartitae, G. C. Hansen éd., 32.
[29]. Ammien Marcellin, Histoire de Rome, XXI, 6, 8.
[30]. Moïse de Khorène, Histoire de l’Arménie, II, 86-88, A. et J.-P. Mahé trad., 1993, p. 238‑241.
[31]. C. Toumanoff, « Chronology of the Early Kings of Iberia », Traditio 25, 1969, p. 19‑21.
[32]. Vie des Rois K‘art‘véliens (dans le K‘art‘lis C‘xovreba), S. Qauxčhišhvili éd., 64.
[33]. N. Preud’homme, « 261 CE – Revolution in Caucasian Iberia », Institute of Georgian History Proceedings 14, Tbilissi 2018, p. 42-66.
[34]. Un plat d’argent tardo-antique mentionnant un roi Pakouros a été retrouvé en Abkhazie : N. Phiphia, « King Pacorus / Bakur of Lazi », Materialy po arkheologii i istorii antichnogo i srednevekovogo Prichernomor’ya 11, 2019, p. 484‑490. Le nom d’un chrétien nommé Bakur apparaît sur l’inscription géorgienne n°1 trouvée à Bir-el-Qutt en Palestine (datant de la première moitié du Ve siècle) ; H. Fähnrich, Die Ältesten georgischen Inschriften, Leyde-Boston 2013, p. 179-180, n°112. Un Bakour bdeašx d’Ałjnik‘ apparaît chez Moïse de Khorène, Histoire de l’Arménie, III, 4.
[35]. Zosime, Histoire nouvelle, IV, 58, 3.
[36]. J. Markwart (†), « Die Bekehrung Iberiens und die beiden ältesten Dokumente der iberischen Kirche », Caucasica 7, 1931, p. 128 ; C. Toumanoff, art. cit. n. 31, p. 32 ; C. Toumanoff, « Caucasia and Byzantium », Traditio 27, 1971, p. 111‑158, n. 90 p. 133 ; F. Thelamon, Païens et chrétiens au IVe siècle. L’apport de l’Histoire ecclésiastique de Rufin d’Aquilée, Paris 1981, p. 94 ; S. H. Rapp Jr., op. cit. n. 2, p. 74.
[37]. Koriwn, Vie de Maštoc‘, M. Abełean éd., 629-26. Voir aussi J.-P. Mahé, « Koriwn, La Vie de Maštoc‘, traduction annotée », Revue des Études Arméniennes 30, 2005-2007, p. 59-97.
[38]. Moïse de Khorène, Histoire de l’Arménie, A. et J.-P. Mahé trad., III, 54.
[39]. Liste Royale II (dans le Mok‘c‘evay K‘art‘lisay), I. Abuladze éd., 91-92 ; C. B. Lerner trad., p. 146-147.
[40]. Vie de Pierre l’Ibère (version syriaque), §6‑7, C. B. Horn, R. R. Phenix Jr. éd., 2008, p. 6-9.
[41]. Rufin d’Aquilée, Histoire ecclésiastique, J.‑P. Migne éd., I, 10/§236. Socrate de Constantinople, Histoire ecclésiastique, I, 20, 20. Anonyme (Pseudo‑Gélase) de Cyzique, Histoire ecclésiastique, G. C. Hansen éd., III, 10, 21. Fait essentiel, Socrate et le Pseudo-Gélase, qui semblent bien informés sur Bacurius en donnant sur sa carrière certains détails absents chez Rufin, ne qualifient pas ce personnage de « roi », mais de « petit roi » (βασιλίσκος) pour le premier, et de membre « le plus illustre de la famille royale de ces Ibères-là » (τοῦ βασιλικοῦ γένους τῶν παρ’ αὐτοῖς Ἰβήρων περιφανέστατος) pour le second. Ils n’auraient pas employé ces expressions dénotant plutôt la condition d’un prince royal si Bacurius avait été tout simplement roi d’Ibérie au début du Ve siècle.
[42]. N. Preud’homme, « Bacurius, the Man with Two Faces », Iberia-Colchis 13, 2017, p. 166‑192, pour l’ensemble de ma démonstration.
[43]. Ammien Marcellin, Histoires, G. Sabbah éd., XXX, 1, 11 ; XXX, 1, 16 et XXXI, 8, 9-10.
[44]. Ibid., XXX, 1, 12.
[45]. J.-B. Yon, L’Histoire par les noms : histoire et onomastique, de la Palmyrène à la Haute Mésopotamie romaines, Beyrouth 2018, p. 47-51.
[46]. F. Justi (†), Iranisches Namenbuch, Hildesheim 1963, p. 65, 73-74 ; P. Gignoux, C. Jullien, F. Jullien, Iranisches Personennamenbuch. Band VII, iranische Namen in semitischen Nebenüberlieferungen. Faszikel 5, noms propres syriaques d’origine iranienne, Vienne 2009, p. 53, 58-59. Burz-Mihr serait une hypothèse possible (« Mihr/Mithra est exalté »), bien que la vocalisation soit assez chamboulée, tandis que la forme Barz-Mihr (« Mihr/Mithra est élevé ») n’est pas attestée ailleurs, mais détient un sens plausible.
[47]. N. Preud’homme, art. cit. n. 42, p. 166‑192.
[48]. Thémistios, Discours, R. Maisano éd., 8, §116a-c/174-175. Toutefois, si Bacurius, que j’identifie avec ce personnage de Thémistios, avait bien des origines royales attestées par Rufin d’Aquilée et ses continuateurs, Ammien Marcellin ne mentionne aucun rang princier à l’égard de Barzimerès, ce qui tend à infirmer cette dernière possibilité.
[49]. Moïse de Khorène, Histoire de l’Arménie, A. et J.-P. Mahé trad. 1993, II, 7-8.
[50]. Vie des Rois K‘art‘véliens (dans le K‘art‘lis C‘xovreba), 18-19, R. W. Thomson trad., p. 25‑26. Histoire Primaire du K‘art‘li, §7-8 (dans le Mok‘c‘evay K’art’lisay), I. Abuladze éd., 8129, 32, traduction de S. H. Rapp Jr. 2003, p. 258 ; Liste Royale I, §1 (Mok‘c‘evay K‘art‘lisay), I. Abuladze éd., 824, S. H. Rapp Jr. trad., 2003, p. 259 ; S. H. Rapp Jr., op.cit. n. 2, p. 175-176. N. Preud’homme, op. cit. n. 13, p. 99, 205-208, p. 521-523.
[51]. Flavius Josèphe, Antiquités juives, J. Weill, T. Reinach trad., XIII, 16c = §421.
[52]. Plutarque, Vie de Lucullus, R. Flacelière, É. Chambry (†) éds., XXVI, 4 et XXXI, 6 ; N. Preud’homme, op. cit. n. 13, p. 37.
[53]. Moïse de Khorène, Histoire de l’Arménie, M. Abełean, S. Yarowtՙiwnean éds., II, 53, A. et J.-P. Mahé trad., p. 208 ; Liste Royale I (dans le Mok‘c‘evay K‘art‘lisay), I. Abuladze éd., 82 ; Vie des Rois K‘art‘véliens (dans le K’art’lis C’xovreba), S. Qauxchishvili éd., 44 ; Moïse de Khorène (ibid.) et la Vie des Rois K‘art‘véliens, 48-49, relatent également la capture du prince arménien Zareh / Zaren par les Ibères, en plaçant toutefois cette histoire dans des contextes différents, à savoir sous le règne de K‘arżam chez Moïse, mais sous ceux conjoints d’Azork et d’Armazel dans la chronique géorgienne.
[54]. Vie des Rois K‘art‘véliens (dans le K‘art‘lis C‘xovreba) S. Qauxchishvili éd., 66 ; Chr. Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les princes caucasiens et l’Empire du VIe au IXe siècle, Paris 2006, p. 404‑407 ; N. Preud’homme, op. cit. n. 13, p. 232, 249-251.
[55]. G. Charachidzé, Le Système religieux de la Géorgie païenne : analyse structurale d’une civilisation, Paris 1968, p. 559-565 ; R. W. Thomson, Rewriting Caucasian History. The Medieval Armenian Adaptation of the Georgian Chronicles, Oxford 1996, p. 355-359. Mon article sur le sujet est sous presse et paraîtra dans la revue Ancient West & East.
[56]. M. Mshvildadze, « Ulpis sabečdavi bečdis šescavlis sakit‘xisat‘vis », Sak‘art‘velos istoriis institutis šromebi 12, Tbilissi 2017, p. 53‑61. Son identité ibère a cependant été contestée par E. Avaliani, « Finding Meaning in the Past: Reinterpretation of the Late Roman Artifact, the Golden Ring with a Carnelian Intaglio from the Museum of Georgia », Scholê 13, 2019, p. 503-512.
[57]. T. Kaukhchishvili, « A Recently Discovered Greek Inscription from Georgia », Bulletin of the Georgian National Academy of Sciences 175, 2007, p. 180-185. KGIG 353, nouvelle édition de 2009, p. 377-378.
[58]. S. H. Rapp Jr., op. cit. n. 2, p. 228.
[59]. N. Preud’homme, « Aurelie and Divus Verus – New Reading of a Greek Inscription from Armazi », Iberia-Colchis 15, 2019, p. 201-213.
[60]. H. S. Nyberg, « Quelques inscriptions antiques découvertes récemment en Géorgie », Eranos Rudbergianus 44, 1946, p. 231 ; KGIG 241.
[61]. KGIG 189, 190, 191 ; D. Braund, op. cit. n. 1, p. 256-258.
[62]. K. Tsereteli, « An Aramaic Amulet from Mtskheta » dans G. Gambashidze dir., D. Baazov Museum of History and Ethnography of Jews of Georgia. Works IV, Tbilissi 2006, p. 225-247.
[63]. M. Sherozia, J.-M. Doyen, Les Monnaies parthes du musée de Tbilissi (Géorgie), Wetteren 2007.
[64]. M. Mshvildadze, Iberiis k‘alak‘t‘a lokalizac‘ia Klavdios Ptolemaiosis koordinatt‘a sistemis mixedvit, Tbilissi 2015.
[65]. K. Tsereteli, « Les inscriptions araméennes de Géorgie », Semitica 48, 1998, p. 75‑88 ; K. Ceret‘eli, Semitologiuri da k‘art‘velologiuri studiebi, Tbilissi 2001 (qui reprend plusieurs travaux précédents). Voir dernièrement sur le sujet : N. Preud’homme, « Short Aramaic Inscriptions from Southern Caucasia », Epigraphica 84, 2022, p. 391‑434.
[66]. P. Grelot, « Remarques sur le bilingue grec-araméen d’Armazi », Semitica 8, 1958, p. 11‑20 ; S. Mouraviev, « La population de la Caucasie centrale selon Pline l’Ancien (Hist. nat. VI, 29-30) », Geographia Antiqua 5, 1996, p. 45‑52 ; G. Traina, « Duo note sull’identità politica nel Caucaso antico » dans C. Bearzot, F. Landucci, G. Zecchini dir., Gli Stati territoriali nel mondo antico, Milan 2003, p. 317‑326 ; G. Traina, « Un dayeak armeno nell’Iberia precristiana » dans V. Calzolari, A. Sirinian, B. L. Zekiyan dir., Dall’Italia e dall’Armenia, Studi in onore di Gabriella Uluhogian, Bologne 2004, p. 255-262 ; R. Gyselen, « Inscriptions en moyen‑perse sur la vaisselle d’argent sassanide » dans R. Gyselen dir., Documents, argenterie et monnaies de tradition sassanide, Bures-sur-Yvette 2014, p. 73-178.
[67]. Chr. Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs, Paris 2006, p. 404-407.
[68]. G. Sartor, « L’Empire des Théodoses et les regna Orientis (379-450). Politique militaire et diplomatie impériale à l’égard des foederati orientaux », Antiquité Tardive 16, 2008, p. 43-84 ; G. Sartor, Recherches sur les fédérés et l’armée romaine (de la fin du IIe siècle après J.-C. au début du VIIe siècle après J.-C.), thèse de doctorat soutenue à Paris le 8 décembre 2018, non publiée. G. Sartor, « Le rôle des fédérés transcaucasiens dans les guerres persiques d’Héraclius (622-628). 1ère partie : La diplomatie impériale », Revue internationale d’histoire militaire ancienne 10, 2021, p. 289-318.
[69]. G. Gamkrelidze dir., Sak‘art‘velos ark‘eologiis narkvevebi (żv.c. V – ax.c. V ss), Tbilissi 2021. On doit aussi à cet auteur la codirection d’un dictionnaire de géographie historique et archéologique également en langue géorgienne : G. Gamkrelidze, D. Mindorashvili, Z. Bragvadze, M. Kvachadze dir., K‘art‘lis C‘xovrebis topoark‘eologiuri lek‘sikoni, Tbilissi 2013, parmi beaucoup d’autres travaux.
[70]. N. Preud’homme, F. Schleicher, « The stele of Śargas – new reading and commentary », Epigraphica 85, à paraître.
[71]. S. Tchakerian, Les Monuments crucifères à stèle quadrilatérale en Arménie et en Ibérie dans l’Antiquité tardive, thèse de doctorat soutenue le 7 septembre 2022 à l’Université Paris I Panthéon‑Sorbonne.