Cet ouvrage dont le projet éditorial a été porté par l’Academia Belgica de Rome, en collaboration avec l’Institut historique belge de Rome, n’est pas une publication traditionnelle et ce compte rendu sortira quelque peu des pratiques habituelles. En effet, il s’agit de la réédition d’un choix de 34 articles du savant belge Franz Cumont (1868-1947), articles dont le sujet principal est en rapport avec des questions d’Astrologie et/ou de Magie au cours de l’Antiquité. Ce tome a bénéficié du concours financier du Fonds de la Recherche scientifique – Flandres (FWO).
Un ensemble de chercheurs internationaux, belges pour une majorité, a compris tout l’intérêt qu’il y avait de porter à la connaissance du public érudit et de manière commode, l’ensemble des publications de F. Cumont, couvrant la première moitié du XXe siècle. D’après Danny Praet, l’un des éditeurs, il s’agit de 1028 contributions intéressant de nombreux thèmes précisés ci-dessous. Les monographies seront publiées dans une série de Scripta Maiora ; les articles, seront rassemblés par thèmes dans une autre série de sept volumes, dénommée Scripta Minora. Le tome de cette seconde série qui nous concerne ici, est le tome IV : celui consacré à l’Astrologie. Pour ce qui est des autres thèmes annoncés, retenons leur thématique : I la philosophie ancienne, II les cultes à mystères et les religions orientales, III la transformation du paganisme, V le judaïsme et le christianisme, VI le manichéisme, VII les fouilles de Doura‑Europos. Le tout participe de la constitution de la Bibliotheca Cumontiana.
La publication en question est précédée de trois chapitres introductifs qui éclairent la démarche suivie par les éditeurs de ce tome et donnent quelques clefs de compréhension de l’œuvre de F. Cumont, de sa grande originalité, en marge des sciences « dures » et des lettres classiques, de ses limites – parfois de ses travers, tout en repositionnant ces contributions érudites dans leur temps avec un recul historien appréciable. Notre compte rendu va s’intéresser principalement à ces introductions emplies
de sens.
1. La « Préface » (p. IX-XIV) est de Danny Praet, professeur de philosophie ancienne et d’histoire du christianisme à l’Université de Gand (Universiteit Gent), celle où F. Cumont a principalement exercé. On comprend donc la motivation de cet éditeur. Celui-ci précise les choix délicats qu’il a fallu opérer dans la masse considérable de contributions du savant belge, échelonnées sur quarante-cinq années. Par exemple, pas ou peu de comptes rendus d’ouvrages ont été insérés, jugés peu révélateurs de son œuvre à l’exception de quelques‑uns, plus symptomatiques, comme celui sur la « Sphaera…», du savant allemand Franz Boll, qu’il respectait au plus haut point. De même, une sélection drastique a été opérée de lemmata que Cumont a donnés en grand nombre dans diverses encyclopédies.
La répartition par thème de ces Scripta Minora comporte un intérêt manifeste pour les chercheurs qui pourront ainsi aisément accéder aux contributions qui les mobilisent dans leur spécialité. Toutefois, le caractère pluridisciplinaire des écrits de Cumont a souvent posé problème quant aux choix du rattachement aux différentes tomaisons. Par exemple, l’article sur « La polémique de l’Ambrosiaster contre les païens » comporte de nombreuses références à l’Astrologie mais le titre, comme son contenu, l’ont fait classer parmi les textes retenus dans le volume V, relatifs à « Judaïsme et christianisme ». En revanche, le dernier article retenu dans cette tomaison, celui sur « Trajan ‘kosmokrator’ ? », aurait pu être rattaché aux volumes intéressant « Les religions orientales » ou « La transformation du paganisme ». Il a été positionné dans le tome sur l’Astrologie du fait de la figuration de trois signes zodiacaux sur la plaque de terre cuite que l’auteur décrit et interprète.
Les éditeurs ont également retenu quelques textes relatifs à la riche correspondance que Cumont a pu entretenir avec de grands historiens comme Camille Jullian, notre historien fameux, entre autres spécialiste de la Gaule romaine, ou encore, celles plus confidentielles, échangées avec de grands scientifiques des « sciences dures », comme Paul Henri Strobaant, professeur d’Astronomie à l’Université libre de Bruxelles. Pour cette époque, F. Cumont frappait ses contemporains par cette connaissance quasi encyclopédique lui permettant d’aborder des thèmes de la sphère des sciences humaines, tout en prenant le soin de faire vérifier par ses collègues mathématiciens ou astronomes quelques vérités sur le positionnement des planètes et leur révolutions.
2. L’ouvrage se poursuit par une longue « Introduction » rédigée par Béatrice Bakhouche, professeur de langue et littérature latines à l’Université Paul Valéry, Montpellier III (p. XV-XLI). Après avoir souligné le nombre impressionnant des publications données par Cumont (on cite ici le chiffre de 1009), B. Bakhouche précise que la liste complète des articles sera donnée dans le premier volume de la série Scripta Minora, intéressant « l’histoire de la philosophie ». Elle rappelle également que la « monumentale correspondance » du savant belge a été publiée sous la houlette de Corinne Bonnet (p. XVI, note). Elle s’interroge également sur la pertinence de cette réédition, les méthodes de recherche ayant tellement évolué. Mais, comme nous allons le voir dans les développements qui vont suivre, elle conclut en reconnaissant que « la lecture et la relecture des textes de Cumont restent toujours utiles et fructueuses ». Reprenons chacune des sections de la spécialiste.
Les articles dans leur temps (p. XVII). Dans cette première section, la spécialiste se montre très critique en reconnaissant que les écrits de Cumont sont très « connotés historiquement ». Contrairement aux pratiques actuelles des historiens, le savant belge agit en général avec peu d’objectivité, il présente des affirmations péremptoires, rarement explicitées : Firmicus Maternus est traité de « pédant borné » ; ou encore, de manière plus générale : « la magie est une physique dévoyée, comme l’Astrologie est une astronomie pervertie »,… Elle reconnait quelques nuances parfois apportées : « comme l’astrologie, la magie est […] à certains égards une science… ». Pour B. Bakhouche, la démarche de Cumont se rattache à la mouvance allemande de l’époque : « l’histoire est vue comme un constant progrès ». Pour lui, également, « l’astrologie est perçue comme une foi avant d’être étudiée comme une technique », ce qu’elle regrette.
Le lien entre les articles de Cumont et ses ouvrages (p. XX). Dans une section plus courte, la spécialiste effectue un décryptage patient entre les deux genres, articles et ouvrages. Les articles sont des notes détaillées qui seront synthétisées dans les ouvrages ; ce sont des « fiches de travail » ou des adaptations littérales de conférences ou d’exposés donnés antérieurement. Le ton est plus direct, moins contenu et moins argumenté. Peut-être ressent‑on plus la personnalité et la pensée de Cumont dans la vivacité de ces articles ?
La méthode de Cumont (p. XXII). On a souvent reproché à Cumont d’appuyer son argumentation sur l’usage exclusif des textes anciens, ce qui est inexact. Il a également travaillé à partir de la numismatique, de l’épigraphie ou des reliefs sculptés (pensons à ceux de Mithra, souvent commentés). Il fait un usage historien de la littérature ; ce qu’on ne peut lui reprocher. De plus, il ne rechigne pas à procéder à une approche d’archéologue en s’intéressant à l’être humain, au quotidien des personnages qu’il étudie, à travers les « notes perdues » ou les bribes de papyrus sauvées dans les sables du désert.
La spécialiste critique à juste titre la « surélévation » soutenue par Cumont, de l’héritage chaldéen sur les domaines qui nous intéressent ici, exemples éclairants à l’appui. Pour lui, Magie et Astrologie sont sans conteste issus des cultes orientaux. Perpétuellement, il en cherche la source, la Quellenforschung des érudits allemands.
Dans ses articles, le savant ne vise pas une étude de fond mais plutôt une approche générale ; ce sont des analyses peu approfondies, au caractère rapide. Ainsi il donne « un reflet de ses idées », « l’état de sa recherche », à chaud, dirait-on aujourd’hui. Dès lors, il ne retient que ce qui l’intéresse et commet parfois des erreurs qu’il ne relève même pas, tout emporté qu’il est par une démonstration en cours. Citons par exemple, la bévue déjà signalée à de nombreuses reprises : « Sur la célèbre gemma de Vienne, on voit près de la tête de l’empereur Auguste le signe du capricorne sous lequel il était né », alors qu’Auguste est natif du 23 septembre ! Sa grande culture l’amène même à utiliser des raccourcis fâcheux, des formules maladroites comme : « le progrès du savoir a appris à ignorer »…
Le laboratoire de Cumont (p. XXVI). On peut être surpris de constater que Cumont a parfois publié un article correspondant exactement au contenu d’un chapitre d’un ouvrage à paraître ; pratique critiquable s’il en est. Mais on ne peut lui reprocher de sans cesse enrichir ses textes, notamment par l’appareil critique des notes, par l’ajout de nouvelles références bibliographiques, actualisant ainsi ses principales contributions, comme « l’Astrologie et la magie dans le paganisme romain ». Additions, modifications ponctuelles jalonnent les différentes versions données de ses articles, au point que l’on peut se demander parfois ce qui prime : « le texte pleine page ou la note qui l’accompagne » s’interroge B. Bakhouche.
Les Opera minora (et non Scripta) n’ont pas le « fini » des ouvrages mais elles annoncent ou illustrent les mêmes idées. Les ajouts font parfois suite à des échanges avec d’autres savants dont il emprunte sans vergogne les propos et qu’il fait siens désormais. Grâce aux nombreuses « correspondances » qu’il entretient, il enrichit son répertoire et ses connaissances en les actualisant avant d’autres ; pensons à celles effectuées avec P. Durrieu, H. Seyrig ou encore, J. Bidet.
Intérêt scientifique de ces textes aujourd’hui (p. XXXIII). La pensée foisonnante de Cumont influence encore énormément les auteurs actuels, souvent d’ailleurs, pour mieux leur permettre d’en prendre de la distance. C’est une référence, un point de départ utile. Pour B. Bakhouche, certains chercheurs sont d’ailleurs demeurés trop fidèles aux préceptes du maître belge, tel J. Alvar ou encore, A. Mastrocinque dans leur comparaison hâtive entre les figures de Jésus et de Mithra. Rarement Cumont est revenu sur la teneur de ses écrits afin de leur faire prendre une autre voie, un sens complémentaire, contrairement aux pratiques de son compatriote Armand Delatte, par exemple. Cumont a bien compris l’influence de la philosophie, celle de Posidonos d’Apamée notamment, sur l’épanouissement et le grand succès de l’Astrologie à Rome mais il lui donne trop d’importance. La spécialiste lui reproche une trop grande « polarisation » sur cette question alors que d’autres facteurs seraient à considérer. De plus, elle affirme que F. Cumont a trop tendance à tirer le néo-platonisme dans la sphère « orientalisante ».
Parallèlement à l’âme, Cumont porte une attention toute particulière à « l’œil », à la vision : « la théorisation de la vision est donc l’affaire des philosophes », précise-t-il et il différencie en cela les visions des platoniciens, des épicuriens ou des stoïciens. B. Bakhouche va jusqu’à souligner des contradictions fâcheuses, voir des critiques méthodologiques (p. XXXVII). L’exemple de la « géographie astrologique » est celui qu’elle critique le plus car Cumont cherche par tous les moyens à « établir une association pays-signe zodiacal », comme bélier et Perse ; exemple bien connu. La chorographie zodiacale est désormais mieux explicitée par les chercheurs contemporains, comme J.-H. Abry, par exemple. Il faut dire qu’ils disposent de nos jours des outils les plus modernes pour effectuer calculs et projections, avantages dont ne disposait pas F. Cumont. Sur ce point, le savant belge pestait, il était obligé d’attendre les calculs de ses confrères astrologues avant de développer telle ou telle hypothèse, ce qui limitait et retardait d’autant les déductions de son esprit vif.
Conclusion (p. XL). Les textes rassemblés dans les volumes des Scripta Minora ne sont pas si mineurs. Ils doivent être lus avec un esprit critique mais ils enrichiront toujours le lecteur, à n’en pas douter. Toutefois, il est recommandé de ne pas se limiter à la lecture d’une thématique unique ; l’Astrologie et la Magie font partie d’un tout, « elles s’intègrent dans l’Antiquité, dans une unité culturelle de savoirs, d’idées et de croyances, au sein de laquelle les frontières interdisciplinaires modernes n’existent pas ».
3. Le dernier texte introductif concerne « Le Problème de l’Astrologie » dans le contexte idéologique de l’affaire Cumont : les relations entre religions et sciences dans l’Antiquité et dans les universités d’État belges ». Danny Praet, de l’Université de Gand, donne ici une analyse pertinente et éclairante sur le contexte sociopolitique belge de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, au cours duquel les travaux de F. Cumont ont été remis en cause par le représentant de l’État belge au sein de l’Université de Gand. En effet, le Ministre des Sciences et des Arts, le catholique Édouard Descamp, refusa de le nommer à la chaire d’histoire romaine alors que ses collègues l’avaient choisi à l’unanimité pour succéder à Adolphe de Ceuleneer en 1910. Cumont dut démissionner de l’Université de Gand où il enseignait au préalable, chargé des exercices, des sciences auxiliaires et des institutions, afin de marquer son désaccord le plus vif. Il se sentait victime d’une injustice, faisant les frais de la lutte « entre catholiques et libéraux, entre cléricaux et anti-cléricaux, dans les sphères académiques et politiques belges » de
cette époque.
Les critiques argumentées que Cumont proférait dans ses écrits sur les dérives des religions orientales et notamment dans cet article sur « le problème de l’Astrologie », traduit tardivement en langue française, déplaisaient fortement aux défenseurs de la pensée catholique car ils y voyaient une atteinte virulente contre les schémas de pensée religieux, dont celui dominant du catholicisme dans le royaume belge de l’époque.
On suivra avec intérêt l’analyse de Danny Praet qui démontre avec force détails la lutte que dut mener F. Cumont pour faire valoir ses propos sur la primauté de la « Science sur les superstitions » et quel écho ce combat a pu avoir à l’échelle européenne au sein de la communauté des savants ou universitaires de tout poil, beaucoup allant jusqu’à proposer à l’érudit belge les plus belles chaires de leurs institutions. Ce contexte conflictuel l’amena à publier son article en français, augmenté d’une conclusion beaucoup plus anticléricale que dans les versions originales (suédoise et anglaise), dans l’Almanach des étudiants libéraux de l’Université de Gand ; tout un programme.
4. Le corps de l’ouvrage (397 pages), comprend une suite de trente-quatre articles, numérotés de 1 à 34. Il n’est pas possible dans le cadre de ce compte rendu de présenter et de résumer chacun d’entre eux, d’autant qu’ils ont fait vraisemblablement l’objet de critiques et d’analyses au moment de leur parution première. Précisons que la liste en est donnée au sein de la Table des matières, p. V-VII. On y indique avec détail : revue, tomaison, année et pagination de chaque source.
Les articles sont de tailles et d’intérêts variables : quelques pages rapides pour les comptes rendus d’ouvrages n° 9, 19, 27, 32 et 33 ; des notices succinctes sur un personnage particulier (astrologue, notamment) n° 2, 21, 25 et 34 ou des sujets en relation avec ces personnages historiques (son temps, ses écrits) n° 4, 19, 24, 29 et 31. De plus, on compte des documents plus singuliers, comme la note nécrologique donnée en souvenir de son cher confrère allemand Franz Boll (n°23), dont il appréciait particulièrement la hauteur des travaux.
D’autres articles sont plus fondamentaux ; citons par exemple « L’astrologie et la magie dans le paganisme romain » (n° 7) ; « Le problème de l’astrologie » (n° 13) ; « Fatalisme astral et religions antiques » (n° 15) ; « La fin du monde selon les mages occidentaux » (n° 26) ou encore, « Les noms des planètes et l’astrolâtrie chez les Grecs » (n° 30).
Il s’agit donc d’un riche florilège des travaux de F. Cumont sur cette thématique de l’Astrologie, dont la lecture devra être complétée utilement par celle des ouvrages de synthèse du même auteur car il est indispensable de situer ces pratiques dans leur contexte historique et sociétal. Les articles couvrent une période de 45 années, de 1896 à 1940 ; ils proviennent avant tout de revues belges et françaises. Soulignons que la Revue des Études anciennes n’a pas été délaissée, recevant une première contribution dès 1902 : « À propos du calendrier astrologique des Gaulois » (n° 3), en collaboration avec Camille Jullian, d’ailleurs. Enfin, le dernier article paru quelque temps avant sa mort, consacré à « Trajan ‘kosmocrator’ ?» (n° 34), a également eu l’honneur des colonnes de notre revue. L’ouvrage est aussi doté d’outils de consultation fort utiles : un index des noms et termes anciens (p. 399) et un index des auteurs modernes (p. 411).
5. Cette réédition pourrait surprendre de prime abord, est-elle vraiment utile à l’heure de l’Internet ? Une base de données numérique aurait peut-être été plus commode de consultation. Il est sans conteste que cette somme sera d’une grande utilité pour qui s’intéresse à l’Astrologie et aux pratiques magiques telles qu’elles étaient usitées dans l’Antiquité. Longtemps délaissés par les professeurs d’université qui n’abordaient pas ces sujets jugés secondaires et bien souvent futiles, ces thèmes sont à nouveau sources d’intérêt. Intérêt aiguisé notamment par des découvertes archéologiques assez récentes.
Citons, de manière non exhaustive, la mise au jour en 1967-1968 des fameuses tablettes astrologiques de Grand[1], plus récemment en 2001, celle de la calotte zodiacale de Chevroches[2] ou encore, celle du cadran solaire en os d’Amiens[3]. Découvertes qui invitent à reprendre l’étude d’objets pseudo-savants conservés dans les réserves de nos musées ou de collections particulières, instrument curieux de l’Est de la Gaule[4] ou du Nord[5]. Dans les domaines de la magie, plus rarement mise en évidence, soulignons la découverte exceptionnelle de la cave aux pratiques magiques exercées par Caius Verius Sedatus, à Chartres[6] ; problématique qui semble déboucher sur un engouement de niveau international[7].
Cet ensemble de considérations contemporaines invite à la tenue d’expositions temporaires sur la thématique Astrologie‑Magie : musée archéologique de Dijon en 2006, musée d’Argenton-sur-Creuse en 2008, musée Saint‑Raymond de Toulouse et musée archéologique départemental de Jublains en 2010, musée Romain Rolland de Clamecy en 2013, musée Anne-de-Beaujeu de Moulins en 2015. Les revues archéologiques s’en emparent : Les nouvelles de l’Archéologie, n° 107, de mai 2007 ; L’Archéologue, n° 108, de juin-juillet 2010 ou encore, plus grand public, la revue Sciences et Avenir, n° 738, d’août 2008. La télévision suit également la dynamique par un documentaire consacré aux tablettes de Grand (Vosges), diffusé le 13 novembre 2016 sur France 5.
Plus considérable, une thèse de Doctorat de l’université de Lille 3 est soutenue en 2012 par Jérôme Bonnin : « Horologia Romana – La mesure du temps dans l’Antiquité », faisant entrer de plain pied dans la sphère universitaire, les considérations des Anciens pour les données astrales et scientifiques (ou considérées comme telles) de leur temps. Cette étude remarquable a rencontré un tel regain d’intérêt qu’une version en a été publiée aux éditions des Belles Lettres[8].
En ce sens et sans le savoir, Robert Étienne fut en 1992 une sorte de précurseur et anticipait cette émulation nouvelle, en faisant paraître dans la REA un article consacré au don d’une horloge à la civitas Igaeditanorum (Lusitanie) par un évergète originaire de Merida[9]. On voit donc que l’ouvrage présenté ici aura des lecteurs car le thème est désormais très porteur. Précisons toutefois qu’il s’adresse à un public cultivé, ayant une maîtrise avérée des lettres classiques, car Franz Cumont restitue les textes grecs les plus ardus par une unique transcription, sans autre effort d’explication ou de traduction.
Christian Vernou, UMR 6298, ARTEHIS, Dijon
[1]. J.-H. Abry dir., « Les tablettes astrologiques de Grand (Vosges) et l’astrologie en Gaule romaine », Actes de la table-ronde du 18 mars 1992, Lyon 1993.
[2]. F. Devevey, P. Cauderlier, C. Magister-Vernou, Chr. Vernou, « Découverte d’un disque astrologique antique à Chevroches (Nièvre) : note de présentation », RAE 55, 2006, p. 299-306 ; F. Devevey, Chr. Vernou, A. Rousseau, « The Chevroches zodiacal cap and its Burgundy relations » dans D. Valls-Gabaud, A. Boksenberg, The role of Astronomy in Society and Culture, International Astronomical Union, Symposium 260, Jan. 2009, Cambridge 2011, p. 1-8.
[3]. Ch. Hoët Van Cauwenberghe, E. Binet, « Cadran solaire en os découvert à Amiens », Cahiers Centre G. Glotz 19, 2008, p. 111-127.
[4]. Chr. Vernou, « Les objets savants de l’Est de la Gaule » dans Dieux du ciel – L’irruption de l’espace, catalogue du musée Saint-Raymond, Toulouse 2010, p. 36-39.
[5]. Ch. Hoët Van Cauwenberghe, « Le disque de Berteaucourt-les-Dames (cité des Ambiens) et les listes gravées sur cadrans solaires portatifs pour voyageurs dans le monde romain », Revue du Nord 398, 2012, p. 97-114.
[6]. D. Joly dir., « L’attirail d’un magicien rangé dans une cave de Chartres/Autricum », Gallia 2010, p. 125-208.
[7]. D. Joly, « La panoplie complète d’un magicien dans la cave d’une domus à Autricum (Chartres – France) : C. Verius Sedatus, Carnute, gardien des divinités » dans Contesti magici – contextos màgicos. Atti del Convegno Internazionale, Roma 2012, p. 211-223.
[8]. J. Bonnin, Horologia Romana– La mesure du temps dans l’Antiquité, Paris 2015.
[9]. R. Étienne, « L’horloge de la civitas Igaeditanorum et la création de la province de Lusitanie », REA 94, 1992, p. 355-362.