Le lecteur trouvera ici le premier article d’une série qui se propose de faire l’histoire d’une autre Antiquité, que je nommerais volontiers « imaginaire », voire « fantasmatique ». Depuis quelques décennies, en effet, partout en Europe, mais surtout en France – raison linguistique oblige – on a vu s’opposer – nouvelle querelle des Anciens et des Modernes – deux conceptions de l’étude de l’Antiquité. Fausse querelle bien entendu : rien ne saurait remplacer l’étude sérieuse et approfondie, qui passe par la connaissance de la langue, de la littérature, de l’histoire, de la civilisation des sociétés antiques. Mais à une époque, la nôtre, qui voit – étonnant paradoxe – l’étude du latin et du grec décliner inexorablement, alors que fleurissent les romans historiques, les films à grand spectacle et les bandes dessinées, il est permis de s’interroger sur de nouvelles procédures qui permettront d’allier le sérieux au ludique et de faire un va et vient constant entre le rêve et la réalité, pour le plus grand bien de cette dernière.
Il est temps de réconcilier les deux Antiquités et de montrer – autant que faire se peut – que la rigueur universitaire n’est pas incompatible avec l’apparente fantaisie du sujet.
Claude AZIZA, historien de l’Antiquité fantasmatique, Université de la Sorbonne Nouvelle, Paris III ; claude.aziza@laposte.net