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Près d’un quart de siècle après BCILL 26, Linear B, a 1984 Survey, Yves Duhoux et Anna Morpurgo Davies font ici oeuvre utile pour tous les mycénologues, confirmés ou non, en présentant en deux volumes une synthèse des connaissances sur différents sujets concernant la civilisation mycénienne telle qu’elle transparaît dans les textes en linéaire B et les outils à disposition des chercheurs.
Le volume 1 regroupe les contributions de Maurice Pope, qui rappelle les différentes étapes ayant mené au déchiffrement du Linéaire B en 1952 par Michael Ventris (« The Decipherment of Linear B », pp. 1-24), de Ruth Palmer (« How to Begin ? An Introduction to Linear B Conventions and Ressources », pp. 25-68), qui présente les corpus, les instruments de travail et les études à disposition des mycénologues débutants. Jan Driessen (« Chronology of the Linear B Texts », pp. 69-80) dresse un tableau fort utile de la diachronie des archives mycéniennes ; Pia De Fidio (« Mycenaean History », pp. 81‑114) rappelle les différentes étapes de l’histoire du monde mycénien, en se basant essentiellement sur des données archéologiques, de l’arrivée des Grecs, à la crise du monde mycénien. Cynthia W. Shelmerdine s’intéresse à la société mycénienne (« Mycenaean Society », pp. 115-158) et, après une brève présentation archéologique des palais, aborde les questions de l’organisation des États mycéniens, des structures sociales, de la famille, du travail et de la spécialisation des fonctions, des relations entre le palais et le reste de l’État, des différences entres les États et enfin des contacts entre États. John T. Killen (« Mycenaean Economy », pp. 159-200) présente un tableau de l’économie mycénienne en comparaison avec les économies du Proche-Orient ancien, accompagné d’appendices très utiles sur le commerce, la taxation et la production « industrielle » tels qu’ils apparaissent dans les textes en Linéaire B. Alberto Bernabé et Eugenio R. Lujan abordent la question de la technologie à partir des mentions de chars, de roues, d’armes, de mobilier, de vaisselle, de vases, de textiles et de parfums dans les textes mycéniens. L’étude des textes, de l’iconographie et des données matérielles leur permet de montrer l’importance de l’activité artisanale et de l’industrie à l’époque mycénienne (« Myceaean Technology », pp. 201-241). Peter G. Van Alfen dresse un trop court état des connaissances sur les vases inscrits mycéniens (« The linear B inscribed Vases », pp. 235-242). Yves Duhoux, enfin, dans une anthologie mycénienne (« Mycenaean Anthology », pp. 242-393), présente 44 textes provenant des différentes archives mycéniennes de Knossos, Mycènes, Pylos, Thèbes et Khania, textes qu’il a choisis et commentés parce qu’ils offrent une « vision intéressante du monde mycénien » et parce qu’ils contiennent « des phrases et expressions complexes », mais qui ne sont pas révélateurs du contenu de l’ensemble des archives.
Le volume 2, à venir, devrait aborder les questions d’écriture et de paléographie, les relations entre le grec et le linéaire B, la langue des tablettes mycéniennes, l’onomastique, la géographie des royaumes mycéniens, la religion, le rapport entre les langues mycénienne et homérique et entre le monde mycénien et le monde d’Homère.

Cécile Boëlle