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En 2020 la « question d’histoire ancienne » pour l’agrégation d’histoire était « Religion et pouvoir dans le monde romain de 218 avant notre ère à 235 de notre ère ». Cela a suscité une floraison d’ouvrages sur ce sujet. La revue Pallas y consacre son numéro 111 (2019) sous la direction de F. Cadiou et de S. Pittia. Paraissent aussi, entre autres : C. Wolff, M.‑O. Laforge‑Charles et al., Religion et pouvoir. Monde romain, 218 av. J.-C. – 235 ap. J.-C., Paris, Atlande, 2020, Religion et pouvoir dans le monde romain de 218 avant notre ère à 250 de notre ère, sous la direction de C. Husquin et C. Landrea, Paris, Ellipses, 2020, pour ne citer que ceux-là.

Religion et pouvoir dans le monde romain. L’autel et la toge. De la deuxième guerre punique à la fin des Sévères, dont nous rendons compte, fait partie de ce bouquet de productions. Il ne le dépare pas, tant est grande sa valeur du point de vue scientifique comme du point de vue pédagogique. Du point de vue scientifique, on remarque que pour chaque sujet abordé dans cet ouvrage collectif, il a été fait appel aux plus éminents spécialistes en la matière, des chercheurs qui se sont déjà illustrés par de nombreux travaux sur les questions qu’il traitent ici. Leurs démonstrations sont toujours basées sur l’analyse pointilleuse d’une multitude de documents de toute sorte. La bibliographie, pourtant présentée comme sélective, est très abondante. Du point de vue pédagogique, ce livre, entièrement rédigé en français même par les intervenants étrangers, et sans jargon, est d’une présentation très claire ; l’usage de titres pour les paragraphes, les jeux sur la typographie y contribuent ; des photographies, des figures et des tableaux facilitent encore la compréhension. On regrettera seulement qu’il n’y ait pas d’index.

Le thème « Religion et pouvoir dans le monde romain » peut être abordé de bien des façons. Nicole Belayche et Sylvia Estienne, les coordinatrices de ce recueil, ont choisi pour fil conducteur les pratiques rituelles. Dans l’entrée en matière qu’elles ont écrite en commun  elles expliquent les raisons de ce choix et celles du plan qu’elles ont suivi : les relations entre religion et pouvoir seront envisagées selon trois thématiques principales, 1° les institutions, 2° les acteurs dans leurs espaces et leurs pratiques, 3° les changements face à l’évolution des contextes historiques (p. 12). Cette entrée en matière (p. 11-34) est, d’ailleurs, en tout point remarquable procurant une sorte de synthèse du livre qu’elle introduit. Elle commence par préciser ce qu’on entend par « religion romaine » en faisant ressortir qu’il s’agit d’« un système ritualiste sans immobilisme ni fermeture » et en montrant que c’est « une construction socio-politique » ; elle éclaire les deux notions «  de la pietas comme conduite religieuse et du votum comme une relation contractuelle avec les dieux » (p. 14) qui sous-tendent toutes les attitudes envisagées dans ce volume. Le reste de cette introduction présente les contributions une par une. Loin de n’être qu’une succession de simples résumés, ces pages tirent de chacun des articles les idées importantes que la masse de la documentation et les discussions qui la concernent pourraient obscurcir, elles rendent manifeste le lien qui unit une étude à celles qui l’entourent et mettent en lumière le cheminement de la pensée qui a présidé à l’organisation de l’ouvrage. En outre, N. Belayche et S. Estienne, elles-mêmes spécialistes de ces problématiques, comblent d’apparentes lacunes, comme au sujet des soldats, p. 26, dont elles justifient l’absence, apportent à l’occasion de nouveaux exemples, ou des renseignements supplémentaires, ou encore ajoutent des informations bibliographiques. La conclusion dégage ce qu’il faut retenir, à savoir que la tradition « n’a pas d’effet réactionnaire sinon dans les discours idéologiques », que « le cadre général laissait une place entière aux contenus religieux, au premier rang desquels l’identité des dieux destinataires des rituels », mais que « la latitude des négociations de la “norme” dépendait du pouvoir central » (p. 34).

S’ouvre alors la première partie consacrée aux structures et à l’organisation. Jörg Rüpke, dans « Prêtres romains. Sources et limites de l’autorité religieuse » (p. 37-53), après avoir énuméré les sacerdotes romains, décrit leurs caractéristiques et expliqué comment ils « fonctionnaient », termine en se penchant particulièrement sur les pontifes et les augures. Il montre comment penser que les dieux peuvent être favorables ou défavorables aux actions humaines avait un effet sur l’exercice du pouvoir que cela pouvait affermir et en même temps précariser. Les prêtres « créaient des systèmes de contrôle complexes » (p. 53) et interagissaient avec le pouvoir politique, notamment le sénat. Il constate au cours de la période prise en compte l’élargissement de collèges et la création de nouveaux sacerdoces, ce qui lui paraît témoigner « du dynamisme et de l’innovation dans le domaine de la religion et de son positionnement dynamique dans la culture politique romaine » (p. 53). Dans « Rites et religion, pluralisme et empire dans le monde romain » (p. 55-74), Clifford Ando commence par mettre en évidence le pluralisme juridique régnant dans l’empire romain, spécialement dans les provinces, dû au principe de respect de l’autonomie locale. Il établit une comparaison avec l’attitude de Rome vis-à-vis des cultes locaux. Si Rome semble peu se soucier des dieux qui sont honorés dans ces pratiques et de la forme que revêtent ces cultes, elle admet qu’en chaque lieu soit respectée la tradition ancestrale et que se poursuivent les pratiques cultuelles de toujours. « Les cultes étrangers à Rome. Voisins ou ennemis ? » de John Scheid (p. 75-92) part d’un examen minutieux de l’emplacement des lieux de culte de différentes communautés à Rome et de l’analyse approfondie de divers textes, en particulier de la troisième satire de Juvénal. Il en découle que non seulement des religions polythéistes coexistaient en bonne intelligence, mais qu’il en était de même lorsque il s’agissait du judaïsme, monothéiste ; ainsi peut-il conclure, p. 91 : « nous espérons avoir prouvé […] que la plupart des religions de Rome et leurs communautés cultuelles n’étaient pas séparées, que les cultes étrangers ne se cachaient pas et n’étaient pas isolés : leurs cultores n’étaient pas forcément des étrangers et n’ignoraient pas les traditions cultuelles romaines ». Les deux dernières études de cette première partie passent aux colonies. Athanasios D. Rizakis dans « “Symbiose”, contacts et échanges transculturels à Philippes, colonie romaine en Macédoine orientale » (p. 93-117) prend un exemple qui lui paraît particulièrement digne d’intérêt, (« un laboratoire extraordinaire », juge-t-il, p. 94), car la cité, fondée en 356 av. J.-C. par Philippe II de Macédoine, était imprégnée de traditions thraces issues des tribus qui habitaient ces confins de l’hellénisme. Puis, note-t-il p. 93, « la coexistence des cultes indigènes avec ceux apportés par des migrants grecs ou des colons macédoniens produisit, par le biais d’échanges et d’interactions quotidiens, un nouveau paysage sacré dominé par les dieux grecs et gréco-thraces ». Arriva, après les combats de 42 av. J.-C. livrés en ces lieux, un afflux de colons romains qui détruisit cet équilibre ; des dieux romains, ainsi que le culte de l’empereur, furent installés autoritairement dans l’espace public du centre, tandis que les divinités indigènes et étrangères émigrèrent à la périphérie de la cité et à la campagne. A. D. Rizakis relève également les cas de syncrétisme religieux entre dieux indigènes et dieux romains qui n’excluent pas toutefois la survivance de certaines divinités thraces (comme le « héros-cavalier ») et gréco‑thraces ; il signale également la présence de cultes égyptiens et anatoliens. Cependant, le temps passant, par le jeu des contacts entre les cultes, des mutations se produisirent. Ce sont les raisons et le processus de cette évolution que cette contribution tente d’expliquer. Autre cas de figure : Berytus, colonie dont la deductio a eu lieu en 15 av. J.-C., sur lequel se penche Anne‑Rose Hošek avec « Les ressorts religieux dans la création d’une colonie. L’exemple de Berytus en Syrie romaine » (p. 119-139). Son territoire comprend non seulement l’ancienne ville phénicienne mais aussi la plaine de la Bekaa avec le grand sanctuaire de Baalbek-Héliopolis. Ce sanctuaire, démontre l’auteur, dans l’esprit du pouvoir romain devait fédérer les populations de cette colonie conçue pour devenir le noyau de l’organisation du Proche-Orient syrien. D’où les trois divinités, Jupiter, Vénus, Mercure, plus ou moins pourvues de caractéristiques locales afin de créer, selon l’expression utilisée p. 24, une « “illusion” d’ancestralité », mais aussi la conservation de cultes préromains, tout cela ayant « l’avantage de favoriser la constitution d’une identité coloniale fédératrice » (p. 134).

La deuxième partie traitant des espaces, acteurs et pratiques débute par « Fréquenter les temples. Espaces, rituels et piété » de Sylvia Estienne (p. 143-161). La chercheuse tente de décrire, alors qu’entre le IIIe s. av. J.-C. et le Ier s. ap. J.-C., on assiste à une multiplication et une monumentalisation croissante des lieux de culte à Rome et en Italie, comment ils étaient organisés, avec l’aedes, « habitation » de la divinité et les espaces annexes (area sacrificielle, autel, portiques, salles diverses) et la manière dont on les fréquentait. Ses commentaires sur le temple de Tellus à Rome et le début du livre I de l’Économie rurale de Varron, ainsi que l’interprétation qu’elle en propose, sont très séduisants. Olivier de Cazanove, quant à lui, grâce à divers éléments matériels retrouvés par les archéologues, cherche à reconstituer le déroulement d’un sacrifice (« Le sacrifice a-t-il un sens ? Orientation de l’autel, agencement de l’aire sacrificielle : une approche archéologique », p. 163-190). Ses observations révèlent que le déroulement des cérémonies a évolué avec le temps. Puis Nicolas Tran étudie « Les associations privées et le pouvoir impérial à Rome et ses environs » (p. 191-208). Après quelques notions générales sur ces communautés très disparates (souvent des corporations), il montre comment le pouvoir impérial était partout évoqué dans leurs lieux de réunion, par des images des princes ou de dieux liés aux souverains, de même qu’il n’était pas oublié dans leurs célébrations festives. Les témoignages épigraphiques et archéologiques semblent prouver que les membres de ces groupes affichaient leur fidélité vis-à-vis des empereurs, sans doute parce que ces gens de la classe moyenne pensaient que cela leur conférait une certaine respectabilité. L’article suivant est dû à Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier. Dans « Les femmes romaines et leur place dans les pratiques religieuses. L’exemple des Gaules et des Germanies » (p. 209-234), elle examine d’abord les liturgies matronales à Rome d’après les sources anciennes, s’intéresse ensuite à deux déesses d’origine étrangère, la Grande Mère et Isis, particulièrement honorées par les femmes d’après les textes antiques, puis porte son attention sur les flaminiques du culte impérial. Elle termine sur l’analyse de la documentation épigraphique fournie par la Gaule Belgique, la Germanie inférieure, la Germanie supérieure et la Narbonnaise. Dans une étude précédente sur la place des femmes dans la religion romaine[1], la chercheuse avait conclu que les rôles féminins y étaient indispensables car complémentaires des rôles masculins. Cette indispensable complémentarité, elle la retrouve ici ; mais, ajoute-t-elle p. 233, « à la différence de l’Vrbs où les cultes féminins officiels tenaient une large place, il faut dans l’espace provincial, se limiter généralement à la religion privée. […] Toutefois la pratique religieuse féminine comprenait aussi des prêtrises liées à certaines divinités. […] Enfin les femmes se livraient à des actes d’évergétisme religieux mais rarement seules. Globalement donc, la pratique religieuse féminine s’inscrivait dans les rituels de la religion civique ». Autre catégorie considérée comme « marginale » : les esclaves. À partir de documents épigraphiques et archéologiques de Rome et de Pompéi, ainsi que de textes littéraires, « Action, initiative et autorité des esclaves dans les pratiques religieuses des collectivités romaines » de Bassir Amiri (p. 235-251) montre qu’ils faisaient partie des cérémonies religieuses, au sein de la familia comme dans le cadre public où leur compétence était indispensable et que, finalement, on les trouvait partout. Ils officiaient parfois comme accompagnateurs ou comme assistants ou comme délégués, et certaines initiatives pouvaient même leur être laissées. Mais ils pouvaient également jouer un rôle plus important qui leur permettait d’acquérir une certaine visibilité pour eux ou pour leur maître, ce qui n’était pas sans intérêt dans l’optique d’un futur affranchissement. Le dernier chapitre de cette deuxième partie concerne la magie : il s’intitule « “Magie”, malédictions et pouvoir dans le monde romain de la deuxième guerre punique à la fin des Sévères » de Thomas Galoppin (p. 253-273). L’auteur commence par mettre en lumière la manière dont le concept de magie s’est construit progressivement dans le monde romain. Il examine ensuite les « pratiques en contexte » (pour reprendre son sous-titre) en utilisant notamment un ensemble de tablettes de plomb trouvé à Mayence. Leur témoignage montre « la diffusion et l’adaptation locale de pratiques exerçant un pouvoir rituel qui participe pleinement des modalités d’action du divin » (p. 273).

La troisième partie révèle comment les pratiques se sont adaptées à l’évolution des données politiques et sociales durant la fourchette chronologique considérée, de même que la première partie montrait comment elles s’adaptaient aux différentes catégories de lieux constituant l’empire. Jean-Claude Lacam, dans « Surmonter Trasimène (217 av. J.-C.) ou la religion au secours de la République » (p. 277-294), brosse un tableau de la réaction des Romains après leur terrible défaite près du lac Trasimène au début de la deuxième guerre punique. Tite-Live insiste sur les raisons de la débâcle, l’impiété du consul Flaminius et la colère des dieux manifestée par de nombreux prodiges. Face à cette situation, le pouvoir mobilise tout l’arsenal des rites, aussi bien ceux habituels que de plus nouveaux, et tous les Romains agissent à leur niveau, des sénateurs aux simples citoyens. D’une manière spectaculaire, les divinités les plus grandes et les plus utiles dans ces circonstances sont convoquées en quelque sorte pour sauver l’état, en particulier au moyen d’un lectisterne, et des divinités extérieures à l’Vrbs sont appelées à la rescousse. Ces initiatives rituelles permettront à celle-ci de se relever et en quelque sorte de se régénérer. Tite-Live donne ici une illustration parfaite de ce qu’étaient à Rome les interactions entre religion et pouvoir, et ceci doublement, car d’une part il offre une peinture de la Ville au IIIe s. av. J.‑C. et d’autre part, en raison des sous‑entendus qu’on découvre en filigrane, c’est l’état d’esprit et les vœux des gouvernants de l’époque augustéenne où il vit qu’il révèle. Romain Loriol porte son attention plus particulièrement sur ces événements qu’on appelait les prodiges. Dans « Le prodige et le Prince. L’usage des signes publics, de la République au Principat » (p. 295-317), il commence par tenter de faire la différence entre « prodige » et « présage », distinction dont il montre que non seulement elle n’est pas aisée à établir, mais qu’elle est même peu pertinente. Il faut ensuite établir une discrimination entre « prodiges privés » et « prodiges publics » ; celle-ci est plus claire sous la république, alors que par la suite, elle est plus ou moins abolie pour les prodiges concernant le Prince. Si ce qu’on nomme la « procuration », c’est-à-dire la réponse à ces faits par des mesures rituelles, est bien documentée pour les prodiges publics durant l’époque républicaine, R. Loriol démontre que, contrairement à une théorie souvent entendue, elle ne disparaît pas sous l’Empire, même si on en parle moins. Le caractère nouveau du régime et l’extension du territoire romain sont sources cependant de modifications ; certains signes sont réinterprétés de façon positive. La nécessité de décider s’il s’agissait de phénomènes à portée personnelle ou à portée communautaire, de déterminer si le présage était favorable ou non, a dû obliger le pouvoir à se faire informer le plus tôt possible de ces événements qui pouvaient avoir lieu dans des endroits fort éloignés et non plus seulement à Rome. D’un autre côté, les actes religieux qu’accomplissait le public en réponse à ces manifestations divines sous l’empire ont pu être interprétés comme faisant partie de ce qu’on appelle, d’une façon générale, le « culte impérial ». C’est également à cette notion de « culte impérial », expression qu’elle juge dangereuse car confondant plusieurs réalités et gommant les nuances, que s’attaque Emmanuelle Rosso dans « Augustea et Caesarea. Modalités et espaces du “culte impérial” dans les cités de l’Occident romain, d’Auguste aux Sévères » (p. 319-346). Comme il lui était impossible en quelques pages d’offrir une synthèse globale, elle circonscrit son propos au Haut-Empire et aux provinces occidentales latinophones en centrant son étude « sur la topographie des lieux de culte et leurs expressions monumentales » (p. 320). Il en ressort qu’une grande diversité et beaucoup d’ambivalence due à de multiples facteurs que la chercheuse tente de démêler régnaient dans ces pratiques de vénération du Prince et de sa famille. Nicole Belayche, pour sa part, observe « les formes d’intervention et la part d’initiative personnelle du prince à l’intérieur d’un système religieux donné pour traditionnel » (p. 32). Dans « Un empereur (218-222) et un “Jupiter Syrius” sur le Palatin. Un tableau en négatif de normes religieuses romaines », p. 347-366, elle prend l’exemple d’Élagabal, l’avant-dernier empereur de la dynastie sévérienne, qui voulut importer à Rome Héliogabale, le dieu syrien auquel sa famille fournissait traditionnellement des prêtres. Il suscita l’opposition des sénateurs par la manière non conforme à la tradition romaine dont il l’introduisit et le fait qu’il ait voulu lui donner la primauté parmi les divinités protectrices de l’état romain tout en lui conservant sa nature étrangère. « Juifs et chrétiens dans les collectivités de droit romain. Dynamiques juridiques des origines à 235 » termine le recueil, p. 367-396. Anne-Valérie Pont y recense les documents se référant à ces deux communautés et, les étudiant les uns après les autres en suivant l’ordre chronologique, elle met en évidence que ces groupes vivaient plutôt tranquillement durant cette période et participaient normalement à la vie publique. Lorsqu’il y a eu des conflits, les autorités n’en étaient pas les instigatrices, il ne s’agissait de leur part que de réactions. Elle note cependant une différence de traitement, comme l’existence de dérogations pour les juifs alors qu’une mesure d’ordre public avait entraîné la création d’un chef d’accusation de nomen christianum contre les chrétiens, s’expliquant par le fait qu’aux juifs pouvait s’appliquer la latitude que l’administration romaine laissait de pratiquer les religions ancestrales. Cependant, cette coexistence pacifique dépendait parfois d’interprétations ainsi que le montrent les expulsions de juifs de temps à autre ou était à la merci de dénonciations.

Ce livre, né peut-être comme un ouvrage de circonstance en raison du programme d’un concours, se révèle être un ouvrage scientifique à part entière, riche d’une documentation souvent inédite, examinée d’un regard neuf sous l’influence des apports de la recherche de ces dernières années et des renouvellements historiographiques qu’ils ont induits. Il sait introduire des nuances dans les affirmations trop tranchées et met à mal beaucoup d’idées reçues. Il ne rendra pas service qu’aux agrégatifs !

 

Lucienne Deschamps, Université Bordeaux Montaigne, UMR 5607 – Institut Ausonius

Publié dans le fascicule 2 tome 123, 2021, p. 704-708

 

[1]. M.-T. Raepsaet-Charlier, « La place des femmes dans la religion romaine : marginalisation ou complémentarité ? L’apport de la théologie » dans P. Pavon dir., Marginación y mujer en el Imperio romano, Rome 2018, p. 201-222.