200 Years after August Böckh
Le mercredi 21 mars 2018 la Revue des Études Anciennes recevait David Pritchard (chercheur, Institut d’études avancées de Strasbourg) pour une conférence en anglais.
Cette conférence présente le calcul des dépenses publiques de l’Athènes antique. Les festivals, la politique et la guerre constituaient l’essentiel des activités publiques de cette démocratie directe, et le débat fait rage au sujet des sommes exactes qui y étaient engagées. Les historiens ne parviennent pas à s’accorder sur le poste budgétaire principal voté par le dēmos (« peuple ») : les festivals ou la guerre ? Ils s’interrogent sur la manière dont les Athéniens classiques finançaient leur démocratie, un débat qui remonte au premier ouvrage sur les finances publiques d’Athènes.
En effet, en 1817, August Böckh publie sa célèbre critique, dans laquelle il accuse les Athéniens de gaspiller leurs fonds dans des festivals au lieu de renforcer leur armée. Un calcul des dépenses publiques réelles permettrait de régler la question. Böckh ne possédait pas ces données il y a deux siècles, mais aujourd’hui elles nous sont enfin accessibles. Toutefois, cette recherche apporte plus qu’une réponse à un débat vieux de 200 ans : en effet, dans l’Athènes classique, le dēmos contrôlait entièrement les dépenses publiques. C’est l’Assemblée qui donnait son accord à toutes les activités de l’État, et les participants étaient conscients des conséquences financières de leurs décisions. Ils étaient informés du coût des projets qui leur étaient présentés, et avaient une bonne connaissance générale des dépenses de l’État pour ses activités principales.
Par conséquent, ils étaient à même de juger si le budget d’un projet déviait ou non des sommes habituelles. Ce fonctionnement a permis aux Athéniens de changer leurs habitudes de dépenses et par conséquent de favoriser les catégories de leur choix. Par le biais du vote, le dēmos a pu accroître les dépenses dans les domaines perçus comme prioritaires, et les réduire ailleurs. Ainsi, les sommes allouées aux différentes activités publiques ont fini par refléter les priorités fixées par les Athéniens pour leur État. En calculant ces montants, Cette conférence permet d’identifier la priorité absolue du dēmos: religion, démocratie ou guerre ?
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David M. Pritchard est maître de conférences d’histoire grecque à l’Université du Queensland (Australie) et chercheur à l’Institut d’études avancées de l’Université de Strasbourg. David Pritchard est l’auteur de Sport, Democracy and War in Classical Athens (Cambridge University Press, 2013) et de Public Spending and Democracy in Classical Athens (University of Texas Press, 2015). Il a également édité War, Democracy and Culture in Classical Athens (Cambridge University Press: 2010) et coédité Sport and Festival in the Ancient Greek World (Classical Press of Wales, 2003). Il achève actuellement Athenian Democracy at War pour Cambridge University Press.