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L’auteur nous propose un inventaire des baignoires-sabots, en miniature ou non, découvertes à Chypre depuis la fin de l’Âge du Bronze. Exécutées en pierre ou en terre cuite, elles proviennent de contextes variés : sanctuaires, bâtiments administratifs, habitat, tombes, ce qui ne facilite pas l’interprétation de leur fonction. Leur apparition, entre 1400 et 1300, étant antérieure à l’arrivée des supposés « peuples de la mer », vers 1200, rien ne permet de supposer que ces derniers soient intervenus dans la diffusion de cette série, plutôt attribuable à une influence égéenne. L’on soulignera que le caractère mixte des populations chypriotes rend de toutes façons ce type d’exercice d’attribution hasardeux. Sont‑elles associées à des cérémonies de purification rituelles ? L’auteur aurait pu évoquer à cet égard la présence, ultérieurement, des grands vases à l’entrée des sanctuaires du Levant, comme à celle du sanctuaire d’Aphrodite à Amathonte. Les centres de contrôle administratif des productions mettaient-ils en oeuvre de telles pratiques ? Le souvenir en était‑il perpétué lors de l’ensevelissement d’agents du culte, ou autres, en tant que symboles de pureté ? Jouaient-elles même un rôle dans certaines opérations artisanales ? Ces interrogations, l’auteur n’y répond pas, et son enquête sur le monde égéen, notamment sur la Crète, met du reste en évidence la même variété des contextes. Mais il fournit un catalogue exhaustif, une analyse contextuelle, des parallèles susceptibles de nourrir la réflexion du lecteur, ainsi qu’une abondante bibliographie.

Pierre Aupert