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Cette publication est la première partie de la nouvelle version du travail doctoral présentée par J. Tavernier il y a quelques années. L’auteur a listé et discuté tout un ensemble de noms iraniens qu’ils soient classés comme noms propres, géographiques (toponymes, hydronymes et oronymes) ou considérés comme des mots d’emprunt attestés dans des textes non iraniens d’époque achéménide. L’un des intérêts de ce livre est qu’il rassemble les documents en provenance de la totalité de l’empire achéménide, à savoir de l’Égypte à la Bactriane en passant par l’Asie Mineure occidentale. On trouvera donc un corpus composé des inscriptions royales achéménides, de textes administratifs, de décrets, d’inscriptions funéraires, de légendes sur les monnaies, les sceaux, etc. Les noms sont attestés dans des textes écrits en Araméen, Babylonien, Égyptien, Élamite, Lycien, Lydien et Phrygien. Des références à des noms iraniens en langue grecque sont également données.
La période chronologique retenue va des environs de 550 à 330 a.C., date à laquelle Alexandre le Grand entre dans Persépolis. Pour Tavernier, il n’était pas possible de fixer des bornes précises puisque la fin de l’empire achéménide ne fut pas un événement transitionnel immédiat. Les expressions iraniennes anciennes apparaissant dans les textes datés d’avant la période achéménide (e.g. les textes néo-assyriens, néo-babylonien et néo‑élamites) n’ont pas été incluses dans ce corpus, alors que celles utilisées dans des documents datés peu après la chute de l’empire achéménide ont retenu l’attention de l’auteur.
L’ouvrage est constitué de dix grands chapitres : 1- les noms et les emprunts directement issus de l’Iranien ; 2- à moitié transmis de l’Iranien ; 3- les noms propres non iraniens et les emprunts en Vieux-Perse 4- indirectement transmis de l’Iranien ; 5- les incertains (qui ne correspondent à aucune des 4 premières catégories) ; 6- les divinités et les personnages (en partie) de la mythologie attestés dans les noms propres ; 7- liste des noms géographiques attestés dans les noms propres ; 8- glossaire ; 9- liste des éléments onomastiques et des noms dans lesquels ils apparaissent ; 10‑ les indices.
Toutefois, les cinq premiers sont divisés en quatre catégories : a) les noms de divinités ; b) les noms personnels ; c) les noms géographiques ; d) les emprunts. Cette hiérarchisation a l’avantage de permettre une recherche plus aisée. Ce lexique est ensuite constitué de plusieurs listes classées selon l’ordre alphabétique. Elles contiennent des composants iraniens qui sont utilisés pour former les composés étudiés dans ce lexique.
Ce livre est donc destiné d’abord aux linguistes, aux philologues et à tous ceux qui travaillent sur l’onomastique. Il reste que cet ouvrage peut apporter des informations précieuses aux historiens de l’empire achéménide et à tous ceux qui, étudiant l’Asie Mineure, sont amenés à fréquenter cette période ou même la période hellénistique, les noms iraniens continuant d’être employés dans les territoires occidentaux passés sous la direction d’Alexandre d’abord, puis des Diadoques et enfin des rois hellénistiques, sans parler de l’onomastique perse datant de l’époque romaine. En effet, il n’est pas rare d’avoir à discuter dans nos études de certains personnages d’origine iranienne régulièrement évoqués dans les sources littéraires (Pharnabaze, Arsamès, Tissapherne, etc…). Il arrive aussi que les inscriptions grecques fassent référence à des militaires iraniens, ou du moins, appartenant au cercle restreint des officiers des forces achéménides, passant après la conquête macédonienne au service d’Alexandre et de ses lieutenants, en particulier dans les satrapies de Phrygie hellespontique et de Sparda. Des potiers ainsi que des magistrats portant des noms perses sont aussi connus par les timbres amphoriques de Sinope. Ces noms iraniens se retrouvent aussi dans les textes lydiens, phrygiens ainsi que lyciens comme dans la chronique du Pilier inscrit.
Si l’onomastique prend une place importante dans cet ouvrage, le chapitre dédié aux toponymes mérite aussi un intérêt particulier. Plus de 250 noms géographiques d’origine iranienne ont été répertoriés parmi lesquels on peut retrouver des noms grecs, lydiens et lyciens.
Il s’agit donc d’un livre qui apporte de multiples renseignements sur une thématique fort intéressante et qui aura sa place auprès des spécialistes de l’Asie Mineure.

Frédéric Maffre